Après une excellente surprise avec Mission Impossible 4, l’envie de se remettre au niveau sur le reste de la saga était grande. Et quoi de mieux pour se mettre en jambe qu’un bon petit nanar ? Mission Impossible 2, acheté spécialement pour l’occasion à 2 euros au marché aux puces, peut-il faire le bonheur d’un nanardeur endurci. Il a en tout cas l’étoffe, ne lésinant pas sur les effets nanards.
L’histoire : Ethan Hunt, immortel, se voit mis sur une épineuse affaire de vol de virus…
"Haaa... Je bande !"
Un vrai bonheur pour l’amateur de mauvais film que cette mission impossible 2, qui en l’espace d’un seul film devient un solide concurrent nanar de Moonraker. Surpassant Bond pendant ses heures de gloires, Tom Cruise ne cesse de gratifier la caméra d’un sourire étincelant, conscient qu’il règne en maître dans cette saga dont il tient maintenant les rênes. Mais c’est avec John Woo que le nanardeur ressentira le plus de plaisir, alors que le cinéphile en sera constamment affligé. En effet, avec Mission Impossible 2, John Woo fait un pari avec lui-même : Est-ce que je suis intelligent au point de filmer des détails que je ne remarque pas quand je tourne, mais qu’il serait bon de souligner en post prod par des ralentis fréquents ? La réponse est non, mais on s’en fout, John Woo rallonge son film d’une vingtaines de minutes (gonflant le tout jusqu’à 1h58) rien qu’en ralentissant la durée de certaines séquences. Vraiment, à par ralentir et gagner du temps, impossible de voir l’intérêt de montrer Ethan Hunt marchant au ralenti dans la salle des virus alors qu’il aurait davantage intérêt à se grouiller. Et en pleines scènes d’actions, on a régulièrement des incohérences hallucinantes qui jaillissent ça et là. On notera par exemple le tango des deux voitures sur une route de montagne, qui font du tourniquet à 100 à l’heure en prenant les virages (et au ralenti, ça va sans dire) sans se retourner ni partir dans le fossé. Mais le top du top, c’est le final abrutissant et son duel de lunettes de soleil entre un Ethan Hunt survolté et un Sean Ambrose qui grogne. Un duel de moto complètement naze, où nos conducteurs foncent l’un sur l’autre avant de sauter de la moto pour se percuter en l’air. L’occasion d’un duel mano-a-mano sur le sable, où Tom Cruise, tel une lame chargée d’écume (la caméra filme régulièrement les vagues pour faire classe), s’abat sur ce triste méchant pour le castrer une bonne fois pour toute et l’empêcher de nuire. On apprendra également qu’en tapant fort sur le sol, on peut faire voler des objets jusqu’à portée de main (j’ai essayé, mais vu que je suis un nanardeur, ça n’a pas marché). Niveau sentiments, ce film est bien sûr un éloge à la vie de couple « normalisée », où Tom Cruise est un bel étalon débordant de muscle (l’intro le montrant en train d’escalader un rocher en gonflant ses pecs et en se balançant de prise en prise est sans ambigüité) et Thandie Newton la belle plante à la courbe gracieuse (il faut voir Dougray Scott qui mime l’éjaculation précoce quand elle se déshabille, c’est juste imparable !). Tom Cruise tient le devant de l’affiche, il ne veut pas mettre en danger son nouveau plan mammaire. Mais elle, elle veut pour montrer qu’elle ne sait pas faire que la cuisine ou la vaisselle. Pendant ce temps, Anthony Hopkins nous fait de la psychologie féminine (« Pour ce qui est de coucher avec un homme et mentir, c’est une femme, elle a toutes les qualités nécessaires… ») et Sean Ambrose se rend sympathique auprès du public masculin avec une réplique bien sentie : « Tu connais les femmes, Hunt ! Elles sont comme les singes ! Elles ne lâchent pas une branche avant d’en tenir une autre ! ». Le genre de réplique tellement grosse et peu prévisible qu’elle donne envie de dire : « Propre ! ». Comme quoi, on aime avoir des postures qui sortent des clichés. Mais là où Mission Impossible 2 est perturbant, c’est qu’il s’agit d’un vrai film de parano. En effet, impossible de savoir si pendant le film on a les bons personnages en face des yeux, car ils ne cessent d’enlever des visages en plastiques à des seuls fins dramatiques. En fait, on voit une scène, et l’instant d’après son contraire parce qu’un personnage enlève un masque qui lui faisait un visage beaucoup plus petit. Mention spéciale à Hunt, véritable caméléon qui possède une vingtaine de masques stockés dans sa poche, applicables en moins d’une minute et représentant toujours les bons visages au bon moment. Un vrai montage nanar qui ruine à lui seul le film, toujours malhonnête dès qu’il s’agit d’un rebondissement. Enfin, on notera un petit caméo amusant avec le personnage de Youg, un tueur à la botte de Sean Ambrose, sorte de sado masochiste homosexuel qui passe son temps à se soumettre à Sean qui le brutalise à coups de coupe cigare ou de révolver. Un soumis de la plus belle espèce, qui fera littéralement éclater de rire tout public normalement déviant (« Ecoute Youg, il faut que tu saches que certaines personnes sont prisonnières de leur sexualité… » « Oh oui Sean, ouiiii… »). Mine de rien, Mission Impossible 2 est une sacré partie de plaisir pour le nanardeur averti, et une belle preuve que le pognon et un bon réalisateur (qui voit des colombes dans chaque explosion, le menu dvd est à se tordre de rire devant ce concept bancal) ne font pas un bon film. Un cas d’école !
0.5/6 mais un bon 14/20 nanar (car c’est long, quand même).
2000
de John Woo
avec Tom Cruise, Dougray Scott
"Tu as été une très vilaine sentinelle, Young..."
"Ah, oui j'ai été vilaine ! Oh Sean, je t'en prie Sean... Punis moiiii !"