Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 août 2014 5 08 /08 /août /2014 23:58
La planète des singes : l'affrontement

Avec la planète des singes, on avait découvert un blockbuster audacieux qui transcendait la commande du matériau original et nous propulsait au coeur d'une révolution simiesque aussi enragée que communicative. La suite, on l'attendait tous avec impatience. Et la voilà qui arrive, sous la houlette de Matt Reeves, plutôt bon dans l'art de remaker (Let me in). Verdict : on est sur la mauvaise pente, mais ce n'est pas honteux.

L'histoire : Alors que 10 ans se sont passés depuis la propagation du virus, les humains survivants tentent de remettre en état un barrage pour subvenir à leurs besoins en énergie. Toutefois, ce dernier est sur le territoire des singes savants, plus nombreux.

La planète des singes : l'affrontement

Ah, il y a un parfum de déjà-vu qui flotte sur cet affrontement. Pourtant, c'était pas faute d'essayer de détourner nos attentes au cours d'une première moitié qui se révèle être la meilleure du film, à savoir une tentative de cohabitation direct entachée par un cliché humain si con qu'on souhaite direct sa mort. Mais le titre étant ce qu'il est, on sait que la situation va dégénérer, mais hélas, pas pour les bonnes raisons. Le film se vautre en effet sur plusieurs points, à la fois dans son scénario et dans ses détails. Si le cliché du connard à la gâchette facile est le principal problème de la première moitié, celle ci est un bon exemple de continuité vis à vis de son prédécesseur. En effet, elle se révèle plutôt conforme aux méthodes de communications des singes (via le langage des signes), ces derniers ne pouvant prononcer que des mots à une syllabes ou aux sonorités rudimentaires (un excellent point qui impose de regarder le film en anglais, la VF détruisant intégralement ce fragile équilibre). Et sur l'évolution politique et sociale des singes, elle est plutôt bien construite (même si on se demande quel rôle social jouent les guenons portant des ornements sur leur visage, ils n'ont pas encore de culte ou de concubines, que je sache). Et ce fragile équilibre se brise en mille morceaux quand la piste principale du script est découverte.

SPOILER :

Koba, le singe balafré du premier film, tente le coup d'état en assassinant César avant de faire accuser les humains. Ce singe développe dès le début une haine des humains. Mais cette haine, franche et simple, est sans cesse remise sur le tapis, alors qu'on a déjà compris, et de voir alors ce personnage clairement secondaire squatter le devant de la scène, alors qu'il cumule toutes les tares en mode gros cliché, c'est frustrant comme pas permis. Un banal putch avec en prime César qui a l'indécence de survivre pour revenir lui péter la gueule). Raahhhhh ! Putain de scénaristes paresseux ! Le plus frustrant, c'est qu'ils avaient en plus les bases du futur conflit : les singes s'estimaient supérieurs aux humains. Fascisme, ingérence, régulation d'un peuple menaçant mais aujourd'hui faible, il y avait largement matière à faire de la SF politique infiniment plus recherchée que ce cliché de scénario pondu en 5 minutes. Mais bon, le public est venu se divertir, on ne va pas se baser sur son intelligence. Et voilà que Koba (je vais l'appeler kabo à partir de maintenant) se met à parler en sortant des phrases construites avec des notions sortant du cadre simiesque ("on va leur faire payer !" vraiment ?), ils traquent les humains mais ne les tuent pas (ou pas beaucoup), Kabo agresse tous les principes de base de la société des singes et personne ne le remet en question... Les tares s'ajoutent les unes avec les autres. La meilleure, Gary oldman (bon personnage, moins con que ce que la bande annonce laissait présager) se sacrifie pour faire s'effondrer un immeuble... qui s'ébranle à peine avant ce rester bien en place. Un épic fail digne d'un The dark knight rises.

FIN DES SPOILERS

On arrive à la fin du film en se disant : "tout ça pour ça", un blockbuster à la carrure de suite faible qui exploite sans vergogne les bases sans les développer davantage. Heureusement, la débâcle scénaristique fout les singes dans la panade, les voyant maintenant obligés de faire face à un conflit qu'ils ont déclenché, plantant des bases solides pour le 3ème épisode (hélas annoncé à nouveau sous la direction de Matt Reeves). On peut s'attarder sur la facture technique, je laisse les geeks admirer le réalisme des singes, naturellement plus poussé ici pour filmer les nombreuses scènes d'action du métrage. De même, les personnages humains sont plutôt réussis dans l'ensemble. Côté singe, tout le monde est au rendez-vous, on ne peut hélas que déplorer la présence du fils de César, qui affiche une gueule de benêt pendant l'ensemble du long métrage. En résulte un gros morceau décevant, qui se révèle être le gros pétard mouillé de l'été, gâchant le potentiel qu'on lui offrait sur un plateau.

2014
de Matt Reeves
avec Andy Serkis, Jason Clarke

3/6

La planète des singes : l'affrontement
Partager cet article
Repost0
13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 12:17

hr_Transcendence_4.jpg

 

Je n’aurais pas misé un euro sur Transcendance, petit projet de SF qu’on nous vend curieusement depuis deux mois avec une bande annonce catastrophique (tous les temps forts y passent), sur le seul argument de la présence de Johnny Depp (alors qu’une brouette de seconds rôles conséquente est à disposition (Morgan Freeman, Cillian Murphy, Rebecca Hall…). Je pense que ce marketing aléatoire montre combien les distributeurs ne savaient pas comment vendre le film, qu’ils ont alors été tenté de résumer quasi intégralement dans leur bande annonce. En résulte un film sans surprise et plat, malgré ses thèmes et son ampleur.

L’histoire : Will Caster, brillant scientifique, s’apprête à lancer avec son laboratoire la plus puissante intelligence artificielle jamais créée. Hélas, des anonymous vicieux tentent de le tuer et empoisonnent son sens (parce qu’ils sont fourbes en plus). Sentant la fin venir, Will, avec l’aide de sa femme et d’un ami proche, tente de transférer son esprit dans le système informatique de son laboratoire.

 

transcendence-movie-morgan-freeman.jpg

 

C’est rageant de se dire qu’on est parfois devin sur la qualité des films avant de les voir, mais devant une telle montagne d’idées intéressantes adaptées sans la moindre subtilité, on est tout simplement en pilotage automatique. Je défie le moindre spectateur de donner un évènement surprenant ou inattendu en 1h50. A moins de ne pas avoir vu la bande annonce. Mais même dans ce cas, le spectateur ne verra que la performance à peine correcte de Johnny Depp. Tout le reste se tient bien cantonné dans le fond, ne faisant jamais le moindre effort d’implication au-delà de la figuration (je ne respecte plus Morgan Freeman depuis bien longtemps, ce film me montre combien j’ai raison). Dans ses thématiques, le film parle d’esprit humain libéré et amplifié par la machines, qui se met à élaborer des technologies ultra avancées montrant à la fois des bons côtés et des mauvais (comme toutes les technologies). Et là, on sent que le script veut insister sur le mauvais à des fins de suspense pour faire peur, mais jamais l’angoisse ne viendra un instant effleurer le spectateur. Tout juste entendra-t-il une accélération de la musique et quelques mouvements de caméra agressifs, mais le film n’ira jamais beaucoup plus loin. Enfin, il convient de parler comme il se doit des résistants présents dans ce film : les Unplug (que je préfère renommer Anonymous). Utilisant des méthodes de guérilla terroriste, militant contre les ordinateurs sophistiqués en usant des Asus dernier cri et prônant la limitation technologique à force d’assassinat parce que Skynet, ils sont aussi charismatiques que les écologistes arracheurs d’OGM qui te chient sur des années de travail scientifique parce que. Leur chef est une gothique mal maquillée tout à fait à l’image qu’on se fait des geeks de sexe féminin, et jamais on ne sera surpris de les percevoir comme des méchants puis en fait oh, ils ont pressenti le potentiel dangereux de l’affaire (mais bon, ils ont tort quand même). Tout ce gloubi boulga pour culminer dans une révélation finale qui avait de l’idée, mais qui se révèle tellement utopique qu’elle déclenche plus un rire forcé qu’autre chose. Je viens de mentionner les écolos anti OGM, le final vire pourtant sur une écologie technologique complètement irréalisable, mais mignonne. Pour prétendre faire de la SF, un minimum de cohérence ne ferait pas de mal. Parce que ça arrive de façon gratuite, comme si en fait, fallait montrer que les Anonymous ont tort (même si ils sont contre la création de zombies télécommandés), donc tant qu’à faire, Johnny Depp sauve le monde à défaut de le faire sauter. Réglage de tous les problèmes en 2 jours grâce aux nano-technologies. CQFD. Et les bouleversements des équilibres naturels suite à d’aussi radicaux changements ? Va te faire foutre, tu te prends trop la tête. Transcendance, ou l’art de faire simple en ayant l’air compliqué.

 

1,5/6


2014
de Wally Pfister
avec Johnny Depp, Rebecca Hall

 

transcendence-kate-mara-paul-bettany.jpg

Neeeeeeeeerd !

Partager cet article
Repost0
13 juillet 2014 7 13 /07 /juillet /2014 11:31

Her

her-movie-poster.jpg

 

Her est le pilier SF de l’année, ayant réussi à trouver un concept futuriste aussi crédible que révélateur des chimères humaines. Les sentiments, les attentes, les espoirs de chacun restent les principales causes de dépressions et de mal-être dans une société toujours plus ergonomique, où le confort et l’individualisme sont érigés comme le bonheur accessible à tous. Et dans ce climat morose arrive la dernière invention à la pointe, OS-1, promettant de réaliser votre souhait le plus intime : être enfin compris totalement par quelqu’un.

L’histoire : Theodore est employé dans une entreprise de rédaction de lettres personnelles. Employé sans histoires, sortant d’une rupture, il décide de s’acheter le dernier gadget à la mode, un ordinateur OS-1 doté d’une intelligence artificielle susceptible d’évoluer en étant programmée pour comprendre son acquéreur.

 

her-joaquin-phoenix-14.jpg

 

On saisit dès son introduction le climat étrange qui va se développer dans Her. Nous sommes dans un futur moderne, où peu de choses ont changé sinon la tendance new age de la décoration et les technologies de communications toujours plus pratiques. Théodore écrit des lettres sur commande, mettant ses sentiments au service de gens qui n’ont pas le temps, ne veulent pas s’en charger, ou simplement qui ne savent plus comment communiquer avec les êtres qu’on aime. Le constat est morose, mélancolique sans être désespéré, il plante une tendance, qu’il confirme avec le comportement de Théodore. Célibataire, bientôt la quarantaine, gentil, sans histoire, un peu lisse, il vit au rythme langoureux de sa ville, écoute ses chansons mélancoliques dans les transports en commun comme tout le monde, a ses amis réguliers, s’investit dans les jeux électroniques… Le futur de Her présente un individualisme plus affirmé, plus abouti, où chacun développe son petit cocon avec d’autant plus de facilité qu’on lui présente des outils plus adaptés à cet état sécuritaire. Mais dans ces conditions, les relations sociales deviennent plus difficiles, plus risquées… Plus personne ne supporte d’être au dépend de l’autre, de se contraindre sur le long terme. Théodore ressent cela avec les nouveaux contacts qu’il aborde. La scène d’orgasme par téléphone interposé plante immédiatement ce concept de se servir de l’autre pour arriver à ses propres fins, quitte à ignorer totalement ses réactions (c’est d’autant plus facile par téléphone et sous pseudo). Puis arrive le OS-1, enfin une personne toujours en contact, à disposition, un esclave intellectuel moderne, sensé être soumis à la volonté de son acquéreur, tout en conservant une part évolutive pouvant créer la surprise et l’innovation nécessaire à la durabilité d’une relation. On savait que Her allait parler d’une relation amoureuse entre un ordi et son propriétaire. Elle n’aurait pas pu être développée plus finement. Progressivement, démarrant sous l’angle de petits services (l’intelligence artificielle est une aide incroyable au quotidien question organisation), Théodore livre de plus en plus sa perception du monde et des sentiments, laissant l’ordinateur s’adapter à son caractère et le conforter dans ses positions. Le fait de ne pas être jugé, appuyé et épaulé au quotidien, c’est l’essence d’une amitié positive, surtout quand l’échange se fait des deux côtés façon complémentarité. Et avec le simple usage d’une web cam et d’une oreillette, l’OS-1 peut interagir en direct avec le monde extérieur. Jamais irréaliste (seul le concept d’intelligence artificielle désarçonne en montrant un objet prendre des initiatives et des décisions), la relation qui s'établit a une spontanéité et une force qui la font radicalement sortir des rapports policés habituellement entretenus avec le monde quotidien. L'épisode du rencart au restaurant permet de dépeindre une nouvelle facette des rapports humains : l'impatience du rendement sur investissement. Les gens n'ont plus de temps à gaspiller avec des rapports humains annexes, ils veulent un investissement immédiat et fort, pour avoir vraiment la sensation de vivre et d'avoir des rapports enrichissants. Ils sont pressants et ont des attentes, qui posent déjà des conditions dans la relation. L'OS-1, lui, s'en affranchit. Il cherche constamment des solutions en cohérence avec la pensée de son propriétaire, et s'enrichit parallèlement via une connexion internet ininterrompue. C'est d'ailleurs via cette évolution que le film amorce sa chute. Il place la fin des relations amoureuses comme une étape obligatoire, un inévitable évènement, dû à l'évolution de chacun des deux partis. Dans le cadre de l'ordinateur, sa personnalité accélérée et ses capacités électroniques lui permettent d'avoir des centaines de conversations parallèles, et de privilégier ceux qui lui semblent plus intéressants. Une intelligence poussée et non bridée qui tend à s'émanciper et à vivre ses relations librement et sans attache. C'est là que le concept d'amour entre en conflit, car il implique aussi d'être en partie dépendant/soumis.

En posant ces bases, Her façonne un monde et le découvre sous un angle aussi simple que bienvenu. Les évolutions sont possibles en fonction de chaque personnalité, ce qui offre un matériau riche propice à toutes les spéculations (comment évoluerait un ordinateur acheté par un asocial ? Les ordinateurs pourraient-ils développer une conscience commune ?...). En cela, et parce qu'il reste humble vis à vis de ce qu'il expose, Her est le film de SF le plus ambitieux de l'année, trouvant l'intelligence du concept et l'exposant avec une sensibilité vraiment touchante (les sentiments sont captés avec une acuité remarquable (le couple d'amis qui se désagrège peu à peu, le collègue de bureau faisant de discrètes avances, tous cherchent des repères sentimentaux pour s'épanouir...)), suffisamment pour immerger sans peine le spectateur et lui offrir la dose de SF qu'il attendait. En tout point remarquable.

 

 

5/6


2013
de Spike Jonze
avec Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson

 

her-film-01.jpg

Partager cet article
Repost0
5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 13:38

Robocop_remake_fanposter.jpg

 

Après la stratégie ender et hunger games 2, le blockbuster 2014 qui faisait craindre le pire se nommait Robocop. Après un chef d’œuvre comme le film de Paul Verhoeven, voir un remake venir repomper le succès de l’ancienne formule a indigné les cinéphiles pendant de longs mois. Les rumeurs parvenues sur le tournage rendaient la chose encore plus redoutable, le réalisateur José Padilha parlant d’un véritable enfer dans le refus de nombreux concepts et idées par la production. Pas de quoi espérer quand chose, et les trailers très technologiques promettant de grosses scènes d’action n’aidaient pas non plus à convaincre. Il en ressort finalement un divertissement tout à fait honnête et tout aussi fascinant que ses prédécesseurs, malgré quelques ratées.

L’histoire : alors que l’Amérique a déjà établie une ingérence robotique sécuritaire de plusieurs pays, une loi continue d’empêcher le développement du système à l’intérieur du pays. Afin de renverser l’opinion publique en sa faveur, la compagnie de construction des robots décide de fabriquer un prototype enfermant un humain dans une machine, contournant ainsi la loi anciennement promulguée.

 

article-0-156A4A67000005DC-282_634x434.jpg

 

RoboCop 2014 est une excellente surprise en soit, puisqu’il a parfaitement intégré le fascinant concept socio-politique qui entoure Robocop, et qu’il décide lui aussi de l’explorer, en se fixant ses propres règles et en développant son univers. Le remake prend la meilleure tournure qui soit, sans que ses cafouillages ponctuels viennent en diminuer l’impact. Le politiquement incorrect est nettement moins jubilatoire que chez Verhoeven, certes, mais il est bel et bien là, ciblant avec justesse les enjeux qui entourent Robocop, et leur évolution, en prenant des pistes parfois inattendues. Si la question d’Alex Murphy est vite réglée (le réal en profite pour amocher salement Lewis), le film cerne avec une bonne justesse sa condition de cerveau artificiellement maintenu en vie, et commence par faire ressentir le traumatisme en montrant Murphy avec ses seuls systèmes vitaux. Robocop passe la première partie du film sous anti-dépresseurs parce qu’il veut mourir et que les médecins le maintiennent en vie (par enjeu politique, des contrats unissant le chercheur du projet à l’Omnicorp finançant ses travaux). RoboCop sait cultiver les enjeux, autant qu’il sait développer ses personnages et aller dans un sens intéressant. Le chef de l’Omnicorp devient un business man sans morale, mais apte à cerner les attentes du public et à vouloir les combler. Conscient des enjeux du projet, il réalise de bons choix par calcul, et sa logique est limpide. Le docteur chapeautant la conception de Robocop, spécialiste en prothèses robotiques, y voit une énorme opportunité, à la fois juteuse et humainement noble. Mais l’humanité de Robocop, celle qui est promue sur l’affiche, devient vite un problème, limitant son efficacité en face des robots de combats programmés pour appliquer sommairement un programme. Les médecins diminuent alors la part de conscience de l’homme, progressivement, laissant la machine combattre à sa place, tout en lui donnant l’illusion du contrôle. Un très intéressant concept habilement mis en valeur, aidé par le réalisme de la très lourde maintenance du robot (contrôle technique tous les jours, régulation hormonale et nutritive des parties organiques, rien n’est laissé de côté). Robocop, c’est une conscience peu à peu étouffée par des règlements hormonaux et un contrôle de plus en plus poussé de la machine, qui finalement ne brandit plus qu’un visage pour rappeler l’idée originale du projet. La quête de vengeance revient évidemment, entrainant des dérèglements du système de contrôle. C’est peut être cet aspect de Robocop qui convainc le moins, les brusques dérèglements (et une mise en valeur inégale du traumatisme de Murphy) n’étant jamais expliqués.

 

RoboCop-131121-06.jpg

 

Car concernant l’entourage familial de Robocop, le schéma suivi est bon. On pouvait craindre des retrouvailles cucul la praline entre l’homme de fer et sa famille, l’entrevue dure à peine deux minutes, et la déshumanisation de Robocop évacue alors les séquences familiales qu’on s’attendait à subir. Le scénario, bien ficelé, fait constamment évoluer ses enjeux, et quand de la corruption arrive, les enjeux politiques pointent alors le problème de la conscience de Robocop, qui outrepasse les ordres en s’en prenant aux personnes de pouvoir. Pas nouveau, mais les personnes puissantes n’aiment pas trop les forces qui font trop de zèle. Inutile de développer la façon dont le film présente les évènements, elle est excellente. Quelques petits regrets ça et là quand même : la vengeance de Murphy est éludée complètement à l’issue d’une gunfight en caméra thermique, la question de l’ingérence américaine robotisée est surtout exposée plus que traitée (l’attentat terroriste de l’introduction n’est pas très convaincant, malgré la mort du gamin abattu par les ED-209), mais c’est surtout la fin qui déçoit. Cédant à un peu de pyrotechnie avec de solides scènes d’action, le film foire sa cohérence en laissant Robocop abattre son « créateur » malgré le verrou technologique qui était implanté en lui. Le tout sans explication. Un détail impardonnable qui relève presque du sabotage quand on voit l’importance que ce film a attaché aux détails jusque là. Mais avec un discours aussi politiquement incorrect sur les médias (Samuel Lee Jackson trouve encore un rôle cynique dans lequel il excelle), difficile de bouder son plaisir. Robocop est un blockbuster nettement plus sympathique qu’on ne pouvait le croire, et il mérite largement qu’on se déplace pour admirer la performance. Même si la fièvre créatrice de ses concepteur a pu être étouffée comme la conscience de Robocop (cet aspect du film est-il cathartique ?), le résultat est un feu d’artifice bienvenu qui retourne à l’esprit des deux premiers, moins facétieux, mais plus actuel.

 

4,5/6


2014
de José Padilha
avec Joel Kinnaman, Gary Oldman

 

robocop-2014-movie-wallpaper-robocop-wallpaper-hd-robocop-b.jpg

Partager cet article
Repost0
5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 13:33

Last-Days-on-Mars-Affiche-Mars-Rouge.jpg

 

On ne le dira jamais assez, mais une bonne série B qui sort de nulle part et qui se révèle pourvue de solides qualités est toujours une surprise qu’on prend avec espoir et gratitude. On oublie Moon 44 et ses plagiats aux objectifs troubles (arhem…) pour se tourner vers le nouveau bel essai du genre : Last days on mars. Film surprise ayant fait son petit effet à Cannes, il se distingue, comme son ami The Colony, par un univers graphique très bien rendu et un contexte de SF traité avec un grand sérieux.

L’histoire : alors qu’une mission scientifique prépare le changement d’équipe (la rotation devant avoir lieu 19 heures plus tard), un des géologues découvre une anomalie moléculaire dans un de ses échantillons. Il retourne faire un prélèvement et tombe dans une crevasse.

 

19539311_20131025151049581.jpg

 

L’indéniable qualité de Last days on mars, c’est le rendu incroyable de son univers martien avec un budget visiblement modeste (seule la modestie peut générer l’anonymat d’un tel exploit). Jamais l’univers martien n’a été aussi crédible, et une expédition scientifique en territoire extra-terrestre aussi cohérente. Le design de la base, les véhicules utilisés pour l’exploration et l’acheminement du matériel… Tout est fonctionnel, et l’excellente finition des effets spéciaux numérique (le ciel n’est pas bleu, merci !) propulse le film dans la classe des séries B de luxe, qui parviennent à créer un excellent univers avec peu de moyens. Et question cohérence scientifique, le film se décide enfin à tenir la route, en s’appuyant sur des raisonnements scientifiques simples mais fonctionnels, et sur des personnages qui ne sont pas cons ! Enfin, merci, ça fait plaisir de voir des personnages qui réfléchissent un peu, et si leur caractère peut se révéler profondément agaçant, ça ne remet pas forcément en cause leurs compétences ! Jusqu’à la découverte de la forme de vie, le spectateur est tout simplement aux anges, se nourrissant de cet univers avec appétit, et appréciant un déroulement sans faille. Le problème vient peut être de la suite. Il est facile de citer Alien comme source d’inspiration (même si, pour le côté technique, ce serait plutôt Prometheus qu’il faudrait citer), et le script essaye donc de faire preuve d’un peu d’originalité. Et son idée est en cohérence avec la découverte du géologue (d’étranges structures organiques comparables à des fungus (comment j’étale ma science !)), dans une logique de créature monocellulaire primitive. Mais le résultat devient vite banal, devenant un enième avatar d’un genre facilement identifiable. Last days on Mars perd alors de son originalité, malgré une indéniable efficacité dans l’enchaînement des péripéties et les confrontations avec « l’organisme », cumulant dans un final musclé et bien fichu, mais hélas sans conclusion, fait hautement frustrant pour le spectateur. Il reste alors un bon souvenir du film, essentiellement pour ses décors incroyables et son excellent point de départ, un goût d’inexploité se faisant ressentir par la suite. En l’état, pas de quoi bouder son plaisir, le statut de série B du film laisse quand même une bonne part de divertissement, s’articule autour de personnages pas nuls (un peu brouillons, tout au plus), pour un résultat sans la moindre prétention qui témoigne de la sincérité de l’entreprise. Un film honnête.

 

4/6


2013
de Ruairí Robinson
avec Liev Schreiber, Olivia Williams

 

Last-days-on-mars_portrait_w858.jpg

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 16:41

42094.jpg

 

Tout le monde se rappelle de Michael Crichton au cinéma pour Mondwest, qui pose les bases de ce que deviendra Jurassic Park. Pourtant, il a également réalisé d’autres films, dont Looker, petite bisserie SF méconnue bien ancrée dans les années 80, pendant lesquelles il fut distribué. Un projet attachant, qui en profite déjà pour exploiter quelques petites idées de dénonciations des entreprises publicitaires. Un film tout à fait attachant.

L’histoire : plusieurs mannequins s’étant toutes faites opérer par le même chirurgien se suicident dans d’étranges circonstances. Ce dernier, menant l’enquête, découvre qu’elles étaient toutes employées par la même compagnie publicitaire…

 

Looker.jpg

 

Looker a cette petite fraîcheur de la série B intègre qui tente de faire honnêtement sa petite histoire avec des concepts attachants, qui compensent la mise en scène un poil ringarde (trop ancrée dans les années 80) par les idées qu’ils incarnent. S’ouvrant sur l’excellente musique de Sue Saad (« she is a looker »), Looker s’attaque gentiment à l’acharnement esthétique des mannequins conseillés par des firmes de casting aux critères de beauté calculés au dixième de millimètre, n traitant sobrement et efficacement son sujet (il évite le gore mais ne cache pas les tables d’opération). Commençant sous l’angle du pur physique (en prenant pour personnage central un chirurgien esthétique un peu gêné de n’opérer que des beautés perfectionnistes), le film lance gentiment sa trame d’enquête par plusieurs suicides et l’apparition d’un mannequin paranoïaque retrouvé mort peu de temps après. On sait que les compagnies publicitaires sont mouillées, mais en quoi ? En se focalisant sur de petites débauches d’effets spéciaux rétro, le film s’intéresse aux stratégies manipulatrices du traitement de l’image, cherchant à focaliser l’œil du consommateur directement sur le produit à vendre et numérisant discrètement ses modèles pour en faire des répliques numériques plus malléables et moins protégées que les modèles réels. Looker trouve alors un nouveau terrain : celui de l’image numérique. Mais il ne l’exploite pas, ou très peu, car il avait pour projet d’être une simple série B et qu’il ne sort jamais de ses marques établies. Il rate régulièrement des occasions (à l’image de cette dénonciation de la chirurgie esthétique perfectionniste flirtant avec le trash, mais toujours brève et rapidement zappée), et privilégie d’autres pistes plus incongrues, comme celle de ce tueur au pistolet à flash, responsable de cette vague d’accidents, et donnant du fil à retordre à notre chirurgien enquêteur. Finalement, c’est ce contexte d’enquête qui rend Looker quelque peu laborieux, ce dernier transposant les enjeux de son final en une sorte de western laborieux, opposant physiquement les différents protagonistes, sans grande cohérence ni véritable intérêt. Looker veut rester modeste et manque d’audace pour s’affirmer, et ainsi gagner la renommée qu’il pouvait mériter. Les restes sont quand même satisfaisants, plantant ponctuellement des idées et des réflexions sur la publicité et son impact sociétal. Avec en prime le moyen d’être visionnaire, hélas laissé de côté… Une occasion ratée, toutefois gentiment divertissante.

 

3/6


1981
de Michael Crichton
avec Albert Finney, James Coburn

 

looker.jpeg

Partager cet article
Repost0
20 décembre 2013 5 20 /12 /décembre /2013 16:37

4aaa76178f8567e05c8e8295c96171d8.jpg

 

Rolland Emmerich, c’est un type qui a une vision du cinéma ! On lui file 100 millions, et il est capable de faire un blockbuster allant du divertissement correct à la monumentale purge. Avec un petit capital sympathie ça et là pour la débilité profonde de l’humour ou des enjeux soulevés par des scénarios pas légers. A l’instar de son concurrent (nettement moins respecté) Paul W. S. Anderson, il semble que ce soient ses premiers films qui se révèlent finalement être les meilleurs de sa filmographie. Avec un Universal Soldier sympathique, Rolland a également fait fort avec le méconnu Moon 44, qui se révèle être une modeste série B aux arguments stimulants.

L’histoire : Les installations d’extraction de minerai extra-terrestre d’une multinationale sont régulièrement attaquées et pillées par un ennemi inconnu. Afin de subvenir au manque de pilotes assurant la défense de leur dernière base, ils engagent des prisonniers. Ils infiltrent parmi eux une taupe chargée d’enquêter sur d’éventuels espions présents dans le personnel.

 

1709603-rDVtXUBh8DJA9a_hkjnQSaWDbRGouu-HBbTrGwnt72FRQ_8vzx9.jpg

 

Avouez que ça vous rappelle le bon souvenir d’un Outland ! Sérieusement, l’univers de cette série B est suffisamment stimulant pour mériter clairement une gentille réévalutation de l’anonymat dans lequel le film est maintenu. Certes, inutile de chercher la subtilité. Les différents personnages sont tous des enclumes dont on juge de l’étoffe au premier coup d’œil (entre le stewart effeminé, le blondinet sadique, la montagne de muscle et le héros clope au bec…), l’histoire est sans fioritures, les ingrédients sont dans le plat, bien identifiables. Mais cela ne gâche pas pour autant le plaisir de découvrir un monde dont on explore peu à peu la fonctionnalité. La façon dont est amenée l’exploitation minière de l’espace (minimaliste : minerai = carburant) est bien amenée par l’intermédiaire de conseils de direction réalistes, et c’est finalement dans l’enjeu de cohabitation entre les détenus et le personnel normal des installations que le film finit par développer le plus. Quand des contraintes économiques poussent une multinationale à employer la seule main d’œuvre qualifiée qui lui reste (les prisons militaires) à des coûts minimes (simple réduction de peine), quelles situations sont amenées à apparaître ? En l’état, des exactions apparaissent vite dans les deux camps, parfois avec une violence inattendue de la part d’un réalisateur comme Rolland Emmerich (le viol d’un opérateur dans une sordide salle de douche). S’entame alors un jeu de coup pour coup discrètement joué dans le dos des militaires chargés d’encadrer la manœuvre, n’hésitant pas à sacrifier quelques personnages dans l’affaire. Malheureusement, le film ne saisit jamais complètement ce sujet à bras le corps, et ferme trop vite des pistes excellentes (violé par le détenu dont il avait la charge, l’opérateur chargé de guider son appareil l’écrase dans un ravin… Dilemme intéressant… à l’issue décevante). On voit vite d’ailleurs que le film jongle avec différentes idées, sans en développer une particulièrement. Il y a donc les patrouilles de défenses avec les exercices, bien sûr (très Avatar dans l’ambiance), mais aussi la fameuse traque de la taupe dans le personnel de la base, avec son petit lot de fausses pistes. Des détails sensés densifier le suspense, sans jamais prendre réellement. Toutefois, le film tente de faire des efforts pour assurer une petite cohérence à l’ensemble, et parvient surtout avec ses patrouilles à faire voyager un peu la caméra, en nous aventurant à l’extérieur de la base. On sent un budget pas très mirobolant dans les maquettes filmées en gros plan évident, aux explosions pas toujours maîtrisées et aux décors pas toujours bien éclairés. Mais ces inconvénients techniques, fait rare, le film n’est pas handicapé par ses acteurs, parmi lesquels on retrouve des trognes aussi sympathiques que celle de Malcolm McDowell. Des petits détails qui font plaisir, et qui contribuent à faire de Moon 44 un petit plaisir léger dans son domaine, suffisamment original pour assurer le divertissement, mais pas assez loin hélas pour devenir un film notable. Une honnête entreprise.

 

4/6


1990
de Roland Emmerich
avec Michael Paré, Lisa Eichhorn

Partager cet article
Repost0
15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 14:40

PHOTO-Un-superbe-poster-pour-Hunger-Games-L-Embrasement-ave.jpg

 

Avec Hunger Games l’embrasement, nous sommes sensés passer aux choses sérieuses. Après un premier opus assez mitigé, la suite développe donc les bases politiques qu’elle avait initié, et poursuit la volonté de son prédécesseur de faire un film prenant, en affinant davantage les détails. Plus axé sur la politique et la gestion des foules, cette suite surprend agréablement, tout en ayant le bon goût de lisser les défauts de son prédécesseur…

L’histoire : Catnisse et Peeta, revenu vainqueurs des Hunger Games, exécutent leur tournée annuelle dans différents districts. La situation de tension entre certains et le Capitole risquant de provoquer des émeutes, le président décide d’organiser une nouvelle cession du jeu de massacre.

 

hunger-games-catching-fire-jennifer-lawrence-josh-hutcherso.jpg

 

Développement de son prédécesseur en maîtrisant davantage son sujet, L’embrasement correspond à tout ce qu’on pouvait attendre d’une suite décente. Conservant sa cohérence esthétique tout en s’intéressant à des sujets un peu sombres (le maintien de la stabilité du régime politique par les armes, l’importance capitale des symboles en politique, les leurres que jouent les émissions télévisées…), le film affine aussi ses personnages, à la fois au niveau des sentiments mais aussi question intelligence (merci de donner au Capitole des conseillers adroits et fins, qui ont conscience des enjeux qu’ils manipulent et qui peuvent avancer des idées intelligentes pour parvenir à leurs fins). Le film trouve un petit sujet avec le jeu amoureux à interpréter devant les caméras, et si il évacue plutôt intelligemment le sang (relativement peu apparaît ici), la violence rejaillit ponctuellement avec force (la séquence de fouet, bien sûr, la sortie du styliste…), clôturée par un final assez intense promettant une certaine détermination pour les prochaines suites. Merci donc au réalisateur d’avoir pris en main le matériau original et d’en avoir conservé la détermination. Ici, la partie survival est réduite au minimum, grand bien pour nous, le film trouvant son efficacité largement ailleurs. Toutefois, cette partie est largement moins ratée que celle de son prédécesseur. Sans montrer de sang, les images sont enfin stables et lisibles, les actions claires, et le doute sur le travail d’équipe rajoute quelques incertitudes tout à fait valables dans le cadre du suspense. Hélas, le dénouement de cette partie se révèle complètement frustrant, car abandonnant nos personnages dans une situation de crise intense, avant de passer tout simplement à autre chose… Comme manière de conclure, on n’est pas loin d’un Bilbo II… Mais malgré cette déconvenue (frustrante, j’aurais aimé connaître le sort de la combattante du district 7), le film va à l’essentiel sur le développement de son intrigue, sans temps morts. On trouve même nos personnage affiné, à l’image de Effie, considérée comme une connasse crispante dans le premier (sort complètement injuste et simulé), reste toujours assez frivole, mais éprouve quand même des sentiments humains, merci, ça fait plaisir. Notre héroïne conserve sa carrure d’outsider et la joue avec cohérence. C’est finalement l’absence de gros défauts qui tirent vers le haut cette suite digne, qui continue à adapter en essayant de tirer la sève de son matériau d’origine. Bonne tentative, à suivre…

 

4,3/6


2013
de Francis Lawrence
avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson

Partager cet article
Repost0
1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 10:06

Solaris-film---2002-003.jpg

 

Vu l’aura de chef d’œuvre d’un monument comme Solarys de Tarkovsky (chef d’œuvre intouchable qui s’annonce aussi… profond que 2001 sans le budget), en proposer un remake relevait du quasi suicide. Relevant sa casquette, le cinéaste Soderbergh relève pourtant le défit en 2002, en se lançant dans un remake produit par Cameron avec un casting sobre mais fonctionnel (Clooney, McElhone pour le couple de tête). Un projet mal-aimé dans la carrière du réalisateur, sans doute exagéré malgré sa mise en scène lénifiante.

L’histoire : le psychothérapeute Chris Kelvin est contacté par la station spatiale basée en orbite autour de Solaris, afin de convaincre les astronautes qui y sont stationnés de revenir à la base, sur Terre. En se rendant sur place, Chris découvre qu’un étrange phénomène a complètement perturbé les astronautes, en provoquant la mort de certains.

 

solaris.jpg

 

Solaris est un film de science fiction chiant. Clair et net. Pour la courte durée de 1h30, le film paraît en durer 3, comme si le réalisateur dilatait le temps et voulait s’attarder au maximum auprès de la planète Solaris. Il jette très vite les bases de son héros, le mandate via un énigmatique message et des gardes armés chargés de l’escorter, et moins de 10 minutes après le début du film, nous sommes déjà devant l’impressionnante séquence d’accostage de la navette sur la station spatiale, parés pour commencer l’aventure. Une aventure somme toute humaine, qui s’éloigne radicalement des spectacles pop corn à la Event Horizon et autres Supernova mal famé pour donner dans l’effusion sentimentale pure. La planète Solaris provoque une incroyable mélancolie, car il semble qu’elle ramène à la vie les êtres que l’on a aimé et qui ont péris. Ainsi, chaque astronaute a développé une façon de réagir en face des retrouvailles avec ces morts ressuscités à l’identique, mais qui semble façonnés uniquement à partir des souvenirs des astronautes (pour être plus clairs, ce n’est pas leur personnalité reproduite à l’identique, mais la personnalité tel que l’astronaute la comprenait). Solaris, c’est en quelque sorte Sphere à échelle réduite, débarrassé de l’horreur pour n’en garder que le potentiel émotif. Les maux dont traite Solaris sont complètement affectifs, et passent surtout par l’intermédiaire de flash back (apparaissant au fur et à mesure que les proches recréés vivent, des souvenirs affluent). Un bon bain de psychologie dont, puisqu’il s’agit de SF minimaliste où les astronautes voient un proche qu’ils ont aimé revenir, mais dont le comportement et les actions changent peu à peu au fur et à mesure que la situation évolue (ils n’ont pas conscience qu’ils ont été morts, ne savent pas comment ils ont été recréés, ils apparaissent simplement avec le lien affectif qui les retenait avec l’être cher). Dans un tel climat, on comprend pourquoi le film est chiant, vu qu’il s’agit de personnages qui n’arrêtent pas de parler, et dont les enjeux sont purement relationnels et affectifs. Pas de monde à sauver, pas de menace sourde (du moins, pas tant que les émotions sont contrôlées), simplement un phénomène fantastique qui ébranle à la fois les recréés et les astronautes. Un autre bon point : le visuel. Solaris est peut être un des plus beaux films de Soderbergh, doté d’une photographie magnifique et d’une esthétique futuriste minimaliste vraiment séduisante (sur grand écran, même si on s’ennuie, c’est un bonheur de tous les instants). Le budget a été très correctement utilisé (les séquences spatiales sont léchées, les décors de station tout à fait opérationnels), et en tant que film de SF, Solaris se place à l’égale des grands dans le visuel. Hélas, le rythme complètement plat et la présence de certaines séquences purement esthétiques ralentissant encore davantage le débit rendent Solaris pesant à regarder, avec une grande envie de conclusion au cours de la dernière demi heure. Triste de voir un potentiel pareil réduit par un rythme aussi mou, mais c’est un parti pris, visant à communiquer au spectateur la langueur éprouvée par ces explorateurs de l’espace oscillant entre nostalgie et dépression. Un petit essai intéressant donc, volontiers emmerdant, mais d’une sacré beauté, sur tous ses aspects…

 

4/6


2002
de Steven Soderbergh
avec George Clooney, Natascha McElhone

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 07:01

3991.jpg

 

Blade Runner est un monument du film de SF. Porté par des créateurs de folie (Ridley Scott, Vangelis…), le film a tout de l’œuvre sacré, du film au potentiel tellement riche que tout fan de SF tombera en admiration devant le bestiau. Malheureusement, le film a sans doute vu les choses en trop grand, nous offrant un des futurs les plus fascinants qui soient, hélas desservie par une trame poussive et un manque de cohésion artistique…

L’histoire : En 2016, dans un Los Angeles urbain qui s’est complètement étendu en s’asiatisant, un blade runner traque un groupe de 4 réplicants, humains fabriqués en laboratoire venus rencontrer leur créateur.

 

blade-runner-2.jpg

 

Blade Runner est un film pour lequel j’ai toujours été mitigé. On aura beau dire chef d’œuvre, plusieurs choses dans le film empêchent de pénétrer pleinement dans le spectacle. En cela, deux principaux points noirs. Blade Runner est un film poussif. Il y a régulièrement de longues séquences où il ne se passe rien, où l’action est suspendue. Certes, Ridley veut sans doute s’attarder sur la beauté des décors (magnifiques, nous y reviendront), mais traîner dans un film de SF pareil en traînant à faire avancer une histoire déjà très simple (franchement, la trame est d’une simplicité enfantine, minimaliste même, et brulant parfois ses cartouches trop vite (la mort du second androïde, très vite expédiée), c’est jouer avec la patience du spectateur. D’où l’impression finale d’avoir vu un potentiel à peine exploité. L’univers qui s’étant sous nos yeux est fascinant, de quoi remplir largement plusieurs films (société clonant et améliorant le génotype d’animaux de compagnie (et d’humains pour créer une sorte d’esclavage légal), futur américain sur lequel l’apport culturel asiatique a déteint, et évidemment des réplicants qui revendiquent leurs émotions et agissent comme des humains, avec violence et passion). Tout ce mélange est enthousiasmant, évidemment. Cela forme un futur sombre, vivant et fonctionnel. Mais Ridley va à peine au-delà de l’approche esthétique. C’est là, bien dans le paysage, mais ce n’est pas ou peu approfondi (les sentiments des réplicants sont réduits au minimum, la performance de Rutger Hauer dans la dernière demi-heure remonte beaucoup le niveau). Reste la majesté des décors, éblouissante. Le soin apporté aux effets spéciaux est le point fort majoritaire de Blade Runner, tant chaque plan de la cité futuriste devient un régal pour les yeux. Un léger vieillissement pour les effets spéciaux des voitures volantes, mais rien qui ne gâche outre mesure le plaisir de voir un futur aussi cinématographique (sombre, empli de fumée, aux cheminées d’usine côtoyant les immeubles d’habitation…). En fait, le film aurait pu tout emporter simplement avec ses décors, si Vangelis n’avait pas tout foiré. J’adore le travail de Vangelis (1492 restera définitivement une de mes bandes originales favorites), mais ici, pendant les ¾ du temps, la musique déssert le film. Difficile de savoir où ça a merdé, mais si les ambiances du film à l’image imposent quelque chose de sombre, la musique de Vangelis semble avoir été conçue pour un polar plutôt serein, un polar new age, pourrait-on persifler. Résultat : le décalage entre les ambiances musicales et visuelles est tel que bon nombre de séquence perdent de leur charme (souvent au cours des vues aériennes de la ville). Le meilleur exemple doit être l’exécution du premier réplicant, abattu par Harrison Ford dans un magasin de vêtements. Les images sont sublimes, le ralenti excellent… et la musique complètement à côté de la plaque, voulant jouer sur un décalage mélancolique raté. La musique de Vangelis est bien, mais pas pour Blade Runner (seul le thème principal aurait convaincu, manque de pot, il n’arrive qu’à partir du générique de fin. Restent, en plus des décors, de nombreuses initiatives (Harrison Ford est un anti héros qui tombe logiquement amoureux d’une réplicante, parcours intéressant réduit à peu de choses : un morceau de piano, une étrange étreinte, une fuite) viennent enrichir le projet. A défaut de convaincre (le côté SF concernant les réplicants est décevant, en dehors des dialogues avec le créateur des réplicants, ne s’embarrasse pas de détails), le film ouvre une fenêtre sur un monde fascinant, avec toujours le style visuel de Ridley qui flatte immédiatement la rétine (magnifiques éclairages, effets spéciaux à tomber (on remarque même le soin apporté aux yeux des réplicants)), en nous offrant une ballade futuriste ultra ambitieuse qui tire son épingle avec les à-côtés.

 

4/6


1982
de Ridley Scott
avec Harrison Ford, Rutger Hauer

 

bladerunnerroybatty.jpg

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de voracinephile
  • : Le cinéma en grand, comme je l'aime. Points de vue, critiques, discussions...
  • Contact

Profil

  • voracinephile
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.

Recherche