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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 06:45

http://www.stephen-king.fr/wp-content/uploads/2009/07/affiche-dolores-claiborne.jpg

 

King a tout d’abord commencé ses grandes productions dans le fantastique et l’horreur populaire (l’imaginaire pervers du clown tueur d’enfants, les extra terrestres manipulant les humains…), mais il s’est aussi essayé au thriller intimiste, puis au drame social avec une force d’écriture qui n’a jamais faibli. Ainsi, Dolores Claibornes, drame au combien émouvant, a été adapté par Taylor Hackford, avec un nouveau casting gagnant : Jennifer Jason Leigh, Kathy Bates et Christopher Plummer. La modestie du ton de l’histoire et les portraits de femmes qui y sont fait touchent des cordes sensibles, et indubitablement, elle fait partie des meilleures adaptations de drame, comme Stand by me.

L’histoire : Dolores Claiborne est fortement suspectée d’être responsable de la mort de Vera Donovan, une riche vieille femme. L’enquête est menée par l’agent Mackey, désireux de pouvoir enfin enfermer celle qu’il soupçonne de meurtre sur la personne de son mari. Tombant sur un article de presse relatant les faits, la fille de Dolores revient sur l’île de son enfance pour retrouver sa mère.

 

http://www.davidjn.com/film/dolores_claiborne.jpg


On sent immédiatement la patte de Stephen King dans le récit, dans la mesure où il part du quotidien banal d’une famille en apparence sans aucun problèmes, avant de pervertir peu à peu cette façade bien tranquille et de révéler les individus tels qu’ils sont. La narration du film est ici un peu complexe, car utilisant beaucoup le flash back pour relater le passé magnifiquement éclairé par des couleurs chaleureuses, et l’affaire présente, grise et venteuse. Une double intrigue qu’on découvrira dans son ensemble au fur et à mesure que le film progresse, et qui nous permettra sans conteste de nous attacher profondément aux caractères qui nous sont dépeints. C’est bien sûr Kathy Bathes qui porte le film sur son dos en interprétant Dolores, une femme robuste qui a les pieds sur terre et qui se satisfait de choses simples. Rayonnante en façade dans le passé, elle possède cependant une vraie force de caractère qui la rendra immédiatement attachante une fois les présentations passées (les insultes qu’elle balance de temps à autres sont un régal). Son personnage de mère abattue par une fille mutique de plus en plus rebelle avec elle et d’un mari odieux qui empirera sans cesse au fil de l’histoire (la scène de basculement de son caractère est un véritable coup dans l’estomac). Kathy joue dans de multiples registres sentimentaux et son numéro est tout simplement parfait de bout en bout. Mais, loin d’être un one woman show, les acteurs qui gravitent autour d’elle se révèlent incroyablement sympathiques, car compréhensibles et eux aussi vraiment performants dans leur jeu. Le seul personnage qui restera tout le temps antipathique (et manichéen) est le père, admirable dans son jeu de pourri fini, et représentant d’une certaine dominance masculine dans la société (le drame avec la banque est un exemple particulièrement marquant). Quant au personnage de sa fille, joué par une Jennifer décidément à l’aise avec les rôles difficiles, qui puise dans un registre dramatique fort car partant à la redécouverte de ses traumatismes enfantins. Des scènes fortes et impressionnantes, qui conservent toujours ce ton du  drame individuel qui ne va jamais trop loin, mais qui sait assurément faire du cinéma avec peu de choses. Un drame en tout point exemplaire, à la conclusion touchante et qui laissera une excellente impression auprès de tout type de public. On donne des césars pour moins que ça.

 

5/6

 

de Taylor Hackford
avec Kathy Bates, Jennifer Jason Leigh

 

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25 juillet 2011 1 25 /07 /juillet /2011 07:13

ruban-blanc-film.jpg

 

Haneke est un savant réalisateur de cinéma. Il conserve toujours une approche de film d’auteur dans ses œuvres (narration lente, aucune action divertissante, facture technique ultra soignée…). Mais à l’inverse d’un Lars Von Trier qui aime provoquer son public (leurs styles peuvent néanmoins être fortement rapprochés), Haneke reste froid et lucide, assénant ses arguments avec la force d’un pédagogue armé d’une masse qui défonce des pans entiers d’apparences et de préjugés dans nos têtes. Avec le Ruban blanc, on a pas mal rapporté qu’il s’attelait à discuter de l’émergence de l’Allemagne nazie. Si les faits décrits comportent en effet des analogies, le coup porté est bien plus inquisiteur au niveau générationnel, châtiant aussi bien les parents que leur progéniture malade. Deux heures et quart d’un noir et blanc en pleine désillusion, ça marque durablement…

L’histoire : Dans un village du nord de l’Allemagne, on suit la vie des habitants tous employés par le Baron. Mais des évènements bizarres viennent perturber la vie en communauté…

 

le-ruban-blanc7.jpg


Michael Haneke dresse un portrait effroyablement réaliste de la société des années 30, entièrement tourné vers la hiérarchie paternelle et un sens de la famille qui passe avant toute autre chose. Premièrement, le film d’Haneke est assez complexe. En effet, on est amené à suivre différents personnages en profondeur pendant tout le film, ce qui risque de plonger dans la confusion les spectateurs les plus distraits. Ce film dure deux heures et quart, et nécessite une attention constante pour être parfaitement assimilé. Mais une fois que la façade du vieux film en noir et blanc est tombée… Quel abîme ! On tombe régulièrement des nues tant le propos, derrière son réalisme intraitable, frappe sèchement le spectateur. Le premier évènement prend la forme d’un câble sciemment tendu sur le passage du docteur qui allait à cheval. L’homme partira à l’hôpital tandis que le câble disparaîtra mystérieusement. Puis viendra le bizutage d’un des enfants du baron, effectué dans des conditions tout aussi mystérieuses. La grange du village prendra feu d’une façon incompréhensible, et l’enfant handicapé du village sera lui aussi battu de la pire des façons. Ces évènements plongent la communauté dans le trouble, et nous permettent d’y voir clair dans chaque génération, le modèle se répétant souvent. Le paternel fait figure d’élite et d’autorité, et dicte sans discussion sa volonté à son entourage. La jeune génération n’a aucun moyen de se rebeller, et doit se contenter de prendre sur elle. Peu à peu, elle canalise sa frustration sur différents objectifs, qui nuisent de plus en plus à autrui. Ce film, c’est bel et bien une des illustrations les plus subversives sur l’enfance pervertie que j’ai pu voir. Car d’un réalisme saisissant, le film développe leur violence avec une précision millimétrée. Leur progression est totalement logique, d’abord signe de frustration, puis d’intolérance et de pure méchanceté (le gosse handicapé dont les cris se révèleront rapidement insupportables). Mais si cette jeune génération, beau terreau pour le nazisme, est clairement dénoncée (la manière insidieuse dont ils apparaissent à chaque évènement force peu à peu la main au spectateur), la faute est clairement répartie aussi sur les parents.

 

Il suffit de voir le dialogue entre le révérend et l’instituteur en fin de film, qui refuse catégoriquement de comprendre la situation. Cette ancienne génération est prête à s’enfermer dans un souvenir obsolète plutôt que de se retrouver en face de son propre échec, incapable de remettre en cause leur éducation et l’honneur de la Famille. Car si la jeune génération fait preuve d’envie, de cruauté et de mensonge (le vol du sifflet), elle a été à bonne école dans le village. Les paysans s’écrasent ferme devant le baron, et écrasent ferme leurs enfants avec, alors que ces derniers rêvent assurément de mieux. Le couple du baron bat totalement de l’aile, ne tenant plus que par devoir moral. Quant au médecin, infiniment pire que celui de La vie est un long fleuve tranquille, il se satisfait de son infirmière qu’il méprise de la pire des façons, avant de se tourner vers sa propre fille. La découverte de l’inceste par le frère de 5 ans de cette dernière reste une des scènes les plus dérangeantes du film, et annonce déjà les odieuses représailles sur l’handicapé auquel le docteur est particulièrement attaché. Le révérend rabaisse de son côté sans arrêt ses enfants, leur faisant ressentir un sentiment de honte constant (le dialogue lourdement révélateur sur la masturbation). La pomme était pourrie bien avant que le vers ne se développe dans ses pépins. Dans cette société ultra rigide et codifiée par une élite en décalage total avec la génération qu’il tente d’éduquer, Haneke montre comme modèle son instituteur, un homme seul et sans enfant, qui s’attache peu à peu à une nurse venue garder les jumeaux du domaine. Mais leur relation se verra à nouveau réduite par la hiérarchie familiale, imposant sa volonté sans jamais tenir compte de l’opinion des plus jeunes qu’eux (les mères se révèlent toutes soumises à leur maris, à l’exception de la baronne, la seule à balancer des vérités qui font vraiment mal à la face de son époux, uniquement préoccupé par l’amant de sa femme). Haneke ouvrait son film par un fondu venant du noir, il conclut avec le même procédé, dans un plan final où tout le final se réunit à l’église, et où les enfants chantent en cœur pendant que la communauté demeure uniformément unie. Une image qui devrait rester gravée pendant longtemps dans nos esprits.

 

5,5/6

 

de Michael Haneke
avec Christian Friedel, Ernst Jacobi

secret-de-tournage-du-film-le-ruban-blan_jpg_250x300_crop_u.jpg
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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 06:39

Dogville-poster.jpg

 

Précelle de Manderlay, Dogville n’est pas mon Lars Von Trier’s préféré, mais il est parfaitement cohérent avec la logique artistique qu’il s’applique à suivre, à savoir fustiger les dérives comportementales humaines, particulièrement sur le sol américain. Avec Dogville, il s’essaye à une sorte de théâtre gigantesque (le film est tourné uniquement à l’intérieur d’un entrepôt) en se donnant pour mission d’exposer la suffisance humaine. Attention, film choc.

L’histoire : Dogville est une petite cité d’une quinzaine d’habitant située tout au bout d’une route déserte. Un jour, une étrangère, Grace, vient chercher refuge dans cette sympathique bourgade, en prétendant être poursuivie par des bandits. La population accepte donc de la cacher.

 

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Lars Von Trier frappe un très grand coup sur la nature humaine, même si celle-ci est loin d’être totalement pourrie. Tout d’abord, comme l’indique le résumé, la cohabitation entre l’étrangère et la communauté est tout d’abord pacifique et extrêmement plaisante. Tous les villageois sont gentils avec elle, elle se révèle d’une aide agréable et d’une fraîcheur qui met tout le monde de son côté. On assiste même à une histoire d’amour naissante entre elle et Thomas, le jeune intellectuel du village, passionné de sociologie. Mais ce climat idyllique est bientôt perturbé par une descente de la police d’état, qui avance une prime pour la capture de la fugitive. Et à partir d’ici, les relations avec les villageois commencent à se dégrader. En effet, une sorte de silence s’est abattu sur le village, chacun contemplant maintenant l’étrangère d’un autre œil. Nous l’avons caché, elle nous est bien redevable de quelque service. Ainsi, les villageois commencent à la toiser de haut, jusqu’à ce que l’engrenage infernal s’enclenche. Lors d’une descente de police, un ouvrier lui fait du chantage en nature pour ne pas la dénoncer. Et à partir de cet séquence, incroyablement dérangeante (les bâtiments n’ayant pas de murs (tout du moins pas de représentation physique, mais qui existent dans l’histoire), on assiste aux activités villageoises qui continuent comme si de rien n’était alors que nous ne perdons pas de vue le viol une seule seconde. Le quotidien de Grace change alors radicalement. Elle est enchaînée, exploitée par les femmes pour les corvées journalières et par les hommes pendant la nuit (y compris par ceux avec qui elle avait redoublé de gentillesse comme cet aveugle qui n’hésite pas à se joindre au reste des bourreaux pour récupérer lui aussi son « dû ». C’est incroyable, combien l’être humain peut arriver à s’auto persuader d’avoir du pouvoir sur un autre si son isolement le permet. Thomas lui s’affichera comme quelqu’un de totalement neutre et ne viendra jamais en aide à Grace, son occupation étant d’écrire un livre sur le comportement humain, et qu’il tient ici une expérience sociologique du meilleur cru. Le dénouement de l’histoire sera à la hauteur des atrocités qui y sont commises, la cruauté envahissant peu à peu le récit avec une sobriété qui n’est pas sans rappeler le style de Michael Haneke. Mais Lars se garde bien de donner une morale à son film. Là encore, il place son histoire sur un plan strictement individuel, ces atrocités étant commises à chaque fois sous la décision d’un individu (l’insistance constante sur les noms des différents protagonistes du village. Ce qui explique le sort misérable réservé à Tom, qui voulait à tout pris tirer une leçon de cette expérience sans avoir le recul nécessaire envers la victime de cette infamie. Dogville, véritable pamphlet sur l’égoïsme (à la manière de la nouvelle de Maupassant Boule-de-Suif), peut se vanter d’avoir l’impact d’un coup dans l’estomac, porté par des acteurs admirables (dont la belle Nicole Kidman transformée pour l’occasion en esclave domestique), et de faire vivre une pièce de théâtre qui n’aura jamais autant remué son spectateur. Scandaleux sur un registre sentimental, mais une première partie un peu longue à se mettre en place pourra en décourager certains. Mais quand même, quelle ampleur !

 

5/6

 

de Lars von Trier
avec Nicole Kidman, Paul Bettany

 

http://www.kinosvetozor.cz/film_photos/55.jpg

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 06:53

http://www.sortir.re/upload/evenements/663/manderlay.jpg

 

Lars Von Trier est un réalisateur génial, qui arrive à faire preuve d’un mauvais goût tout bonnement scandaleux en restant totalement pertinent avec son sujet. En clair : un réalisateur qui a une maîtrise totale de son art, et qui développe à moindre frais des histoires passionnantes, souvent dérangeantes, mais dont la portée réflexive peut créer des débats immanquablement passionnants. Et aujourd’hui, nous allons parler d’un de ses chefs d’œuvres méconnus : Manderlay. La suite de Dogville, qui nous tannera le cuir avec un nouveau problème de société : le racisme.

L’histoire : En 1933, Grace et son père (un gangster accompagné de ses hommes de main) font route vers l’Est des Etats Units et font une halte à Manderlay. Ils y découvrent une maison qui pratique encore l’esclavagisme. Grace, furieuse, libère les noirs avec toute son ingénuité, mais ils se retrouvent dès lors à la rue. Grace décide de rester sur place pour les aider à commencer une nouvelle vie.

 

http://www.openheaven.org/data/openheaven/images/Manderlay_Grace_meeting.jpg


Attention, film hautement subversif que ce Manderlay, puisqu’il permet à son hauteur de développer une histoire apparemment libertaire (elle commence par l’abolition directe de l’esclavage dans une maison où il était encore pratiqué 60 ans après le décret l’interdisant), mais qui va sans arrêt remettre en cause le bien-fondé et les préjugés qu’on a pu nourrir sur ce soi disant « retour à la liberté » des populations noires en Amérique. En effet, dès le départ, Lars fait voler en éclat l’idée illusoire de la liberté en montrant combien la population d’esclave s’est attachée à son mode de vie, et combien elle est en décalage avec la conception naturelle de la liberté en société. Au travers de dialogues au mordant impitoyable, On décrit tout ce qui est habituellement passé sous silence sur les esclaves fraîchement affranchis : ils ne quittent pas le sol sur lequel ils ont travaillé pendant tant d’années, et sont donc engagés par leurs anciens maîtres comme travailleurs. A la différence qu’ils sont cette fois ci payés, victimes d’escroqueries, et finalement tellement endettés qu’ils vivent une nouvelle forme d’esclavage, économique cette fois ci, qui les affilie à nouveau à leur maître. C’est là que Von Trier joue à un jeu dangereux : il manie de gros clichés, les préjugés et les idées reçues avec tant de justesse et tant d’ironie que si l’on est indubitablement balayé par les faits qu’il décrit de façon totalement réaliste (les racistes étaient loin d’être des personnes stupides, les esclaves habitués aux tâches répétitives étaient paresseux et se laissaient diriger sans prendre de décisions…), on sent qu’on est jamais très loin du mauvais goût, certaines situations étant vraiment trop dérangeantes pour nos oreilles (on commence déjà à taper sur la jeune blanche qui vient apporter la liberté, et qui s’attend à de la reconnaissance en retour, alors qu’à chaque nouvelle tentative, elle envenime un peu plus la situation). Ce film, particulièrement ambigu et atrocement subversif (la conclusion qui est faite est l’une des plus renversantes des films que j’ai pu voir), touche cependant un aspect du racisme vraiment dérangeant (notamment dans le fait que les blancs voient souvent dans les noirs le descendant des esclaves africains en premier lieu), qui remet en question beaucoup de choses qu’on croyait avoir acquis sur le sujet. Si le film Chute Libre frôlait de près le sujet en recadrant plus tard sur la politique du mensonge, Manderlay traite du racisme selon un angle nouveau, puisqu’il est l’un des rares à s’attaquer au ressenti des noirs et des blancs après la « libération », et qu’il remet chacun à sa place en utilisant une simplicité dévastatrice. Manderlay, c’est scandaleux, mais c’est aussi tellement réflexif, que l’ami Von Trier réussi à choquer sans toutefois basculer dans un côté moralisateur. Un exercice de mauvais goût tout en finesse qui traite son sujet avec une maîtrise rarement atteinte.

 

6/6

 

de Lars von Trier
avec Bryce Dallas Howard, Isaach de Bankolé

 

http://www.reverseshot.com/files/images/pre-issue22/manderlay.jpg

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 06:45

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/drame/sa_majeste_des_mouches,0.jpg

 

Il est des films qui sont de véritables monuments et dont on ne parle plus vraiment aujourd’hui. C’est par exemple le cas de Sa majesté des mouches, une petite merveille du cinéma d’aventure doublée d’une direction de jeunes acteurs exemplaire, que ne doit pas renier un certain Vinyan comme sous d’inspiration majeure. Une petit claque inattendue et magnifiquement filmée.

L’histoire : après le crash de leur avion sur une île déserte, des dizaines d’enfants fuyant la guerre se retrouvent sans adultes pour les diriger. Ils se retrouvent livrés à eux même et commencent à organiser leur survie.

 

3507-5-sa-majeste-des-mouches.jpg


L’efficacité de ce film n’est jamais remise en question, car à part un générique un peu faiblard, ce film est une excellente adaptation, parfaitement cohérente sur des thèmes autant psychologiques que sociologiques. Le générique visé, c’est le contexte historique de cette histoire, d’abord sur le vieux continent où les enfants sont bien encadrés. Puis vient leur départ en avion puis leur crash. C’est probablement cette partie qui est la plus bancale, car ce servant de photographies d’avions et de mouvements de caméra superflu pour dynamiser la scène. Le film n’ayant pas de budget pour organiser un crash, on les pardonne quand même, surtout quand on découvre la suite de l’histoire. En effet, dans ses débuts, ce film a tout pour enthousiasmé le public, en commençant comme un film d’aventure débrouillard où des mômes vont devoir survivre jusqu’à l’arrivée des secours. Les robinsons suisses en différent ! Il y a d’abord l’élection d’un chef, puis les différentes idées qui sont avancées sur la conduite à tenir. D’abord se situer géographiquement, puis faire un feu pour être repéré. Mais l’ambiance change peu à peu, des tensions étant clairement palpables entre   et    , le chef de la chorale présent dans l’avion. On assiste peu à peu à une bipolarisation du groupe, qui tend peu à peu à rejoindre le plus âgé des deux, dont les promesses sont assez alléchantes quand on est jeune : aventure, nourriture, jeux… Des tendances qui ramèneront peu à peu les gosses à un état de sauvagerie, la violence prenant peu à peu l’ascendant sur le bon sens (rester auprès du feu et l’alimenter pour être repérable). L’évolution des protagonistes est particulièrement bien dépeinte, les enfants étant bien caractérisés en première partie de film, et devenant méconnaissable sur la fin. Le film prend alors des allures de survival (j’ai un peu pensé aux Chasses du comte Zaroff) avec des enfants impitoyables comme tortionnaires, animé par cette même joie enfantine qui les a poussé dans l’aventure, et qui les a peu à peu ramené à des états primaires de sociabilité (d’abord un groupe, puis une bande de chasseurs, puis une meute). Si la violence n’est pas trop mise en valeur, elle reste néanmoins présente, en se montrant diablement efficace (la fin atroce de Piggy). Indéniablement subversif, ce film porte un message assez éloquent en son sein : l'Homme a naturellement tendance à recourrir à la violence et à être victime des superstitions. Ces enfants qui fuyaient la guerre, et qui logiquement devraient être sensibilisés contre cette situation, reproduisent les mêmes erreurs que le reste de l'humanité, d'abord en se divisant, puis en laissant la peur envahir leur esprit (la bête sauvage introuvable) et la violence établir les rapports sociaux. Ce film, c’est un condensé de ce qu’on a pu faire de mieux sur l’enfance, et une expérience psychologique formidable, certes romancée, mais jusqu’auboutiste dans son propos, et qui devrait marquer à jamais l’imaginaire du spectateur. C’est bien simple, en une seule vision, je sais déjà qu’il fera partie de mon top « enfants méchants » cinématographique. Une référence tout simplement indispensable.

 

6/6

 

de Peter Brook
avec James Aubrey, Tom Chapin

 

majestedesmouches.jpg

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 06:46

May

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/horreur/may,2.jpg

 

Lucky  McKee est un réalisateur intéressant, qui aime s’impliquer dans des projets bancals (The Woods) et les porter jusqu'au terme, qui à se prendre des échecs critiques au final. Mais avec May, il signe un film assez intriguant, porté par des acteurs vraiment doués, et le tout sur le thème de la frustration amoureuse, sans que ça soit chiant. Pour nous autres, romantiques passionnés, c’est une aubaine qu’il était impossible de rater.

L’histoire : May est une jeune fille peu banale, qui souffre d’un strabisme sévère qui l’handicape dans ses contacts avec ses camarades quant elle est jeune et qui ruine ses rencontre amoureuses. Avec une nouvelle lentille, elle parvient à retrouver un regard normal, et se lance alors dans la quête de son amour jamais trouvé.

 

http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/17/92/18372085.jpg


Ce qui rend May aussi intéressante, c’est qu’elle a dès le départ une personnalité de freak. Elle est rejetée par ses camarades à cause d’un défaut physique qui lui octroie une personnalité non désirée, et se retrouve obligée de transférer ses confidences sur une poupée qui l’accompagnera pendant toute sa vie. May se révèle assez débordante d’idées, ayant pour hobbie la couture et se fabriquant de nouveaux vêtements pratiquement chaque jour dans un style esthétique propre à elle. On s’intéresse d’abord à son quotidien, à ses fantasmes et à sa psychologie amoureuse, pas mal frustrée par sa méconnaissance de l’amour. May, c’est donc la petite amie trash que chaque bisseux de notre espèce a dû rêvé d’avoir un jour ou l’autre. Bizarre à souhait (l’anecdote du chien lors de sa pause déjeuner) et totalement imprévisible (elle comprend la symbolique du film amateur, mais tente de le reproduire dans la réalité), d’abord une personne désirable, elle s’enferme peu à peu dans une sorte de folie, piquant des crises de nerfs devant sa poupée dont les vitres de la boite se fendillent peu à peu. Son basculement dans la folie sera d’ailleurs précipité par un évènement en apparence quelconque : la présentation de sa poupée à une groupe d’enfants aveugles, qui la feront tomber par terre et briseront la cabine, avant de tomber eux aussi et de s’ouvrir sur le verre du sol. May bascule alors dans la folie, venant juste d’être larguée par son premier prétendant, et se replie sur elle-même. Son chat sera le premier à en faire les frais dans un accès de rage, et n’arrivant pas à se résoudre à abandonner un ami, elle le conservera au congélateur. Tentant alors sa chance avec un autre, visiblement plus trash que le prédécesseur, elle se retrouvera à nouveau renvoyée à elle-même, bien trop trash malgré elle, ses nerfs n’arrivant pas à supporter l’échec. La seule solution maintenant pour elle est de se fabriquer un ami à la mesure de ses fantasmes. Comme vous vous en doutez, May repose essentiellement sur son actrice principale, Angela Bettis, qui parvient à retranscrire son personnage d’une manière franchement crédible. Après, le film ne fait pas vraiment l’unanimité, car il s’adresse en premier lieu aux personnes aimant le trash et la folie. Le film prend aussi bien son temps pour poser ses enjeux, établir la psychologie de ses protagonistes, et ne se permet des dérapages qu’à partir de son milieu, et qui ne révèlera son potentiel qu’à la toute fin. Mais cela dit, les caractères qui sont décrits dans May restent intéressants (et d’une finesse qui paye), le public masculin réagissant d’abord de manière intéressé en découvrant May, puis de façon frustrée en découvrant qu’elle brisera tout ce qu’elle essaye de toucher, et qu’elle restera incapable de mener une vie de couple normale. Une sorte d’histoire d’amour impossible, où l’amour finit par être délocalisé sur des objets particulièrement tordus. Un film parfaitement fonctionnel dans ce registre, et d’une originalité surprenante.

 

5/6

 

de Lucky McKee
avec Angela Bettis, Jeremy Sisto

 

Deux manières d'utiliser des ciseaux :


http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/35/17/92/18372086.jpg

the good way

 

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the bad way

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6 juillet 2011 3 06 /07 /juillet /2011 06:45

http://www.imagesetmots.fr/images/seul_contre_tous.jpg

 

Dernier long métrage de Gaspar Noé sur mon blog avant de m’attaquer à ses courts métrages : Seul contre tous. Si Enter the void était la baffe visuelle, et Irréversible la baffe métaphysique, Seul contre tous est la baffe psychologique. Une plongée totale, profonde dans le personnage principal qui nous est présenté. A noter que ce film est le prolongement de Carne, un moyen métrage sorti quelques années auparavant. Malgré une jaquette dvd collector agressive, rien ne pouvait préparer au choc que ce film allait produire.

L’histoire : un boucher se débat dans les entrailles de son pays pour survivre.

 

http://www.lereveil.ch/IMG/jpg/seul-contre-tous.jpg


Déjà, le film s’ouvre sur un résumé complet de la vie du boucher, brodant en quelques minutes un portrait ultra dynamique, réaliste et attachant du personnage, résumant son enfant, puis aussi le moyen métrage Carne par l’intermédiaire de photos bien choisies. Le rythme de l’histoire, c’est celui-ci. Il ne se passe pas forcément de grand évènements, mais ils s’enchaînent tous avec un tel rythme que nous n’avons jamais le temps de voir passer. Alors que pourtant, il y a des plans où il ne se passe vraiment rien. Philipe Nahon est par exemple accoudé à un bar pendant 5 minutes avant de boire son verre de rouge. Mais là, c’est la voix off qui fait l’incroyable boulot de nous laisser pendu à ses lèvres, suivant son raisonnement comme si nous étions dans le même bar que lui, accoudé au même comptoir, et que nous le suivions avec nos tripes. Car c’est bien de ça qu’il s’agit : c’est un film fait avec des tripes. Le boucher, c’est un peu nous dans certains côtés. Il représente divers penchants de la société, et il ressasse des pensées pessimistes à longueur de journée, et absolument sur tout. Que ça soit sur les politiciens de droite ou de gauche, les étrangers, les français, les gosses, les femmes, et l’humanité en général. Comme je m’amuse à le dire, c’est un film tellement dépressif qu’il en devient souvent drôle, la noirceur du ton des explications étant tellement plombante qu’il ne reste que le rire pour pouvoir évacuer autant d’angoisse qui nous sont tombé dessus d’un coup. Le discours de Seul contre Tous marche, mais surtout avec les personnes qui ont le dos au mur, et qui perdent totalement foi en l’humanité. La force, mais aussi la faiblesse de ce film, c’est son manichéisme primaire, instinctif, qui pousse l’individu à favoriser sa propre survie. Peu importe les prétextes qu’on s’invente, qu’on se trouve ou qu’on réclame, c’est toujours la même chose. Le film ne sort jamais de ses rails manichéens (les nombreux personnages dans la rue, qui ne font que renvoyer le boucher dans sa merde) et ne prend jamais la moindre distance avec son protagoniste, ce qui permet à Gaspar de se lancer dans des discours purement provoquant (la philosophie du boucher déballée devant un film porno, les opinions homophobes et xénophobes surexposées, et le dérapage lent vers l’inceste). Car c’est là-dessus que part le film. Il s’aventure sur le terrain du tabou sacro-saint, en s’intéressant au propos dangereux de briser la loi comme dernière solution pour sortir de sa vie frustrante et oublier toute la merde qui l’entoure. Une conclusion vraiment intéressante, qui joue double jeu (on a la fin morale (enfin… façon de parler) et immorale), et qui s’affiche comme un plaidoyer vibrant pour l’inceste en société. Violent, mais un peu en rupture de ton avec le reste du récit, la seule évocation du thème étant dans l’introduction et un court passage lors des gardes de nuits à l’hospice. Tout ça, c’est un brûlot sans concession balancé à la gueule de la société (qui finira par s'auto détruire, le personnage affichant quand même de sacrés traits de caractères qui le rendent vraiment associable). Tout n’est pas vrai, tout n’est pas faux (chacun fera son choix dans les idées évoquées par le boucher), mais tout sent l’authentique. Un film qui a des couilles et qui l’affirme haut et fort, en nous faisant voir un monde effrayant, désespérément réaliste, parfois ponctué de vrais moments d’éternité, où le bonheur et la joie peut ressurgir de façon inattendue… avant d’être remplacer à nouveau par de la noirceur ou par un désir individuel. Un film extrême, vibrant et passionnant, d’une facture technique pas encore assez murie, mais le style Noé est déjà là. Un film culte. Comme le dit Jean Pierre Jeunet « A chaque fois que je regarde ce filme, j’ai la pêche pendant toute la semaine. »

 

5.5/6

 

de Gaspar Noé
avec Philippe Nahon, Paule Abecassis

 

http://www.zoo-city.com/guillaume.nicloux/img/nicloux_seul_contre_tous_1.jpg
http://4.bp.blogspot.com/_HUKLFgErsV4/SwDwoAnZa4I/AAAAAAAAANw/VoZXUkqD5Gw/s1600/00868470-photo-seul-contre-tous.jpg

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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 06:35

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Charlize Theron est apparemment une actrice très connue, qui a joué dans le meilleur (L’associé du diable, une pure merveille), mais aussi (et surtout) dans le pire (Aeon Flux, Hancock, et subjectivement Braquage à l’italienne). Cependant, si il y a bien un film atypique à retenir dans sa filmo, c’est bien Monster. Qui se serait attendu à la voir s’enlaidir d’en telle façon pour coller ainsi à son rôle ? Elle révèle alors un potentiel d’actrice vraiment insoupçonné, et démontre l’étendue de son talent, qui a donc été totalement gâché par les grosses productions.

L’histoire : Aileen vit de sa prostitution depuis sa fugue pendant l’adolescence. Un soir, désirant claquer son dernier billet avant de se suicider, elle est abordée par Selby, une jeune femme seule recherchant un peu de compagnie. Malgré un début houleux, la conversation s’engage, et c’est le coup de foudre. Mais tout allait bien jusqu’à ce que les parents de Selby ne se rendent compte de la situation.

 

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Monster est un drame qui me tient particulièrement à cœur, car en plus de m’avoir mis une claque, il a initié un processus de mise à distance assez profond vis-à-vis du manichéisme. Cette histoire de prostituée tombant amoureuse et décidant d’aller vivre loin avec sa dulcinée a de quoi émouvoir. Pourquoi ? Parce que leur amour semble condamné d’avance. Déjà, le statut d’un couple homosexuel féminin est assez mal vu, Selby et ses parents sont catholiques pratiquants, et enfin, Aileen n’a pas de situation régulière de par son activité professionnel. A vrai dire, tout semble compromis, mais ces deux femmes continuent à se voir et à sortir ensemble pendant quelques jours. Jusqu’au client de trop, qui assomme Aileen et tente de la violer (ce qu’il fera partiellement avec une clef à molette). Aileen, dans un réflexe de légitime défense, le tuera avant de le déposséder de ses biens, et d’embarquer Selby dans sa fugue. Selby étant dans l’incapacité de travailler, elle lui promet avant de partir de subvenir à leurs besoins. Ce couple part donc, et tous nos espoirs sont avec elles. Mais un drame reste un drame. Comment une prostituée ayant abandonné ses études peut se reconvertir du jour au lendemain pour entretenir une vie de famille ? Claque après claque, elle ne trouve qu’un petit emploi sous payé qui ne parvient pas longtemps à les nourrir à leur faim. Aileen est donc obligée de reprendre le trottoir, et décide alors de s’attaquer aux plus viscieux clients qu’elle rencontre afin de leurs piquer leurs biens après les avoir abattu avec l’arme qu’elle a prise sur sa première victime. Ce film, c’est un road movie avec une psychopathe, doublée d’une histoire d’amour tragique vraiment convaincante. Les deux actrices, Charlize Theron et Christinna Ricci, sont en tous points admirables, et donnent une épaisseur vraiment inattendue  à leur personnage. Là où le film m’a soufflé, c’est sur le dérapage du film, qui passe d’un manichéisme méchant à une réalité bien plus cruelle. Lors du premier meurtre, tout était là pour légitimer l’acte d’Aileen (elle trouvera d’ailleurs divers ustensiles dans le coffre laissant présumer de la perversité de son agresseur). Mais peu à peu, ses victimes se feront plus communes, jusqu’à un sexagénère couchant avec elle car ne pouvant satisfaire sa femme handicapée, et enfin un homme vraiment généreux, qui rendra son acte d’autant plus atroce qu’il est désespéré. Nihiliste, sans pitié, Monster est un drame qui prend à la gorge, qui n’a pas besoin de beaucoup de budget pour faire du bon cinéma, et qui, malgré quelques grosses ficelles classiques, peut se targuer d’être empreint d’une humanité vraiment touchante, sublimé par un jeu d'actrices admirable. Un drame passionné et passionnant.

 

5/6

 

de Patty Jenkins
avec Charlize Theron, Christina Ricci

 

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 06:49

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Interdit aux moins de 16 ans

 

Gregg Araki ne fait pas l’unanimité, loin de là. Son récent Kaboom, totalement barré et prenant le sexe comme moyen d’expression des étudiants, a pas mal divisé l’opinion, mais était en tout cas assez chiadé visuellement. Mysterious Skin, c’est bien différent, puisque si on parle à nouveau de sexualité, on a un discours beaucoup plus sérieux, au contexte érotique particulièrement fort, mais qui est loin d’être innocent. Regard sur un film particulièrement osé sur son thème, limite transgressif sur les bords.

L’histoire : Brian voit son enfance marquée par deux zones d’ombre, qu’il n’arrive pas à éclaircir. Pendant ce temps, Neil, un autre jeune garçon, entretient une relation sexuelle avec son entraineur de sport, et plus tard, il abandonne ses études pour vivre de sa prostitution.

 

http://soberingconclusion.com/movies/wp-content/uploads/2007/04/mysterious-skin.jpg


Oui, dans ce film, on parle de pédophilie, et vue sous un angle où le mineur est parfaitement consentant, allant jusqu’à ramener des camarades de jeu pour les séances qu’il s’organise avec son entraîneur de base ball. La scène d’introduction, presque onirique et agréable, prendra vite une autre teinte quand on aura identifié à quel moment elle a lieu. Ce qui peut choquer, c’est l’angle par lequel l’histoire de Neil est prise, à savoir qu’il n’y a, sur l’instant, pas de condamnation (et le pédophile ne sera jamais inquiété par une quelconque délation). Si votre morale peut supporter cela pendant une petite demi heure, on s’intéresse après à ce que les adolescents sont devenu. Neil vit en se prostituant dans sa petite ville, utilisant son corps séduisant comme atout. Car Neil est vraiment séduisant, et les premières séances qui nous seront proposées n’auront jamais de ton moralisateur. C’est amoral, sans aseptiser le côté sex symbol du jeune homme (précisons qu’on ne voit jamais rien de plus que du suggéré). Les étudiants de l’histoire sont indubitablement pensé pour être sexualisés et crédibles (on pourrait les côtoyer sans problèmes), dans leur attitude, dans leur tenue vestimentaire… Charlie est le branché gothique tendance bi, Wendy est elle aussi plutôt sulfureuse sans laisser tomber ses vêtements… Bref, le ton du film peut sembler complaisant dans ses débuts, mais le ton se durcit radicalement sur la fin, en montrant la déchéance progressive du parcours de Neil, qui va rencontrer des gens totalement différents à New York, et qui finira assez violemment sa carrière. Une déchéance qui n’est pas sans rappeler un certain Requiem for a Dream, en moins efficace cependant, le choc de la pédophilie acceptée étant plus grand en début de film. Parallèlement à cela, Brian cherche l’explication de ses blancs dans son esprit, en pensant d’abord avoir été victime d’un enlèvement d’extra-terrestre. Le problème, c’est que ces évènements coïncident trop bien avec le passé de Neil, et qu’au moment où il commence sa quête, nous avons déjà deviné quel était la cause de son trauma. Et Gregg Araki se plante vraiment sur ce terrain, puisqu’il ne fait que faire durer cette histoire, retardant sans cesse son dénouement, qui n’a pas tant d’ampleur que ça (certes, on a un peu la gorge nouée par les descriptions qui nous sont faites, mais c’est une pâle copie de ce qu’on a pu ressentir en début de film). Au final, ce qui faisait la fraîcheur du récit (la sexualité présente chez chaque personnage à l’exception de Brian) en prend pour son matricule dans ce dernier acte, ce qui laisse un arrière goût bizarre à ce film imprévisible, violent dans les thèmes qu’il aborde, mais qui a du mal à faire tenir son histoire sur la longueur. Petit salut aux nombreux caméos du film, qui rassemblent quelques seconds couteaux savoureux du cinéma. Un drame inattendu, sexy et abordant sans tabou la sexualité enfantine et étudiante. Recommandable, mais ça secoue un peu tout de même.

 

4/6

 

de Gregg Araki
avec Brady Corbet, Joseph Gordon-Levitt

 

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                     Neil                                                            Charlie                       Wendy

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 06:38

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Sweeney Todd, c’est mon Tim Burton préféré (si si, même si ça risque de faire des mécontents). Un numéro d’acteur assez brillant, une mise en scène gothique vraiment à la mesure d talent de Burton, une fresque nihiliste assez impressionnante, et bla bla bla. Bref, un chef d’œuvre inattendu, que je surestime probablement encore, car il s’agit bien d’un remake, et que je n’ai toujours pas vu l’original. En revanche, j’ai vu une autre adaptation de l’œuvre : Sweeney Todd, de David Moore. Il devient donc très intéressant de réunir ces deux films et d’en faire la comparaison, bien que les budgets très déséquilibrés rendent périlleux le rapprochement. Cependant, tentons ce petit numéro d’acrobatie pour tirer le meilleur de cette légende urbaine assez populaire.

 

http://a.giscos.free.fr/cinema/S/SweeneyTodd/Image3.jpg

 

Sweeney Todd, the demon barber of Fleet Street : Quoi de plus amusant à voir qu’un réalisateur qui s’essaye à la comédie musicale en étant, de son propre aveux, allergique à ce format cinématographique ? C’est parce que derrière la devanture d’histoire gothique, il y a quelque chose de particulièrement sombre, de particulièrement décourageant sur la nature humaine. Sur le plan de la vengeance, ce film est carrément l’anti Kill Bill, en prenant toujours à contre pied le discours défouloir qu’on a l’habitude de voir au cinéma ces temps ci. A part la scène de Pirelli (le premier) et du Juge (la cible), rien ne viendra jamais alléger le nombre de mort assez impressionnant de la production. Burton jouera d’ailleurs carrément dessus en montrant Johnny Depp charcuter en gros plan 4 ou 5 gorges en poussant la chansonnette innocente destinée à sa fille disparue. Des décalages pareils montrent combien la vengeance égare et rend l’individu égoïste. C’est là aussi que Tim Burton fait fort : avec ses décors gothiques, il place une sorte d’atmosphère de conte, et fait évoluer ses personnages sur le même ton, qui devient peu à peu dissonant alors que le film progresse dans sa trame vengeresse. Mais ceci n’échappe pas au spectateur, qui voit les personnages devenir peu à peu des ogres amoraux, chacun transformé par ses illusions et ses utopies. La vengeance, déjà vouée à être inutile (Sweeney n’a aucun projet après cet acte, et n’éprouve aucun attachement à la vie), explosera dans un des finals les plus tragiques qu’on ait pu voir sur grand écran pendant cette décennie. Sur les thèmes, c’est déjà du costaud, mais Tim a soigné aussi beaucoup ses personnages.

Sweeney est maigre, osseux, pâle. Il est maintenu en vie par son seul désir de vengeance. Un désir qui lui sort des tripes, tant l’injustice de son sort a de quoi émouvoir. Inutile de préciser que le récit part d’un postulat strictement manichéen, qui va bien s’homogénéiser sur la fin, en faisant sombrer tout le monde dans les abîmes de la crasse humaine. Et avec humour, s’il vous plaît. Car les obsessions de Sweeney nous font plus d’une fois rire, tant son obstination à ne penser qu’à sa vengeance à de quoi rendre fou. D’ailleurs, il bascule complètement lors du meurtre de Pirelli (il ne lui faut qu’un sifflement de bouilloire pour passer à l’acte), tuant alors à tour de bras d’une façon purement désintéressée. Sa raison vacille lors de ses déambulations en plein Londres en chantant de désespoir, puis en dansant la valse hachoir en main avec Mrs Lovett. Deux scènes magnifiques, l’une particulièrement hargneuse, et l’autre qui développe une atrocité sous des airs de bluette innocente. Bref, c’est lui le personnage central, et nous suivrons son parcours avec un réel intérêt jusqu’au final pulvérisant totalement ce qui nous restait d’espoir (de biens maigres restes, les personnages devenant de pire en pire). C’est le personnage le plus statique de tous, et aussi celui dont la folie sera la mieux retranscrite (les monologues à ses rasoirs). Iconisé à bloc, sa chute n’en est que d’autant plus rude. Parlons de Mrs Lovett, une femme manipulatrice qui tente de mettre Todd dans sa couche afin de vivre un bonheur de pacotille dont Tim démontre l’incroyable stérilité en une seule chanson qui en vante les mérites. Un décalage qui fait encore rire, mais qui se révèle incroyablement cruel avec le thème de la routine de couple, décuplé ici par la passivité de Todd. C’est probablement elle la pire du film, soufflant l’idée à Sweeney de tuer pour son compte, afin de relancer son commerce de tourtes à la viande vacillant. Totalement aveuglée par son désir, elle ne reculera d’ailleurs pas devant le projet de commettre un infanticide et devant le désossage des cadavres. Un brin de femme solide comme on l’aime (et bien coiffé à l’occasion). Tobby, le jeune garçon recueilli par le couple taré, est lui aussi un personnage intéressant, car il fait d’abord office de seul figure innocente épargnée par le malheur (avec Anthony). On découvrira vite que ça n’est pas le cas, et son attachement à Mrs Lovett l’entrainera lui aussi dans les méandres qui ont englouti le Todd qu’il déteste craintivement. Immergé physiquement dans la crasse d’un égout, il en jaillit avec un maquillage parfait qui illustre instantanément dans quel état d’esprit il est maintenant passé. Enfin, attardons nous sur le juge Turpin, joué par un Alan Rickman au mieux de sa forme, qui cabotine un peu avec un plaisir non dissimulé dans son rôle de juge complètement antipathique. C’est d’abord un pur cliché, qui sonne juste en accumulant tare sur tare, développant ainsi une façade manichéenne (le jugement du gosse) qu’il fera voler en éclat par une seule phrase (« …Si il n’avait pas mérité la corde pour ce crime, il l’avait mérité pour un autre. » « Qui ne la mérite pas ? »). Il devient dès lors un homme profondément seul, dont le seul pouvoir réside dans la crainte qu’il inspire, ne pouvant que rabaisser le monde à défaut de pouvoir s’élever. Il fait preuves de sentiments sans abandonner son manichéisme, ce qui nous donne droit à des scènes d’une beauté inattendue, victime et meurtrier se trouvant réunis en chantant une dernière fois alors que le rasoir repousse l’instant ultime. On évoquera à peine cette histoire de couple entre Anthony et Johanna, histoire d’amour insipide (elle aurait pu jeter sa clé à n’importe qui d’autre dans la rue) et désillusionnée (les démons du passés, oublié par Anthony pour se fixer sur l’instant présent) dont on se fout éperdument (on abandonne ces personnages à leur sort sans plus s’en soucier).

Vraiment, Sweeney Todd est un des films les plus aboutis, et le plus noir de Burton, qui pervertit la « simplicité » de son style conte en transformant ses personnages en monstres, en continuant à les aimer et à rendre leur destin d’autant plus tragique. Inoubliable.

 

6/6

 

de Tim Burton
avec Johnny Depp, Helena Bonham Carter

 

http://image.xyface.com/image/s/movie-sweeney-todd/sweeney-todd-149674.jpg

 

Sweeney Todd : Intéressante version que cette reprise du mythe de Sweeney Todd, qui a vu le jour quelques années avant la relecture Burtonnienne, avec Ray Winstone dans le rôle du barbier psychopathe. Il est assez bon de noter les différences de registres, David Moore tentant de donner une version très réaliste du mythe, en donnant à ses personnages une psychologie moins torturée, et plus crédible. Ainsi, Sweeney Todd est un ancien médecin qui a servi la couronne d’Angleterre pendant plusieurs guerres, et qui se reconvertit dans le métier de barbier, en installant son échoppe à proximité de la boulangerie de Mrs Lovett, dont il tombe amoureux assez vite. Mais celle-ci est mariée à un rufian de la pire espèce, qui la bat sans ménagement. Todd commence alors à accumuler sa rancœur, et bascule dans la folie quand un client gardien de prison lui décrit ses méthodes d’emprisonnement. Il découpe alors son cadavre et le jette dans la Tamise. Peu à peu, il prend de l’assurance, et libèrera madame Lovett de son époux. Mais il n’est hélas pas homme à palper la chair, et Mrs Lovett se satisfera donc d’un grand nombre d’amants qui la courtiseront pour sa beauté. Frustré sur ce plan, Sweeney restera reclus dans sa boutique, avant de recroiser de vieilles connaissances qui ont imprimé son passé, son père, qu’il tentera d’épargner. Ici, point de mécanisme permettant aux cadavres de rejoindre la cave de Lovett pour la préparation, on travaille à la scie, et on débite de la viande à la main. C’est d’ailleurs intéressant de voir que cette idée des tourtes à l’humain se fait dans un coup de folie lui aussi, Todd déposant régulièrement de la viande comme cadeau chez Mrs Lovett afin de l’aider financièrement, et entreposant les cadavres dans une crypte de la chapelle mitoyenne. Sweeney Todd est ici une baraque, largement capable de maîtriser un homme durant ses meurtres, et animés de sentiments beaucoup moins manichéens, qui si ils réduisent son iconisation (quasi inexistante), lui donnent une authenticité qui convainc. Après, c’est un TV film de luxe, donc le cinéma, les beaux décors, tout cela sera rarement au rendez vous. Mais cette vision vulgarisatrice du mythe, sa simplicité et sa persistance à refuser de céder au gore lui donnent de solides arguments pour défendre un visionnage pas indispensable, mais plutôt riche. Inattendu, c’est un TV film au dessus de la moyenne qui ravira les amateurs de légendes urbaines.

 

4/6

 

de David Moore
avec Ray Winstone, Essie Davis

 

http://www.cappuccino-time.fr/wp-content/uploads/2010/09/sweeney-todd-4.jpg

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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