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10 octobre 2011 1 10 /10 /octobre /2011 13:37

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Quatre heures du matin, USA, 1986. Ca y est. La troisième guerre mondiale est lancée. La frappe préventive des Etats Unit partira d’ici cinquante minutes. La riposte tombera d’ici une heure trente. Les chefs d’états prennent leurs avions, suivis par les subalternes. Quelques autorités tentent encore de garder l’information secrète, mais les fuites civiles commencent à apparaître. Un technicien voulant joindre son père tombe par hasard sur une cabine téléphonique dans un comté voisin. Un quidam décroche. Commence alors la fin du monde, sur Miracle Mile.

L’histoire : Un musicien recontre l’amour de sa vie, mais rate son rendez-vous nocture suite à une panne de courant. Seul dans le café où il avait rendez-vous, il prend alors un mystérieux appel, lui annonçant que le compte à rebours est lancé, et que les premiers missiles partiront d’ici cinquante minutes.

 

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Difficile de faire plus parano comme scénario. L’holocauste nucléaire, comme ça, en un coup de fil. Le film se révèle hautement perturbant pour la spontanéité des réactions de ses protagonistes. On a affaire à une expérience sociologique des plus crédibles, chaque personnage ayant sa propre réaction, et son propre chemin. Tout commence par le déni de la nouvelle, c’est classique. Mais il y a dans le bar une femme dont le copain est en relation avec des hommes de pouvoirs, qui sont actuellement tous en déplacement, à cette heure même, vers l’hémisphère sud. La paranoïa gagne peu à peu les membres du bar, qui se mettent tous à prendre des directions parallèles. Certains se précipitent vers leur voiture pour aller chercher leurs proches, d’autres entassent les biens de première nécessité qui sont sur place dans un camion, et partent en direction de l’aéroport. Chaque personnage est intéressant, et est vecteur d’intégration du spectateur au drame qui est en train d’arriver. La caméra choisit de se focaliser sur le sort du musicien, qui veut à tout prix chercher sa conquête avant de partir. Il abandonne le groupe avant de voler une voiture et de revenir sur ses pas pour chercher la malheureuse. Mais personne n’étant au courant de l’affaire, il se retrouve bientôt en cavale, et tous ceux à qui il explique la situation finiront tôt ou tard par partir de leur côté, désireux de prévenir leurs proches. C’est une perpétuelle bousculade, contagieuse, qui se propage dans la ville, bientôt relayée par les médias, et qui gagne l’Amérique toute entière. C’est en filmant une rue dévastée par la panique que le spectateur prend conscience de la gravité de la situation, aucun missile nucléaire ne s’étant encore abattu sur le pays. La civilisation a déjà foutu le camp avant le moindre Boum. Et si c’était faux. Et si tout n’était au final qu’un banal canular à la H G Wells ? La civilisation, crevant de trouille, s’effondrant d’elle-même sans point de retour, dévastée par les démons qu’elle s’est elle-même créée. Les acteurs sont particulièrement impliqués dans leurs rôles, et le grand nombre de personnages facilite considérablement l’identification du spectateur à un personnage, tôt où tard. L’étude psychologique est assez fine pour faire ressortir nombre de détails comportementaux, d’impressions qui sonnent juste dans un contexte apocalyptique. Malgré quelques facilités (un type devient complètement marteau en une quinzaine de minutes), l’efficacité de la mise en scène, sa démarche presque documentaire et son sérieux inébranlable (pas une once d’ironie, un anéantissement pur et simple des perspectives d’avenirs de nos héros) se concluant par un final inattendu, qui touche, et qui une fois le générique atteint, aura suffisamment secoué son public pour qu’il en parle, voire qu’il s’y prépare. Y a-t-il tant de films qui flanquent une frousse réelle ?

 

6/6 (c’est trop bien noté, mais il me tient vraiment à cœur)

1989
de Steve De Jarnatt
avec Anthony Edwards, Mare Winningham

 

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 12:55

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Eric Valette est un artisan vraiment compétant en France. C’est simple : c’est un des réalisateurs les plus efficaces qui œuvre actuellement dans l’hexagone. Avec un Maléfique mémorable, et un La Proie on ne peut plus convaincant (enterrant de loin le moyen Convoyeur), le réalisateur s’est essayé entre temps au thriller politique avec une affaire d’état. En suivant trois personnages, et donc trois affaires mêlées, le film joue gros, et parvient à remplir son contrat avec brio, prouvant que l’hexagone peut aussi faire de bons films en fonctionnant « à la française ». En utilisant des acteurs comme Dussollier ou Frémont, le projet se pare d’un certain réalisme, qui achève de remporter notre adhésion, le produit final se révélant être un thriller plutôt bien mené, avec quelques pointes d’efficacité bien senties et une intrigue politique à laquelle on croit.

L’histoire : Une cargaison d’arme est abattue au dessus du golfe de Guinée. L’organisateur de l’opération décide de retenter sa chance, en cherchant au préalable la taupe qui a fait capoter l’opération. Une call girl est tuée pendant la recherche, une jeune recrue de la Police mène alors l’enquête.

 

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Le film joue vite au jeu dangereux de la narration morcelée. On s’intéressera vraiment à trois personnages dans ce film. Victor Bornand, conseiller du Président et détaché aux affaires africaines, et organisateur d’un marché avec des rebelles afin de libérer des otages et redorer la côté d’estime du Président. Michel Fernandez, un homme de main efficace, mais dont les méthodes ne vont pas sans dommages collatéraux. Nora Chahyd, jeune recrue des forces de police, venant des banlieues et s’imposant dans son service par ses méthodes plutôt musclées. Trois personnes qui se croiseront, et dont on suivra les parcours avec de nombreux détails. De ces trois personnages, on retiendra surtout celui joué par Dussollier, un homme mûr sûr de son influence, qui semble très à l’aise avec le pouvoir qu’il manipule. Sa psychologie et son caractère illustre avec une justesse glaçante un certain portrait de la Vème république, celle de la magouilleuse à bonne conscience, qui met les formes pour arriver à ses fins. La justesse de l’intrigue se remarquera tout au long de son déroulement, pas particulièrement par sa complexité (au final, les explications sont courtes et l’affaire est claire), mais par son constant jeu de relations. Dès que quelqu’un avance d’un côté, il se heurtera à un autre parti, qui possède lui aussi des relations. D’où quelques retournements de situation en dernière minute qui montre combien les hommes de pouvoir sont glissants comme des anguilles au moment de poursuites judiciaires. L’homme de main (Thierry Frémont) sera l’occasion de nous offrir quelques séquences musclées (la poursuite dans la maison du maitre chanteur, la fuite finale…), uniquement mis à l’écran par sa présence physique. Quant à Nora (la mignonne Rachida Brakni), elle sert surtout à confronter la France « d’en bas » au monde des politiques, rôle qui se trouve au final payant, les implications sentimentales du personnage finissant par payer en s’attirant notre sympathie. Enjeux multiples, musique digne des plus grands westerns, Une affaire d’état est un film sérieux, tourné par un réalisateur compétant et des acteurs impliqués qui à défaut de surprendre nous offrira une affaire intéressante, et développant des enjeux « français » très intéressant. Hautement recommandable par les temps qui courent.

 

4.5/6

 

2008
de Eric Valette
avec André Dussollier, Thierry Frémont

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8 octobre 2011 6 08 /10 /octobre /2011 11:33

http://static1.purepeople.com/articles/7/22/94/7/@/157940-l-affiche-du-film-les-hommes-du-637x0-2.jpg

 

Dans le domaine du thriller politique (genre plutôt délicat que celui-ci, car devant peaufiner son scénario et le gonfler d’un maximum de détails), un classique se distingue parmi d’autres : Les hommes du président. Sortant dans les salles en 1976 (soit deux ans seulement après la démission de Nixon), ce thriller nous permet de replonger au cœur du scandale de Watergate, et de suivre l’enquête de deux journalistes du Washington Post, qui rassemblent les détails et mettent à jour un des plus grands scandales politiques de notre époque. Réaliste, riche en détail et d’une logique parfaite, Les hommes du président est un plaisir qui n’a toujours pas vieilli, restant un thriller passionnant pour ceux que les magouilles politiques intéressent encore.

L’histoire : Bob Woodward est chargé par son patron de faire un article sur l’affaire du cambriolage du bureau démocrate de Watergate. Lors du procès, il relève plusieurs détails qui l’amènent à penser qu’on tente d’étouffer l’affaire. Commence alors l’enquête la plus importante de sa vie.

 

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Inclinons nous d’abord devant les excellentes performances de Robert Redford et Dustin Hoffman, qui incarnent les journalistes avec un réel talent. C’est bien simple : ils ne sont plus acteurs, mais d’authentiques journalistes politiques. On partagera d’ailleurs leur quotidien et nombre de leurs trucs (les tuyaux, les indics, l’art de poser les questions sous un angle semblant innocent, mais qui veut bien dire ce qu’ils essayent d’apprendre). Ce portrait de caractère portera grandement ses fruits, car on s’attache assez vite à nos personnages (précis, concis, ils vont droit au but et arrivent à maintenir notre attention pendant deux heures). Deux tournant autour d’un scandale politique ! Les ambitions sont de taille. Comment ne pas perdre le spectateur dans un dédale de personnalités louches, de coups de fil, de fausses pistes… Comment densifier l’affaire sans perdre notre concentration ? Tout simplement en suivant à plusieurs reprises de grosses pistes qui focalisent notre attention (l’insistance sur l’argent nous permettra de bien saisir les degrés d’implication de plusieurs protagonistes) et qui nous permettent de classer les noms qui reviennent en fonction de leur action dans la machination de Watergate. Le film ira d’ailleurs plus loin, en montrant Watergate comme un faux-pas pour une organisation qui agit depuis quelques temps pour espionner les démocrates. Le scandale politique prend sans cesse de l’ampleur, car impliquant peu à peu de nombreux membres du gouvernement. Habilement décrit, très lisible au vu de la densité des faits, Les hommes du président pourrait presque être un documentaire, mêlant habilement l’enquête de nos journalistes et le suivi du procès de l’affaire. Le film serait tout simplement parfait si la sécurité des héros avait été menacée un peu plus tôt dans le récit (ici, les menaces n’apparaissent qu’à la toute fin, alors que l’enquête est pratiquement finie). On peut regretter une fin un peu expédiée. On comprend la volonté du réalisateur, filmant le télex du journal imprimant avec rapidité les réactions des politiques et leur condamnation, comme autant de dominos qui tombent jusqu’au dernier. Idée louable, mais qui imposent un rythme rapide, alors que le film n’allait pas à une telle allure pendant son enquête. D’où une petite déception, où l’on attendait de voir le sujet clos par quelques images. Sans rancune en tout cas, l’intelligence du bestiau fascinant véritablement pendant toute sa durée. Un boulot méritant.

 

5/6

 

1976
de Alan J. Pakula
avec Dustin Hoffman, Robert Redford

 


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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 14:01

http://www.imagesetmots.fr/images/haute_tension.jpg

 

Deux films ont relancé la production du genre horrorifique en France : Maléfique et Haute Tension. Ce dernier, tourné en 2003 pour une poignée de figues, se révèle être tout simplement le thriller français le plus efficace de l’histoire du pays. Pourtant, les ingrédients qu’il propose sont bien modestes : deux amies, une famille, une maison isolée, un tueur. Rien de plus banal, et pourtant, le récit parvient à tenir en haleine, sans qu’on desserre la mâchoire pendant près d’une heure vingt. A quel phénomène est dû ce petit miracle, qu’on n’attendait plus sous nos latitudes, et surtout pas venant d’un réalisateur « novice » comme Alexandre Aja (son premier film était Furya, pas vraiment de quoi fouetter un chat enragé malgré un ressenti des pays nord africains assez touchant).

L’histoire : Marie et Alex partent le temps d’un weekend réviser leur droit à la campagne. Mais un tueur sanglant qui sévit dans la région s’attaque bientôt à elles.

 

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Concis, clair et précis. On sait à quoi s’attendre en regardant le film d’Aja, mais on ne s’attendait pas à avoir un rythme de malade dans l’enchaînement des faits. Présentation des personnages : 7 minutes. Il en faut une pour définir le tueur, qui acquiert une solide réputation en à peine quelques secondes. Pour la suite, les évènements s’enchainent dans une mécanique implacable, et un sens du suspense qui cloue littéralement au fauteuil. Une efficacité pareille ne s’est tout simplement JAMAIS vue dans un film de cette catégorie. La musique d’ambiance de François Eudes (qui offre ses services à nombre de petits films sympathiques) y est pour beaucoup (l’ambiance tendue est parfaitement retranscrite par des sons électroniques bien espacés et parfait pour retranscrire les situations. L’efficacité vient aussi de l’usage de la violence, aussi sèche que brutale. Pas question de se laisser surprendre par le tueur, ce dernier ne faisant jamais dans la dentelle. Chaque mise à mort sera ponctuée d’un effet gore bien sale, qui dramatisé par un contexte ultra énervé, impressionne et fait grimper le stress d’un cran. Aja s’arrange pour ne jamais laisser de temps morts dans son récit, en faisant constamment bouger ses différents personnages. Et quand il n’y a plus personne à équarrir, on délocalise l’intrigue à un simple véhicule (le camion du tueur) puis à une station service et une route de campagne (en rajoutant les dommages collatéraux que ces situations peuvent impliquer). Ne mollissant pas mais faisant tout pour retarder le face à face final, Aja prend un plaisir non dissimulé à métamorphoser Cécile de France en une tueuse bourrine, dont le cri de rage éclipsera bon nombre de ses concurrents en termes d’intensité. Jusqu’à cette étape le film fonctionnait du tonnerre du diable. Mais quelques défauts pointent dans cette mécanique semblant bien huilée, mais laissant transparaître quelques raccourcis gênants. En effet, l’ultime rebondissement du film, qui fait aussi toute sa spécificité, pose quelques problèmes de cohérences. Sans spoiler quoi que ce soit, on se demande après coup d’où peut venir le camion du tueur, ce dernier arrivant avec son conducteur pendant la nuit alors que nos héroïnes sont arrivées manifestement ensembles dans la même voiture. Un rebondissement osé, bancal, mais qui sur le coup fonctionne, nous cueille et relance l’action là où on ne l’attendait plus. Avec sa fin légèrement roublarde, mais aussi une efficacité sans pareille, Haute tension était tout simplement le plus bel espoir du cinéma français en matière d’horreur. Aja a depuis confirmé sa réputation en passant à l’internationale et en nous livrant le meilleur remake de la décennie 2000 (La colline a des yeux). Quant aux autres réalisateurs, ils tentent de rivaliser (captifs), souvent en pure perte (Frontière(s)), mais néanmoins conscients que la réussite est à portée. En attendant, meilleur thriller jamais fait en France, point barre.

 

5/6

 

2003
de Alexandre Aja
avec Cécile de France, Maïwenn

 

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 06:49

http://www.hollyweb.org/affiche/1991/07/9825.jpg

 

Les adaptations de Stephen King abondent, mais peu ont été relativement faites à bon escient, dépendant beaucoup des objectifs de leur réalisateur. Et assez étonnamment, Rob Reiner est un de ceux qui s’en tirent le mieux dans les adaptations de deux romans de Stephen King : Misery et Dolores Claibornes, et cela avec des budgets modestes. Pour Misery, Rob mise sur des acteurs compétents et utilise le canada comme toile de fond pour ce thriller intimiste et malsain, en aseptisant toutefois la violence dont King pouvait faire preuve. A la découverte d’un bijou du genre !

L’histoire : Paul Sheldon, écrivain d’une série de livre, prends la route en ignorant qu’une tempête de neige se prépare. Il a un accident et est secouru par Annie Wilkes, ancienne infirmière, qui l’emmène chez elle et le soigne. Mais cette femme est aussi sa plus grande admiratrice, et réagit assez mal à la fin de son dernier roman.

 

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Tout d’abord, on notera le duo d’acteur qui crève l’écran : James Caan/Kathy Bathes, qui remplit plutôt bien le film. Si l’interprétation de Paul est parfois un peu trop classique (aucune folie dans le personnage), Annie Wilkes est tout simplement mémorable, et continuera de nous hanter bien après la fin du film, faisant véritablement éclater le potentiel d’actrice monstrueux de Kathy Bathes (vraiment une des actrices les plus douées que j’ai pu voir dans ma vie). Graduant sa folie avec ce qu’il faut de retenue et d’impulsivité, c’est un dragon femelle particulièrement effrayant, le film étant plutôt fidèle au matériau d’origine, à la fois sur le tableau du thriller et de la psychologie. En effet, Annie Wilkes a une vision de l’œuvre de son auteur, et elle entend bien continuer à la voir dans ses prochaines productions. Ainsi, en le forçant d’abord à détruire son dernier manuscrit non publié et à reprendre une saga qu’il a finit par détester, Annie fait effectuer une cure de style et d’inspiration à son auteur, en le forçant à relever un challenge plutôt ambitieux dont l’enjeu est sa pure survie. Il doit donner le meilleur de lui-même pour espérer avoir une chance de s’en tirer. Sur ce postulat simple, que King exploitait à merveille, Rob parvient assez bien à en retirer l’esprit pervers, l’épilogue du film apportant la conclusion attendue à cette histoire tragique, mais pas gratuite car laissant des traces indéniables à l’auteur. Mais si le film développe un sous-texte sur le lien fan-auteur et sur l’auteur et sa création, il reste avant tout un thriller très bien construit qui joue sur l’isolation de l’individu (incapable de se déplacer seul ou avec peine) et la folie peu à peu découverte (la séquence du livre de souvenirs). Cependant, le film fait attention à toujours rester modeste, et évite de s’aventurer dans les excès gores que se permettait King. Au lieu de l’amputer d’un pied à la hache et de cautériser au chalumeau, Paul verra ses chevilles broyées à la masse (scène tout de même impressionnante), et le flic simplement abattu au fusil là où il passait sous la tondeuse à gazon. Cependant, l’intensité graphique n’en est pas gâchée. Le film reste parfaitement fonctionnel en l’état, et peut ainsi élargir son public en limitant ses débordements de violence. Ainsi, même si l’acte final reste particulièrement violent, le jouissif qui s’en dégage renforcé par la tension du récit rend le spectacle vraiment stimulant, déclenchant souvent des réactions explicites chez le public en face de l’évènement. Simple, efficace et concis, Misery est une petite merveille d’adaptation et un thriller parfaitement exécuté qui a valu à Kathy quelques prix d’interprétation féminine. Elle valait au moins ça ! Une date dans mon initiation cinématographique.

 

5/6

 

de Rob Reiner
avec James Caan, Kathy Bates

 

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"C'est pour ton bien, Paul... A la une, à la deux..."

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 06:49

http://margzai.m.a.pic.centerblog.net/qocic1ag.jpg

 

Bill Paxton est un acteur qui a connu son heure de gloire au cours des années 80 et 90, mais qui s’est fait un peu oublié depuis. Une injustice, tant cet acteur pouvait se révéler juste dans « Un plan simple » de Sam Raimi. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de se rappeler à nos mémoires avec un thriller mystique intéressant : Emprise. Relativement peu sanglant, le film se concentre avant tout sur son atmosphère, tenant déjà de bons arguments pour nous inciter à le regarder en entier.

L’histoire : deux jeunes enfants vivent avec leur veuf de père dans une petite ville des Etats Units. Ils vivent une vie merveilleuse jusqu’à ce qu’une nuit, leur père vienne dans leur chambre et leur explique que Dieu les a choisi pour exterminer des démons cachés dans la population.

 

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Certes, ce n’est pas tout à fait comme ça que commence le film (en fait, c’est l’un des fils qui après le suicide de son autre frère va parler à l’agent du FBI chargé de l’enquête sur le tueur en série La main de Dieu). Mais l’histoire décolle vraiment à partir de l’évocation des souvenirs d’enfance. N effet, Bill Paxton, pour un premier long métrage, joue constamment  sur une chose : l’ambigüité. En effet, le père n’a jamais de révélation en face de nous. A vrai dire, la seule révélation à laquelle nous avons droit ressemble fort à une hallucination, tant elle surgit de manière incongrue (l’homme réparant une voiture voit le moteur se changer en cathédrale dans laquelle descend un ange exterminateur). Ce qui est profondément dérangeant, c’est que le père est toujours persuadé de sa bonne foie, et qu’il n’a absolument aucune idée de comment les choses vont évoluer. Ca commence notamment avec les « armes sacrées » permettant de capturer les Démons, que le père trouve ça et là, au gré d’un rayon de soleil prenant une pause iconique. En cela, Paxton manie l’art de la suggestion avec une finesse notable qu’on n’a plus l’habitude de voir de nos jours. Il continue à développer son histoire, le père commençant à écrire des listes de noms dictés par Dieu et à les chercher dans l’annuaire. Il est assez intéressant de noter la subtilité de la folie, le père réprimandant le cadet qui prétend avoir reçu aussi une liste alors qu’il l’a sciemment écrite pour éliminer des personnes qu’il n’aime pas. La situation semble se stabiliser jusqu’à ce que le père ramène un premier civil chez lui un soir, avec la ferme intention de vérifier les dires de Dieu. Et après son expertise contestable (il place la main sur le front de la victime et a une sorte de transe sur une musique « divine »), il exécute le dessein divin sans faiblir. L’engrenage commence à se lancer, le père recevant de plus en plus de noms, il commence à faire participer ses fils à sa mission. C’est clairement la partie du thriller qui se révèle la plus réussie, le fils aîné pensant que son père est fou alors que le cadet soutient infailliblement ce dernier. Une tension familiale qui est un peu plus tendue à chaque nouvelle exécution, et dont on commence à redouter l’issue. Certes, le film est un peu long, et toute la partie où le père punit son fils pour avoir perdu la Foi peut sembler un peu ennuyeux, car gelant simplement l’histoire par quelques minutes de détention. Mais c’est un segment mineur au vu du dénouement et du rebondissement final (concernant les deux frères), qui ont assez de potentiel pour rehausser le goût final de ce spectacle inhabituel. Malheureusement, cette fin ne satisfera pas tout le monde, car elle reste assez osée et engagée sur un terrain où chacun a ses opinions. Il n’empêche que Bill Paxton nous livre un travail plutôt abouti, pas exempt de défauts, mais radicalement éloigné des thrillers tapageurs de notre décennie précédente. Un vent frais de classicisme, pourquoi pas ?

 

4.5/6

 

de Bill Paxton
avec Bill Paxton, Matthew McConaughey

 

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 06:52

http://www.horreur.net/img/trauma1993aff.jpg

 

Trauma est une perle de plus à ajouter au collier filmographique d’Argento. Cependant, si certaines perles brillaient de mille feux, celle-ci est beaucoup plus terne, et cela à plusieurs niveau. En effet, si il est incontestable qu’on retrouve les mêmes obsessions d’Argento dans ce film, il déçoit sur certains domaines, que nous allons explorer tout de suite.

L’histoire : Aura Petruscu, une jeune fille de 16 ans perturbée et anorexique, s’évade de l’hôpital où elle était retenue, mais finit par être reconduite chez ses parents. Ceux-ci sont alors tués par un mystérieux personnage aux gants de cuir adepte de la décapitation.

 

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Autant annoncer la couleur tout de suite, j’ai été déçu à plusieurs niveaux par ce film, où Argento commence un peu à se répéter. L’héroïne, dans le personnage joué par Asia Argento, est la parfaite incarnation de la jeune fille seule et sans défense qui devra affronter le tueur. Elle sera aussi accompagnée par un jeune à peine plus vieux qu’elle, qui l’escortera et lui apportera ses conseils pour résoudre ce mystère. Enfin, l’assassin cadre lui aussi parfaitement avec l’esthétique d’Argento, avec ses gants en cuir et son arme originale (filmée avec un plaisir fétichiste non dissimulé), qui ne manque pas d’impact lors des scènes de meurtres. Ce qui m’a en revanche un peu plus déçu, c’est la mise en scène. Très peu de tentatives de virtuosité, le tout se révèle plus, d’un point de vue formel, à du plan-contreplan pendant une grande partie du film, qui isole un peu trop ses moments de bravoure. On se souviendra surtout d’Aura perdue dans la forêt qui verra l’assassin brandir les deux têtes de ses parents sous la pluie (la scène est parfaitement réussie) et le face à face final, où l’explication du mystère nous est donnée (et qui peut sembler convaincante au niveau du registre émotionnel). Le reste manque de relief, en particulier parce qu’Argento multiplie les dialogues et s’intéresse à la psychologie de son héroïne, qui s’attache à son jeune tourtereau et qui ne supporte pas de le voir s’ébattre avec d’autres filles. Certes, c’était intéressant sur le papier, mais dans le film, ça m’a semblé un peu décousu et simpliste (car Argento est avant tout pour moi un réalisateur qui fonctionne sur le visuel, sur des concepts de suspense qui font frémir), Argento tentant ici de brosser un portrait psychologique de sa victime, en manquant trop de finesse sur un sujet aussi délicat. Autre scène un peu ratée, cette séquence de spiritisme, où les acteurs cabotinent trop pour être honnête, et où la révélation finale, livrée par une voix de baryton, prête presque plus à sourire pour sa naïveté qu’à stresser par la relance de suspense. Il est rare que je fasse ma fine bouche avec Argento, mais là, ça devient un peu gros. On n’est pas dans du Fulci non plus. La modestie de la mise en scène constitue le principal problème du film, et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer de nous faire stresser avec cette histoire parallèle de gamin vivant à côté de chez l’assassin. Malheureusement, l’assassin verra un peu son image être écornée par un meurtre dans une chambre d’hôtel, où la victime décapitée aura la force de dire encore quelques mots avant de claquer (sans poumons, je me demande comment elle fait). En bref, sans se faire chier quand même, l’œuvre ne se révèlera jamais marquante autrement que par son début et sa fin, ce qui est un peu dommage quand on voit les ambiances qu’avait su créer Argento dans un Suspiria. Décevant, mais pas encore les bouses alimentaires des années 2000.

 

3/6

 

de Dario Argento
avec Christopher Rydell, Asia Argento

 

http://www.ivid.it/fotogallery/imagesearch/images/trauma_asia_argento_dario_argento_008_jpg_fxxi.jpg

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5 juillet 2011 2 05 /07 /juillet /2011 06:32

http://cine-pizza.fr/img/visuels-films/opera_943.jpg

 

Dario Argento, réalisateur mythique tombé en disgrâce maintenant qu’il tourne des commandes sans l’âme de ses anciennes productions (pour un Jenifer convaincant, combien de Card player, de Giallo…). Ceci n’efface heureusement pas cela : ses anciennes productions restent des petits chefs d’œuvres du genre. Et on s’attaque tout de suite à l’une des plus belles pièces de sa collection : Opera. Un sommet du thriller giallesque, paré d’une esthétique baroque et d’une mise en scène époustouflante, qui multiplie les moments de virtuosités pour nous livrer un spectacle qui demeurera l’une de ses meilleures productions.

Betty, une chanteuse d’Opera, se voit attribuée le rôle phare de la pièce MacBeth suite à l’accident de la vedette locale. Mais très vite, un mystérieux fan la harcèle et commet plusieurs meurtres avec les hommes proches de la demoiselle.

 

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On notera immédiatement la facture prestigieuse du film de Dario, qui utilise ici magnifiquement ses lieux, et qui filme avec une fluidité remarquable, nous gratifiant en cours de film d’un nombre assez important de plans séquences parfaitement cadrés, qui ont le mérite de créer une ambiance intéressante au milieu de tous ces décors baroques. Le style est indéniablement chargé, comme le confirment les pièces des scènes de meurtres, qui contiennent toutes des décorations anciennes, et en quantité. Nouvelle atmosphère explorée dans le giallo, le meurtrier tue ici indistinctement hommes et femmes. Il ne le fait cependant pas dans le désordre, puisque chacune des victimes, hormis le projectionniste du début était une personne chère aux yeux de Betty, ou sera tuée carrément sous ses yeux sans qu’elle puisse s’empêcher de regarder. Car dans Opera, Argento met en scène ses meurtres les plus pervers, la victime féminine étant obligée de garder les paupières ouvertes pour ne pas se les faire déchirer. Ce qui rend dès lors le calvaire des assassinats insupportable pour elle, d’autant plus que celles-ci gagnent en intensité dans le gore (d’abord une simple gorge percée, puis un poignarda gé au ciseaux avant une ouverture du sternum, Dario n’y va pas de main morte). En fait, le petit souci du film pendant sa plus grande partie, ce sont surtout les dialogues, qui ralentissent un peu l’histoire et qui font jouer les acteurs théâtralement, ce qui est parfaitement dans le ton du giallo, mais qui a mal vieilli avec le temps. On voit aussi venir le coup des oiseaux, joli hommage à Hitchcock, ici parfaitement assimilé par l’histoire de Dario qui se plaît à filmer ses piafs et à en faire la clef de l’énigme. Etant dans le giallo, il vaut mieux dès lors se laisser porter par l’histoire, la moindre tentative sérieuse d’analyse des situations ne tenant pas très longtemps (pourquoi balancer les piafs en plein milieu du spectacle, ruinant ainsi complètement une soirée ?). Ce sont les ambiances qui prédominent, et certaines sont d’une redoutable efficacité. Par exemple, cette séquence dans l’appartement, où l’amie de Betty arrive en disant qu’un flic monte alors que celui-ci est déjà dans l’appartement est une merveille de suspense, le danger pouvant être aussi présent à l’intérieur qu’enfermé dehors… On a droit alors à 10 minutes de pure flippe, magnifiées par des éclairages totalement surréalistes qui donnent au film une saveur incomparable, et qui trouvera son dénouement dans un conduit d’aération. Concernant les personnages, ils rappellent eux aussi les ambiances plutôt froides du film. Betty est une frigide notable, que le meurtrier essaye désespérément d’exciter en lui offrant la Mort comme stimulant (les explications seront données au cours d’un face à face final classique, qui rappellera un certain dénouement d’un livre de Thomas Harris). Quant au metteur en scène (avec une coupe de Bruce Willis), il prend tout avec froideur, et se révèle très ambigu tout au long du film. Bref, c’est un spectacle qui en impose, qui se révèle diaboliquement efficace lors de ses séquences de meurtres et qui demeure une œuvre à l’ambiance très réussie. 3ème de mon classement Argento.

 

5/6

 

de Dario Argento
avec Ian Charleson, Daria Nicolodi

 

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 17:53

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http://pierre.aubry.free.fr/affiches/grandes/hannibal.jpg

 

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Tout le monde connaît le docteur Hannibal Lecter, un personnage réellement fascinant, qui a terrifié les masses dans sa première apparition au cinéma : le mythique Silence des agneaux. L’innovation se sent particulièrement dans la mise en scène des échanges Clarisse-Hannibal, poussant la « complicité » de ces deux êtres antagonistes jusqu’à une dernière entrevue vraiment touchante. Le personnage du docteur affole le public, le met face à une menace imprévisible et ordonnée, dont le raffinement et les critères élevés lui attirent immédiatement le respect, et très vite la déférence, car les hommes aiment suivre les gens intelligents. Ce charisme, le docteur Lecter le décuplera dans Hannibal, le film le plus bancal et, subjectivement, le plus réussi de la saga, magnifié par la mise en scène de qualité de Ridley Scott et par un Anthony Hopkins particulièrement investi dans son personnage. Après une telle perfection, rien de tel qu’un Brett Ratner pour calmer le jeu. Cependant, si on se fout totalement de Will Graham et que le docteur Lecter fait office de guest star, La psychologie du tueur Francis Dolarhyde interpelle, de même que son suivi affectif (lui ayant un complexe avec les yeux, qui se rapproche d’une aveugle). D’énormes fautes viennent maculer le bestiau, mais il reste un polar hard core regardable. Enfin, les origines d’Hannibal ont été légèrement bâclées, la beauté formelle du film ne pouvant racheter la frustrante simplicité de l’histoire qui nous est contée (comment un être aussi précis qu’Hannibal a-t-il pu avoir un parcours aussi manichéen ?). Décevant mais chiadé, cette conclusion déçoit, mais reste le premier film faisant d’Hannibal son personnage principal. La franchise qui a popularisé le psycho-killer enfin mise à nue, dans un article signé docteur Chilton.

 

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Le Silence des Agneaux : Un gros polar qu’on a un peu trop transcendé à mon goût (la violence est bien plus suggérée qu’explicite), mais dont l’immense popularité a beaucoup apporté à la carrière des deux acteurs principaux : Jodie Foster et Anthony Hopkins. On nous plonge d’abord dans la classique histoire de Serial Killer glauque, dont les seules manifestations qu’on nous laissera voir seront quelques photographies et un cadavre cadré en trop gros plan ou de loin avec des personnes devant. Seven me semble bien plus impressionnant, alors qu’il est côté à une limite d’âge inférieure, et tout cela parce qu’on a de la psychologie dans ce film. Ouh là, subversif ! Et bien pas tant que ça, la référence morale de Clarisse étant conservée pendant tout le film. Si celle du psychopathe aux papillons est certes troublante (la danse devant le miroir), elle n’est d’aucune ambigüité. Psychologiquement, le film est beaucoup moins agressif qu’on le supposait, la déviance psychologiques étant ici vulgarisée, décortiquée, étudiée pendant tout le long métrage. La piste est certes entretenu avec des détails qui marquent les esprits (les papillons principalement), mais elle n’est jamais très éloignée des formules classiques (le dernier acte étant surtout un mécanisme visant à faire uniquement grimper l’adrénaline (ce qui fonctionne, au cours d’une séquence gadget mais tétanisante dans le noir total). Ce qui a surtout attiré mon attention (comme beaucoup de monde), c’est la relation Hannibal-Clarisse, sorte de petit jeu psychologique où Clarisse livre des détails de son passé en échange des précieuses informations du docteur Lecter (le personnage nous impressionne d’ailleurs tellement qu’on en oublie de réfléchir sur ses observations, qui sont d’une pertinence assez incroyable). Pas un jeu très dangereux, aucune corruption d’esprit n’étant possible au travers de la vitre de plexiglas. Il faut avant tout s’attirer la confiance du docteur pour pouvoir dialoguer avec lui. Et c’est là qu’on observe la qualité du jeu des acteurs. Hannibal est proche du cabotinage avec ses haussements de sourcils, son air prédateur et ses rictus mordants, tandis que Clarisse essaye toujours de garder une façade digne malgré ls confessions qu’elle fait. C’est cette franchise qui s’installe peu à peu qui fascine, le spectateur ayant enfin l’impression de découvrir « dans le fond » les personnages qu’il suit, et d’avoir des détails sur leur existence. Je ne vois pas tant de liens entre l’Agneau et la fille du sénateur, mais je vois l’importance de cet évènement dans ce qu’a vécu Clarisse Starling. Et Hannibal aussi le voit, et il s’attache à cette figure de pureté malmenée par une existence difficile (la pauvreté…). Ce dernier face à face, ce doigt effleurant l’index de Clarisse, les relents sentimentaux de cette scène transcendent, on est nous aussi sous le charme. On remet certes les pendules à l’heure sur la nature du docteur avec sa spectaculaire évasion, en nous montrant bien qu’il n’a rien perdu de l’époque où il s’organisait ses dîners personnalisés. Car il y a ça aussi dans la popularité d’Hannibal : Il a goûté au fruit interdit. A la chair de son prochain avec le tact d’un gourmet. Un acte monstrueux magnifié par un raffinement admirable. C’est ce télescopage morbide flamboyant, cette aura prédatrice et expérimentée qui fascine, Hannibal touchant à quelque chose de bien plus tabou et bien plus original que l’inceste où autres complexes auxquels le quotidien nous a tristement habitué. Hannibal, c’est Leatherface à la cour de France, le psychopathe dont la violence ravageuse prend parfois des tournures artistiques soignées (la scène de l’ange), et qui fait preuve d’un discernement sans faille. Une icône est née.

 

5/6

 

de Jonathan Demme
avec Anthony Hopkins, Jodie Foster

 

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Hannibal : L’émotion m’étreint, ce film étant certainement mon préféré dans toute ma collection, tant l’apport a été grand pour mes attentes, mes goûts et en partie ma mâturité intellectuelle (il a été le déclencheur de mon intérêt pour la psychologie et m’a permis de mieux analyser mon entourage pour apprendre à influer dessus. Trêve de blabla, les faits. Clarisse est dans de beaux draps suite à une affaire de stup qui a mal tournée. Sa réputation étant ruinée par la presse, elle est forcée de reprendre le dossier Lecter, en standby depuis son évasion au cours de son transfert. Alors qu’elle remue le passé en Amérique, un inspecteur italien, Pazzi, retrouve la piste du docteur à Florence.

Une merveille. Une pure merveille. Ridley Scott a l’immense talent de savoir soigner sa mise en scène, et il nous offre un véritable délice visuel, épaulé par une musique somptueuse (c’est Hans Zimmer, avec cette bande originale, qui m’a redonné goût à la musique classique). Chaque personnage est posé, campé par un acteur de talent, et chacun interprète son personnage avec une réelle implication. Ray Lliota est tout simplement incroyable en salopard fini, parvenant à nous faire détester son personnage avec une hargne qu’on a rarement éprouvé au cours d’un film. Giancarlo Giannini est lui aussi merveilleux en agent vendu qui ira sacrifier un malfrat sans importance pour servir son appât du gain, avant de s’en laver les mains tel Ponce Pilate. La force des images qui le caractérisent, et la comparaison ambitieuse avec Juda achèvent de lui donner un rôle tragique et une sortie aussi gore qu’appropriée, la morale étant à ce stade de l’histoire exclue. Clarisse Starling, campée par une Julianne Moore vraiment touchante et à l’aise dans la peau du personnage (quoiqu’un peu plus détendue que Jodie Foster), est parfaitement à l’aise sur le terrain, et parvient vraiment à faire revivre le personnage de Clarisse Starling, et à retrouver l’émotion que le personnage ressentait dans l’œuvre de Thomas Harris. Bien qu’elle reste assez sobre durant toute la durée de l’enquête (jeu sobre devant Mason Verger, sang froid durant l’enlèvement de Lecter…), c’est LA présence féminine du film, dans sa dignité et dans ce qu’elle a de plus romantique, la belle ayant toutes les raisons de se méfier d’Hannibal, bien qu’irrésistiblement attirée par ce dernier, autant par devoir que par sentiments (ses regards lors des écoutes des échanges avec Hannibal, aménagés pour l’occasion, ne trompent pas). On regrette simplement cette frigidité finale, ce désir contenu par le devoir, mais nous y reviendrons. Son personnage, d’une grâce admirable en dernier acte, a tout de la présence féminine désirable, aussi sensible que dangereuse.

On en arrive enfin à Hannibal, qui crève tout simplement l’écran. La perfection du jeu d’Hopkins n’ayant besoin que de peu de commentaires pour être loué (ses intonations, ses mimiques, ses actions, rien n’est sans conséquences, tout est maîtrisé ou semble maîtrisé jusqu’au moindre détail, Hopkins est devenu Hannibal pendant 2 heures sans la moindre imperfection), j’en profite pour disserter plus longuement sur le personnage d’Hannibal, qui a beaucoup évolué. En effet, il passe du statut de freak intelligent à celui de freak magnifique. Hannibal devient avec ce film le père spirituel de tous les freaks, l’emblème de la réussite des freaks. Hannibal est charismatique, il impose le respect, fait preuve des meilleurs goûts possibles, et il est lui-même un freak (et pas un des moindres). Mais il assume pleinement son statut et parvient à le transcender, brillant en société et faisant éclater sa monstruosité à chaque moment opportun. Par lui, c’est une génération d’incompris qui le prend comme référent, car il représente la véritable réussite du freak en société, moral ou pas. C’est dire combien la fin du film déçoit. En effet, le livre transcendait la victoire d’Hannibal, lui offrant enfin l’amour qu’il méritait sur un ton de romance douce amère qui touchait véritablement le lecteur. Ici, Ridley a été tiraillé entre les freaks et la société et il a cédé à la facilité (et c’est pour ça que beaucoup rejettent le film). Mais malgré cette trahison, cette fin reste travaillée, dans la lignée complète du film, et à défaut de nous offrir l’amour que nous espérions, le docteur, mutilé, reste valide, et continue d’agir comme un freak (le test culinaire final, ultime clin d’œil aux fans). On lui refuse l’amour, mais on ne lui refuse pas l’aura tragique qu’il méritait largement en compensation. Et ne nous plaignons pas, notre docteur est resté en forme avec quelques scènes gore du meilleur cru, dont une incroyable leçon de cuisine magnifiquement mise en scène dans le dernier acte, qui donnera vraiment un aperçu du savoir faire du docteur, imprimant nos rétines pour le restant de nos jours. Sincèrement, Hannibal est un film magnifique, un hommage au giallo italien comme nous l’adorons, vilipendé pour sa fin décevante ou sa violence amorale, destiné à partager les spectateurs, mais d’une telle perfection artistique que les larmes m’en viendraient presque aux yeux. Le coup de foudre cinéphile, jamais rompu depuis ma découverte en 2006.

 

19/6 (et pas 20 à cause de cette fin décevante)

 

de Ridley Scott
avec Anthony Hopkins, Julianne Moore

 

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Dragon rouge : Après le coup de foudre avec Hannibal, c’est peu dire si je me suis efforcé de rechercher les suites et précelles de tout ce qui pouvait se rattacher au mythe. Les livres trônent dans mes étagères, et je trouvai sans peine l’adaptation de Dragon Rouge de Brett Ratner. Mais hélas, passé une introduction classieuse bien qu’un peu prétentieuse (les sous entendus lourdingues d’Hannibal prennent des proportions pachidermiques de J’me la pète, mais ils réussissent à faire renaître la joie de retrouver le personnage). Cependant, Will Graham vient vite perturber les choses, et il s’attire immédiatement notre antipathie, en tirant sur notre personnage et en passant du coup pour un héros. C’était là le piège de la précelle, et Brett est tombé en plein dedans : on s’était attaché à Hannibal, alors que dans la logique littéraire, il est seulement un prisonnier susceptible d’aider les flics, dans le premier livre de la trilogie. Résultat : Hannibal est un gadget, une sorte de guest star que Brett essaye de maintenir le plus possible à l’écran (la scène du dîner en cellule, à part faire enrager Chilton, ne sert vraiment à rien). Ce qui explique la réputation calamiteuse que se traîne le film, pourtant loin d’être un foirage total. Si le casting Edward Norton / Harvey Keitel fait indéniablement penser à un coup commercial (du psycho killer avec des stars internationales, ça pue le film de casting, qui n'assurera jamais plus que le minimum contrairement au film de Scott) et n’assurera que le minimum de ce côté-là (Will Graham roule carrément des mécaniques devant Hannibal et a clairement l’air de prendre l’avantage dans les conversations, choses qui n’arrivait jamais dans le bouquin). C’est en revanche l’interprétation de Ralph Fiennes pour jouer La Mâchoire qui marque vraiment le film, pour ne pas dire qui le fait. Il n’y a que ce personnage qui intéresse, nous rappelant vaguement un sentiment de Norman Bates (influence encore plus présente dans le livre, le comportement schizophrène du personnage étant bien mis en avant), en affichant une façade beaucoup plus renfermée. Sa personnalité, et les changements occasionnés par l’histoire d’amour avec Verra est alors plutôt touchante (un freak qui s’essaye lui aussi à l’amour en mettant en standby ses instincts cruels, c’est quand même intéressant), là aussi très aidée par la musique virtuose de Danny Elfman (une magnifique partition). Son mode de fonctionnement là aussi porté sur le détail fascine pour la symbolique très inspirée de tableaux, certains passages de l’histoire virant sur de l’interprétation artistique de premier ordre. Malgré cet excellent point, on n’omettra pas de pointer plusieurs défauts. Comme par exemple cet épisode du papier toilette, joué en mode suspense course contre la montre. Ou cette apparition du tatouage pensé pour être impressionnant, qui a seulement réussi à me faire éclater de rire. Comme quoi, même les mises en scène soignées peuvent être ridicules. L’heure n’est pas à la victoire des freaks, elle est à leur exécution sommaire, le dernier acte se révélant bien trop propre pour prétendre à autre chose qu’une conclusion à suspense. Bref, la saga est sur la mauvaise pente, et ce n’est pas un clin d’œil appuyé à un excellent polar qui va rehausser la qualité globale. Une moyenne due en bonne partie à l’incroyable performance de Fiennes, mais sinon, ça ne vaut pas un clou.

 

3/6

 

de Brett Ratner
avec Edward Norton, Anthony Hopkins

 

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Les origines du Mal : Premier film fondé exclusivement sur le personnage d’Hannibal Lecter, tourné sur le modèle d’un script adapté par Thomas Harris en personne, ce qui augurait du meilleur pour la série. Mais voilà : on n’est jamais vraiment convaincu, cette genèse ne parvenant pas à surprendre, à insuffler le caractère et l’imprévisibilité du personnage. Pour le self-contrôle, le raffinement et l’esprit vif, on lorgne du côté des canons asiatiques (waow, beau cliché !) avec une tante japonaise installée en France, l’oncle étant décédé il y a de ça deux ans (une grosse erreur de la part de Thomas Harris, cette figure paternelle de remplacement jouant un rôle assez important dans la gestion de la colère d’Hannibal, tout du moins dans le livre). Hannibal fait donc ses premières armes à la campagne en sacrifiant un boucher collabo au fil de la lame du katana familial. La scène, joliment éclairée et graphiquement chiadée, impressionne pour son visuel, mais n’implique pas vraiment sentimentalement le spectateur (action lointaine…). Après cette première fois bien décevante, Hannibal étudie la médecine à Paris, avant de s’intéresser à son passé et à ses traumatismes (il dort mal la nuit, et au cours d’un rêve, il se rappelle enfin son passé : sa famille décimée, lui et sa sœur Misha survivant dans une chaumière, des soldats arrivant, les faisant prisonniers, avant de becter sa frangine pour faire face à la famine). La folie d’Hannibal, basée sur un traumatisme aussi manichéen et brutal que ça… La psychologie est clairement réduite à son minimum ici, les concepts semblant faire office de couverture évitant de donner trop de détails, trop de complexité à l’histoire. Hannibal est ici manichéen, et s’en va châtier les assassins de sa sœur tel un héros des années 80, sauf qu’il les bouffe. Cette pseudo-morale finit par agacer, tant le script semble dédouaner Hannibal de tout choix moral purement mauvais. Le script s’aventure d’ailleurs sur une piste qui aurait pu se révéler prometteuse (une relation incestueuse avec la tante solitaire), mais qui ne débouchera au final sur rien du tout (on a juste coché la case « érotisme soft asiatique » sur le cahier des charges). Les méchants manichéens sont punis, Hannibal devient un héros, sauf qu’il persiste dans son œuvre de vengeance. Et si un Vaughn appuie clairement son Magneto dans sa pensée vengeresse, Hannibal est d’un coup désavoué par la musique, et la caméra s’éloigne de lui alors qu’au contraire, il commençait à se révéler intéressant. Frustrant d’un point de vue des origines, mais assez chiadé niveau image, c’est un gentil nanar de luxe qui bâcle son sujet, Gaspar Ulliel se démenant quand même pour sembler à la hauteur, et il parviendra presque à l’être dans quelques scènes de violence soulignée, à défaut d’être pleinement justifiée (pourquoi épargner le père de famille si c’est pour le zigouiller 2 minutes plus tard ?). Bref, une précelle vraiment mineure de la saga.

 

1,5/6

 

de Peter Webber
avec Gaspard Ulliel, Gong Li

 

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 06:41

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Ah, le thriller ménager… J’aime bien le thriller ménager. Une vie de couple la plupart du temps un peu éprouvée par un évènement quelconque (perte d’un proche, libertinage, divorce…), et qu’un évènement hors du commun va rapprocher, comme une prise d’otage par exemple, ou encore des actes de tortures, ou une captivité prolongée… Beaucoup de possibilités, toutes aussi distrayantes les unes que les autres, mais se rejoignant au final sur un point : la mécanique. Toutes ces histoires sont à priori calculées sur une mécanique précise qui tient compte de la psychologie, et la force physique, des opportunités et du temps. Après, chaque film a son timing, sa sauce, et parvient plus ou moins bien à être convaincant. Et Calme Blanc (aka Dead calm) y parvient avec une classe rarement vue.

L’histoire : un couple tente de faire une croisière en monocoque au grand large pour oublier la mort récente de leur enfant. Mais en pleine mer, ils tombent sur un bateau en ruine, d’où ne sort qu’un seul survivant. Alors que ce dernier se repose, le mari monte à bord, et découvre un vrai massacre dans la cale. Le naufragé le laisse alors sur place et s’enfuit avec l’embarcation valide, la femme inconsciente à bord.

 

http://www.smh.com.au/ffximage/2005/04/24/samneill_wideweb__430x351.jpg


Tout d’abord, permettez moi d’insister sur le fait que ce film, c’est un P*TAIN de casting ! Sam Neil, Nicole Kidman, Billy Zane… Un trio aussi brillant, ça s’est trop rarement vu pour oser passer à côté sans rien dire. Car tous sont infiniment brillant dans ce film (Billy Zane est hyper convaincant en psychopathe notoire). Ensuite, ce film fonctionne essentiellement sur l’atmosphère. Et celle-ci est particulièrement réussie, à tout moment de l’histoire. Dans les débuts du film, l’ambiance du grand large est là, et se sent. Quiconque a déjà fait une sortie en mer sur un bateau de plaisance saura immédiatement de quoi je parle. On sent la brise marine, on se promène sur le pont du bateau comme nous y étions… « Immersion » prend ici tout son sens, puisqu’on a vraiment l’impression d’y être, et les activités du couple sont exactement celles que nous aurions à leur place. Mais on ne s’embête pas trop longtemps avec l’introduction, on nous branche vite fait sur le sujet. Arrivée du naufragé paniqué, le bateau coule, ect… Sans que la tension monte démesurément… On sait pas, y a un truc qui cloche… Et Sam Neil le ressent aussi, et fait exactement ce que nous ferions à sa place. Et là, sans en montrer plus que nécessaire, on parvient, en une seule scène, à faire monter la pression d’un coup, à mort. Et avec un plan séquence incroyablement dynamique, on a une situation dramatique qui apparaît, en posant clairement ses enjeux : la Femme est laissée sans défense avec l’Homme Brutal, et l’Homme Civilisé est écarté dès le début de la partie.

Calme blanc, ce n’est pas de l’originalité. A vrai dire, c’est très loin d’être original. Mais cette mécanique, cet engrenage qui tourne avec une précision nanométrique… C’est beau. L’homme civilisé est réduit à l’impuissance dès le début du film. Au mieux, il va utiliser son cerveau pour pouvoir redémarrer le bateau en train de couler afin de ne pas se faire distancer. C’est à la Femme de faire tout le boulot. Tout repose sur ses maigres épaules. Et elle est loin de pouvoir utiliser la force, Billy Zane se montrant intraitable sur ce sujet. Ainsi, on a tout le comportement classique de la femme brisée : mutisme, refus du dialogue, tentatives de se faire oublier… Puis elle reprend le contrôle après une crise de larme et commence à essayer la psychologie, en cherchant un moyen d’arrêter le bateau. Après quelques tentatives, elle utilise enfin le meilleur argument qu’une femme peut donner à un homme. Et à partir de là, on arrive sur un terrain violent (et c’est pas un viol ! C’est elle qui s’offre pour pouvoir avoir un appui pour la contrattaque). Dans un dernier acte plutôt musclé et très tendu niveau suspense, on conclut l’affaire classiquement, mais avec un panache et une classe égale à celle avec laquelle nous étions entrés dans l’histoire.

Le seul petit grain de sable, c’est la mort de l’enfant… Un traumatisme qui justifie le voyage, certes, mais pas du tout indispensable dans le déroulement de cette histoire. Mais bon, à part ce détail qui n’est pas un gros défaut, ce film est une machine précise, parfaite synthèse de ce que ce genre a de mieux à offrir, et dans un cadre original et justifiant parfaitement le statut de huis clos au grand air. Une vraie bouffée d’oxygène.

 

6/6

 

de Phillip Noyce
avec Nicole Kidman, Sam Neill

 

http://www.nicolekidmanunited.com/NicoleKidmanFilmography/DeadCalm/FilmoDeadCalmChelle1.jpg

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