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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 19:31

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Faisons écho aujourd’hui à un film qui a marqué l’histoire du cinéma : Highlander II, le retour. Suite du plutôt Highlander qui remporta un certain succès à sa sortie et qui jouit toujours d’une certaine réputation auprès de fans irréductibles, Highlander II ne cherche pas à faire dans la facilité et décide de surprendre tout le monde en ajoutant de la SF dérivée de Star Wars à ses ingrédients. D’honnêtes ambitions qui hélas ruineront l’ensemble du film et entacheront sérieusement la réputation de la saga cinématographique.

L’histoire : Après les évènements du premier film, la pollution sur terre est telle que la couche d’ozone a complètement disparue. Pour protéger l’humanité des rayons du soleil, McLeod lance une grande entreprise pour l’installation d’un bouclier sensé dévier tous les rayons du soleil. Bien des années plus tard son passé le rattrape et révèle les origines des immortels.

 

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Si ce brutal revirement sur la SF fait décidément très série B des années 80 alors qu’on entame les années 90, on peut à la rigueur l’accepter, et il faut avouer que ce tournant imprévu emmène la saga vers de nouveaux horizons. Bien trop loin, hélas… Car à force de vouloir faire dans l’inédit et de rajouter des idées à foison, le film part complètement en couille. Déjà, l’humanité qui plongée dans l’obscurité devient neurasthénique et qui vomit sur McLeod, c’est involontairement drôle (on voit la petite illustration des masses jamais contentes). Mais quand on apprend que c’est un extra terrestre, que Sean Connery est de retour sans tenir d’un petit détail du premier film (sa mort, enfin, on ne va pas s’arrêter sur une bagatelle de cet acabit), on sombre dans le nanar. Impossible de prendre le film sérieusement après cela. Et pourtant, je trouve à Highlander 2 un certain charme. Outre le plaisir régressif de voir un film très années 80, il faut être aveugle pour ne pas noter la direction artistique allouée à plusieurs scènes, comme le combat volant un peu ridicule, mais bien foutu, ou encore le face à face McLeod / Ironside dans un cimetière magnifiquement rendu. Il y a quelques restes de qualité dans Highlander 2, hélas insuffisants pour oublier ses monumentaux défauts. Je pense surtout à Michael Ironside, qui pour des raisons qu’on ignore, se lance dans le concours du méchant le plus cabotain de l’univers. A peine arrivé, il s’amuse à faire tomber le chapeau des dames, à bousculer des gens… Ouh, le gros vilain ! Puis il lance une rame de métro à 500 kms/h (depuis quand les rames de métro ont des moteurs de TGV gonflés aux lance fusée ?) en tuant tout le monde par centrifugation avant de lancer une punchline foireuse ( du genre « Terminus, tout le monde descend ! »). Et quand il casse les couilles du connard de service, c’est un régal (mais quand on dit qu’il les casse, c’est qu’il soulève le type par le pantalon, qu’on entend deux bruits d’œufs qui éclatent, avant qu’il ne le balance par la fenêtre du haut de 14 étages. Je suis méchant, mouhahahaha ! Impossible aussi de ne pas rire devant le cabotinage moyen de Sean Connery (qui reste toujours le personnage le plus charismatique), surtout quand il se met à concentrer la force de son corps pour repousser un ventilateur, avec une cornemuse qui braille à tout va ! De fréquents éclats de rire (dès qu’on voit Ironside, on sait qu’on va bien se marrer) pendant que l’intrigue avance d’une façon assez conne (en fait, la couche d’ozone se reforme comme par miracle) et que les combats s’enchaînent. On peut regretter aussi la présence d’accélérés particulièrement visibles, mais en l’état, Highlander II est un petit nanar sans prétentions, qui a un petit potentiel divertissant malgré son ridicule involontaire. A noter qu’il existe une nouvelle version du film, la renegate, plus longue d’une vingtaine de minutes, qu’il faudrait voir pour tirer définitivement une conclusion sur cet opus mal aimé…

 

1/6 et 10/20 nanar


1990
de Russell Mulcahy
avec Christopher Lambert, Sean Connery

 

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"On m'a dit que plus je faisais la grimace, plus j'avais l'air méchant... Gniiiiiiii"

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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 19:28

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INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS

 

Parlons aujourd’hui, pour changer, d’un véritable choc cinéphile qui m’avait laissé groggy quelques temps il y a 3 ans, se révélant tout bonnement traumatisant alors qu’il s’agit qualitativement d’un des plus mauvais représentants de son genre cinématographique. Tout le monde ou presque connaît Ichi the Killer, merveilleux OFNI focalisé sur l’ultra violence  hélas trop long sur la fin. On reprochait déjà au film une certaine perversité gratuite. Et bien, ceux qui ne le tolèrent pas s’évanouiront probablement à la vue de l’OAV Ichi the Killer. D’une violence insoutenable, nanti d’une qualité de dessin dégueulasse (digne des plus cheap séries animées pour enfants) illustrant des perversions bien plus dérangeantes que le film de Takashi, Ichi The Killer OAV est un pur film pervers, qui va encore plus loin dans son addiction à l’ultra violence.

L’histoire : Ichi est un adolescent qui est littéralement une victime, à toute heure de sa journée. Entre l’incapacité d’évacuer son stress auprès de sa famille et devant sa frustration de plus en plus envahie par sa libido, il ne cesse de se rapprocher du pétage de câble.

 

snapshot20130307224907

 

Si l’intro moche et cheap d’Ichi The Killer est un petit ratage (de l’humour un peu malvenu avec du gore, soit des éléments du film), il nous enfonce bien vite dans la crasse la plus complète. La « genèse » d’Ichi est d’ailleurs tellement malsaine que le film la découpe, en faisant un flash back qui entrecoupe le présent, où Ichi, à la sortie de l’asile psychiatrique, tente de se réinsérer (ce qui ne va bien sûr pas être une réussite). Il devient vite assez clair qu’Ichi the Killer épisode 0 VEUT être un film pour pervers. L’introduction continuelle d’une tension sexuelle se mêlant toujours aux saillies de violences et de frustrations dans l’histoire, le film a cette volonté de pervertir tout ce qui entoure Ichi, en en faisant une sorte de victime ultime, un être tellement pathétique qu’il en devient inhumain. N’importe quel personne dans sa situation craquerait en quelques heures, mais Ichi intériorise à un tel point (et toujours en s’excusant) qu’il en devient méprisable (il n’a aucune estime en lui, constat rédhibitoire pour ce qui est de son charisme, tout aussi inexistant). Mais pourquoi ce film, aux ambitions particulièrement sordides et aux animations dégueulasses, parvient-il à conserver l’attention du public ? C’est parce qu’il est d’un jusqu’auboutisme féroce. Quand on vous dit que l’ensemble de l’univers d’Ichi the killer est perverti, c’est que tout est perverti. Constamment humilié par tous les élèves de sa classe, blamé par ses professeurs et ses parents pour son niveau scolaire en baisse, Ichi est réellement le punching ball moral sur lequel tout le monde déverse sa bile. A la maison, il est tellement submergé par sa honte qu’il ne cesse de mentir à ses parents, qui continuent à peser davantage sur sa raison. Et qui continuent aussi à s’adonner à des scènes de sexe torrides, en laissant leurs cris parvenir à Ichi en train de psychotter seul dans sa chambre. La seule personne qui a l’air bienveillante avec lui est un autre élève, qui profite de cette empathie pour le racketter. Bref, la cocotte minute est sur le feu et au fur et à mesure que la pression augmente, le film enchaîne les épisodes malsains, comme la séquence de dissection de la grenouille, où notre Ichi ouvre l’animal encore vivant avec une trique de 10 mètres (hmmm, jouissance sadique). Cultivant une ambiance malsaine de tous les instants, avec des couleurs dégueulasses et une prédilection pour les effets stroboscopiques lors des déchaînements de violence, le film se fout de la vie de ses personnages, qu’il sacrifie à tout va dans une apothéose de crasse nauséeuse. Pour le coup, on dépasse de très loin le malsain punk d’un Livre de Jérémie, c’est anxiogène jusqu’au final. Le présent, avec Ichi tentant de se réinsérer, est nettement plus respirable, même si, on le devine, Ichi est sur le point d’être à nouveau manipulé, ici par son agent de réinsertion, un psychologue sensé l’aider à retrouver une vie normale, qui a bien sûr d’autre projets en tête pour notre psychopathe Ichi. Désirant le dresser à jouir de la violence, il le balance dans les bras d’une nymphomane masochiste, personnage immédiatement marquant et déterminant dans l’assimilation plaisir/souffrance de l’autre. S’achevant dans un combat ultra violent contenant tout le malsain déjà visible dans le film de Miike, cet OAV est un véritable uppercut tant il va loin dans la nausée de l’addiction à la violence, sans le moindre recul moral et avec un penchant assumé pour le malsain. On rajoute à ça une bande son atroce qui bizarrement, convient particulièrement bien à l’ensemble des séquences, contribuant largement au malaise global. Bien plus déstabilisant que le film de Miike (et moins long), même si souffrant un peu de sa surenchère.

 

5/6

 

2002

de Shinji Ishihira

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 07:49

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Il existe des films qui possèdent une telle puissance qu’ils éclipsent instantanément ceux qui ont pu passer avant ou après eux. Concernant le thème sulfureux de l’inceste, beaucoup l’abordent, mais n’en font souvent qu’une étape de leur scénario (une ribambelle d’exemple, le spectateur a le choix). Ceux qui se focalisent dessus sont nettement plus rares, et dans le cas de The War Zone, on tape clairement dans le sommet de la pile. Une première réalisation éblouissante de la part de Tim Roth, dont on n’attendait pas tant…

L’histoire : une famille anglaise, dans une maison de campagne isolée. Tom, la quinzaine, sent que sa sœur change de comportement. Il découvre peu à peu un drame bien plus grave que le passage de l’adolescence.

 

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Il y a des films qu’on aimerait chroniquer sur plusieurs paragraphes, mais qui sont si clairs dans leur mise en scène que cela n’est plus nécessaire. La réalisation, d’une efficacité remarquable, cerne avec une clarté de chaque instant le quotidien de la famille, se centrant essentiellement sur Tom, qui va peu à peu découvrir l’inceste, et surtout qui va devoir se confronter au choix de faire éclater la vérité et de détruire sa famille (ses craintes vont essentiellement vers sa mère, comme lui exclue de l’équation) ou de se taire. C’est ce qui anime la première moitié du film, qui plante un décor familial plutôt intime, où la proximité entre les acteurs forme un foyer tout à fait classique. Le travail des acteurs est admirable, et la mise en scène crue (le contexte famille et la nudité cohabitant pendant certaines séquences, on sent une volonté d’aller à l’essentiel. Le tout évidemment en mettant en valeur la psychologie et les sentiments de notre famille, qui s’avance de plus en plus dans la tourmente. Si la prestation de Ray Winstone est remarquable pour le naturel du personnage, c’est celle de la sœur de Tom, Jessie (Lara Belmont), qui impressionne le plus. Brisée par l’humiliation, déchirée par la culpabilité, elle tente d’abord de ne rien laisser paraître avant de le laisser dévier vers un martyr de son corps impur, au cours d’une belle scène choc où elle demande à son frère de lui brûler les zones érogènes avec un briquet. Bref, on arrête avec les détails, mais le drame, aussi sordide que banal, est joué avec une telle conviction par l’ensemble du casting que le film marque immédiatement la mémoire. Assurément une très grosse surprise, et une révélation du talent de Tim Roth pour moi (j’appréciais déjà sa gueule d’acteur, je suis convaincu maintenant).

 

4,8/6


1999
de Tim Roth
avec Freddie Cunlife, Ray Winstone

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 07:43

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Film d’action de John Woo aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas de raisons de ne pas varier les plaisirs. On le sait, le bonhomme a réalisé des monstres du cinéma d’action comme A toute épreuve ou le bon Volte Face. Mais hélas, il s’est avéré que notre réal avait, du côté américain, une certaine propension au navet, révélée de façon indécente dans Mission impossible 2, et à nouveau soulignée dans le film du jour : Paycheck.

L’histoire : un vrai génie de la race humaine se vend comme mercenaire innovant aux compagnies les plus offrantes afin de booster leurs projets. On lui propose alors un contrat de plusieurs années à la suite duquel il aurait un salaire exorbitant. Titillé par la curiosité, l’homme accepte. Puis, après une ellipse temporelle de 3 ans, il découvre pleins de trucs bizarres, notamment que le FBI et des tueurs sans pitiés sont à ses trousses.

 

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Pour un divertissement d’action, Paycheck regorge d’ambitions toutes plus démesurées les unes que les autres. Il faut dire que dans le contexte, on ne s’attendait pas à voir de la science fiction débarquer dans le jeu, et encore moins dans un domaine aussi subtil que la prédication. En effet, même si il s’agit d’une révélation à la mi parcours du film, il s’agit bien d’un film de SF derrière les bonnes grosses cascades et les courses poursuites à base de tueurs nerveux. Cependant, le film se prend salement les pieds dans le tapis, et cela à plusieurs niveaux. Si l’introduction plante gentiment le sujet sans échapper à la bonne grosse logique des divertissements (la rencontre d’Uma Thurman, immédiatement identifiée comme la partenaire de notre génie), le personnage joué par Ben Affleck fait sourire. Beau gosse, d’une intelligence qui le rend efficace dans absolument tous les domaines scientifiques, d’un charisme animal qui étend les femmes à ses pieds, c’est peu dire que notre coco est un play boy d’une autre planète que la notre. Mais pour affronter ce qui va suivre, il lui fallait au moins ça. Arrive alors notre fameuse affaire, puis les problèmes une fois que Ben est revenu à sa vraie vie. Avant de se retrouver poursuivi par les tueurs et le FBI, Ben se fait remettre une lettre envoyée par lui-même 4 semaines plus tôt, contenant plusieurs objets ordinaires dont il ne parvient pas à comprendre la signification. Quel est le lien entre tous ces objets ? Et bien c’est simple, mais dès qu’on y réfléchit, on grille la logique du film. En effet, ce petit tour de passe passe scénaristique est là pour montrer que dans chaque situation, un objet va servir. Et comment est-ce qu’il savait qu’il allait avoir besoin d’une bombonne de laque à cheveux ? Parce qu’il a bossé sur une machine à voir dans le futur ! Mazette ! A partir de là, il vaut mieux suspendre la lecture, sous peine de gros spoilers. Mais une fois que cette révélation clef est ébruitée, le film devient grandiloquent au possible. Et vas y que je te sors l’ahurissante théorie du « on fait tout pour que les prédictions se réalisent » (du genre il y a une épidémie de prévu, on réunit tous ceux qui en mourront et on se débrouille pour qu’ils choppent le virus), et vas y qu’on a la prédiction où le héros meurt, et vas y qu’on te sort tous les rebondissements classiques du genre action avec le grand méchant qui était en fait un proche d’Affleck… Bref, ça en devient rapidement assez barbant, quand on n’est pas brutalement réveillé par une insert naveteuse de colombe qui jaillit d’une porte (MI 2 is back !) ou un héros tellement fort qu’il bouge plus vite que les balles. Bref, ça se termine en grand portnawak avec des explosions, et un épilogue gentil au milieu d’une serre florale comme on aime. Moralité : le futur, faut pas chercher à savoir, faut juste profiter du temps qu’on a devant nous. Cool ! Alors, pour sauver du temps, vous savez maintenant quel film ne pas voir.

 

1/6


2003
de John Woo
avec Ben Affleck, Uma Thurman

 

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 07:36

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Plusieurs drames assez connus du grand public se frotte au néo-nazisme, le plus souvent pour en venir au thème du racisme. Le plus connu (et apprécié) doit être American History X, qui offre à Edward Norton probablement son meilleur rôle et qui s’attache à chercher ce qui séduit dans le nazisme, tout en montrant la voie d’une rédemption un peu rapide. Un élève doué était une très courageuse tentative de confronté un étudiant brillant avec un officier nazi caché au fin fond de l’amérique, s’imprégnant peu à peu de l’idéologie de son maître. Un excellent début pour un film caricatural et mauvais, vraie débâcle idéologique qui se perd en cours de route. Et aujourd’hui, c’est au tour de The believer de proposer une dissertation intéressante : celle d’un juif néo-nazi.

L’histoire : Danny Balint est un néo-nazi brillant et brutal, qui est repéré par un couple de penseurs fascistes souhaitant donner à leurs idées une vraie contenance politique (ils comptent se lancer en formant leur parti). Seulement, leurs avis divergent sur la question juive, Danny prônant toujours leur extermination. Pourquoi une telle haine, une telle obsession sur les juifs ?

 

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La contradiction sur laquelle s’appuie le film est trop belle, trop puissante pour laisser indifférent le spectateur. Elle suscite une curiosité tellement forte qu’en commençant, le spectateur est attentif, soucieux de vouloir comprendre les motivations d’un personnage aussi contradictoire. Le résultat, d’une façon un peu prévisible, est en demi teinte (sur un sujet aussi délicat que le néo nazisme, je n’ai encore jamais trouvé d’excellente copie). Notamment parce que le film cumule les bonnes idées (Danny, aux idées puissamment agressives, parle très bien et expose clairement les idées qu’il défend), mais qu’il n’exploite pas vraiment les zones d’ombre du personnage, ou illustre moyennement bien cette cohabitation de deux choix de vie antagonistes. Le film s’intéresse à des personnages intéressants, et les laisse faire des dissertations à leur guise, ce qui favorise l’immersion. Ainsi, les fascistes « bien-pensant » se disent dégoûtés par la perte des valeurs de l’Amérique, par son climat de violence et de précarité, et pointent la faiblesse d’un gouvernement qui n’a pour seule réponse que le libéralisme. La plongée est complète, le film s’affranchit de repères moraux artificiels (aucun défenseur de la république ne prend la parole, nous sommes dans un environnement politique isolé et méfiant) et esquisse le visage d’un fascisme polissé (conscient du profond échec du troisième Reich et de l’inutilité de la Shoa), recherchant ses priorités ailleurs que dans le modèle allemand. Danny, à l’inverse, revendique son admiration pour ce modèle, et vomit la race juive par tous les orifices de son corps. La haine est si violente qu’elle en est presque magnétique, elle hypnotise en tout cas l’assistance, et laisse poindre les talents rhétoriques de Danny, qui s’enflamme devant l’intérêt qu’on lui porte. Or, en ayant lu le résumé, on sait déjà que le personnage est juif, et qu’il enterre au plus profond de lui-même ses racines (il ne cesse d’ailleurs de faire des allusions aux racines, voulant « déraciner » complètement la race juive). A quoi est due un tel rejet de sa culture, une telle haine de ses origines. Le personnage ayant vraiment existé, le film prend le parti d’illustrer d’une façon un peu plate ce qu’il pense être l’impulsion de départ : les cours sur la Thora. Par l’intermédiaire d’un flash back récurrent sans cesse un peu plus développé, le film s’attache à montrer la vision de Danny, qui se dresse, rebelle, en face de son prof juif. Si l’on comprend que le conflit vient essentiellement d’un rejet des explications qu’on lui impose et de sa vision des juifs qu’il considère comme faible (il voit Yahvé comme un tyran omniprésent et son peuple comme des brebis qui se plient docilement à Sa volonté), le duel théologique s’enfonce peu à peu dans la médiocrité, le gamin finissant par carrément nier l’existence de Yahvé (le classique coup du défit lancé à Dieu ici et maintenant) avant de partir en colère vers son petit destin nazillard. Un peu expédié, pour qu’on accepte une situation aussi contradictoire. Les petits détails montrant la cohabitation sont aussi bancals. Ainsi, Danny participe au plasticage d’une synagogue, mais il veut que l’on respecte la Thora et qu’on ne souille pas ces saintes écritures. C’est contradictoire, mais ce n’est pas développé davantage, et donc cela échoue à donner plus de consistance au personnage. De même que son petit retour dans la communauté juive n’est pas particulièrement porteur, les réflexions entraînées par ce revirement n’étant pas à la hauteur (les heurs avec la communauté juive sont en deçà du réalisme, et les néo nazis ne se manifestent pratiquement pas, ce qui est impardonnable). Toutefois, le film arrive à s’en sortir en touchant par moments à des idées intéressantes, car taboues ou indiscutables. En laissant la parole à un néo nazi, le film laisse donc la parole à des argumentaires qui tentent d’être construits et de développer des idées. Danny insiste souvent trop sur la théorie raciale pour que son discours devienne vraiment subversif, mais il parle et tente vraiment de développer des idées. De même, certaines interventions des fascistes policés sont elles aussi croustillantes. Le subversivement ironique « l’antisémitisme, c’est surtout un truc de juif… » en est un bel exemple. On comprend donc quelques mécanismes qui régissent Danny (notamment lors de ses bagarres où il veut faire réagir ses victimes et les voir faire éclater leur rage alors qu’elles restent sous au sol à prendre les coups), mais on s’ennuie devant certaines longueurs du film, qui décrit un peu trop dans le détail le quotidien d’une bande de néo nazi qui ne font pas grand-chose de leur temps. Reste toutefois une intéressante scène de confrontation entre les néo nazis et un regroupement de survivants des camps de la mort, qui ne débouche hélas sur rien de bien concret. Un film inégal donc, soutenu toutefois par un Ryan Gosling plutôt impliqué dans son rôle ambigu…

 

2,5/6


2001
de Henry Bean
avec Ryan Gosling, Billy Zane

 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 20:58

Josette, passe moi la lessive, on va laver notre linge sale en famille ! Nouvelle tournée de machine à laver, avec plein de nouvelles crasses qui s’incrustent dans le tambour de la machine. Et la première est un vrai crachat incrusté dans un napperon ! Un gros fuck à l’humanité entière, niant le progrès, consacrant la crasse, vomissant sur le vernis civilisationnel pour révéler la corruption et la rouille qui préparent la fin du monde. La crasse sous la peau, au fond des tripes, du genre qui vous retourne l’estomac et vous colle le dos au mur. Encore ue fois, devant une telle dose de nihilisme, on aime ou on déteste. Mais la puissance de ces images est dévastatrice. C’est donc sans surprises que le clip a été censuré sur MTV (car Nicky Minaj, ça donne plus la pêche !).

 

 


 

 

 

 

Parfaite vidéo d’entreprise pour apprendre à conduire le Fenwick, Klaus le conducteur est une merveille de mauvais goût, qui n’hésite pas à partir dans un gore brain deadien pour aborder les dangers du métier. Un véritable moment de délire et une jubilation indécente lorsque je l’ai découverte, en plein cours de sécurité.

 

 


 

 

 

Merveille des merveilles, apothéose de l’abominable, le monde gay a trouvé un ambassadeur surpassant de loin toute revendication avec Flo gaga. Véritable folle dans toute sa splendeur lubrique (le moindre de ses mouvements est une invit), magnifié par les allusions obscènes de sa chanson, splendifié par un design graphique qui laisse sans voix, la chanson des esquimaux, interprété par une étoile filante de la télé réalité : Flo gaga, est l’équivalent d’une partouse de rhinocéros qui déboulerait dans votre salon. Un clip pour lequel on a inventé en France la récompense du pire clip de l’année (mais on pourrait se contenter du « jamais fait »). Attention, le contenu suivant laisse des séquelles irréversibles…

 

 

 

Pardon. 

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 20:22

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On a dit tellement de mal d’Astérix aux jeux olympiques… Que c’était une merde sans nom, que l’humour y était d’une lourdeur phénoménale, que l’essentiel des gags consistait en des anachronismes faisant écho au sport moderne avec des tas de seconds rôles superflus, que l’histoire d’amour est franchouillarde, bref, que c’est essentiellement pour payer des factures qu’Astérix 3 a été fait. On pensait que son bide allait mettre enfin un terme à la saga. C’était sans compter sur l’opiniâtreté des studios français qui remettent le couvert avec Astérix au service de Sa Majesté. Un film qui fait immédiatement regretter cette comédie généreuse qui se déroulait sur le soleil de grèce…

L’histoire : Je te prend 2 BD que je te mixe en un film long et chiant.

 

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"Quelle scène on est sensé jouer, là ? La scène romantique où le parisien vient draguer la bourgeoise ?"

"Ah, on est sensé jouer ? Mais on doit faire rire aussi ?"

"Essaye déjà de jouer, on va faire une chose à la fois..."

 

J’ai pendant plusieurs minutes hésité à faire une chronique express tellement il y a peu à dire sur Astérix et Obélix 4. Un mot convient : insipide. Tout est résumé, vous pouvez prendre toute les caractéristiques du film et  placer ce mot à côté. Un jeu d’acteur transparent (Depardieu se contente de prendre son chèque et ses tickets resto, pendant que Baer saccage son personnage en lui donnant un caractère insupportable de beauf gaulois heureux de vivre sa vie de pouilleux à l’écart de la civilisation), des anachronismes insupportables (les anglais qui jouent du greenday), des ambitions incroyablement futiles (les clichés de l’Angleterre ne sont pas drôles, ils sont dépassés), du pompage flagrant (Kill Bill notamment, 300 aussi)… Mais c’est surtout au niveau de l’humour que le film fait mal au cul. En une heure et demie de programme, pas un seul sourire, pas un seul sourcillement… On alterne entre les baillements et les soupirs agacés. Astérix 4 est le plus mauvais de la saga, tout le monde le sait. Mais en magasin, on vous le vend avec un sourire étincellant en vous disant « le meilleur de la saga » (selon 20 minutes sur la jaquette). Quand on atteint un tel degré de mensonge, un tel degré de fausseté, une hypocrisie profonde à ce point, comment ne pas céder au désespoir devant un cinéma français qui part en couille à ce point. Même Max Pécas nous divertissait mieux que ça ! Je dois tirer cependant mon chapeau à Fabrice Lucchini, qui nous interprète, pour mon plus grand plaisir, la pire version de César jamais faite. Il a l’air de s’impliquer dans son rôle, mais ce dernier est tellement creux, tellement vide, tellement anti humoristique, que ça en devient un délice masochiste, bel écrin pour l’antipathie que je nourris pour le personnage (Molière, qu’est-ce que c’était bon d’avoir mal à ce point…). Bref, Astérix 4, c’est de la merde mais vous allez quand même le bouffer jusqu’au bout, et vous en reprendrez bien une tranche pendant quelques diffusions télé ! Parce vu comment tout le monde se branle de la qualité du produit final sachant que c’est TF1 qui paye et qui doit se démerder avec à la fin, c’est normal que l’équipe de tournage ne se fasse pas chier. Ah, mais que c’est bon d’être gaulois !

 

-555/6 (mention spéciale à la blague qui insinue qu’Astérix et Obélix sont pédés, c’est du meilleur goût)


2012
de Laurent Tirard
avec Gérard Depardieu, Edouard Baer

 

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"Tout le monde sait que les spectateurs ne viennent pas voir Astérix, mais le grand Luchini dans un rôle à sa mesure..."

 

En bonus : la bonne blague à 20 euros de Madame Caroline Vié (critique du quotidien 20 minutes)

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 20:15

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Un lancement de héros est toujours une étape délicate. C’est avec le premier épisode qu’on va juger de l’essence d’une saga, et qu’on sélectionne un public potentiel. Délaissant toute noirceur pour taper dans le pop corn bien collant, Mark Steven Johnson ne fait pas les choses à moitié et nous offre Ghost Rider, un blockbuster au moins aussi abouti que Spawn…

L’histoire : « Vend moi ton âme. » « OK. »

 

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Ok, Twilight va bientôt cartonner avec notre look, mais faut réussir à bouffer jusque là...

 

Ah, du bon gros navet comme on aime en bouffer des kilos. Débordant de mauvais goût (la bonne grosse tradition américaine, c’est la cascade en sautant des bagnoles à la chaîne), le film enchaîne les séquences neuneus en guise d’introduction. D’ailleurs, je vous conseille de jouer au jeu du prédicateur pendant ces scènes clichées. C’est simple, avant que le personnage ne parle, vous dites la réplique qui vous semble la plus prévisible. Si il sort à peut près la même, 1 point, si il sort exactement la même, 2. Dix minutes après le début du film, j’en étais déjà à 5 points, c’est vous dire si l’originalité vous frappe à l’estomac ! Mais bon, voilà, le père de Johnny, il a un cancer du poumon. Damned. Et Johnny qui espérait s’enfuir (2 points) avec sa copine, hésite grave maintenant. Mais le diable arrive (« Je suis un de tes plus fervents admirateurs. » 2 points) et lui propose un pacte pour le sauver. « Quel est votre prix ? » « … Ton âme ! » (4 points ! Jackpot !). OK, il signe avec son sang, et là, son père meurt d’un accident le lendemain. Salaud de Satan ! Tu payeras un jour, roulure ! Mais en attendant que le jour arrive, Johnny reprend le métier de son père et joue littéralement avec la mort en proposant des cascades toujours plus dangereuses. Mais le diable veille au grain, lui sauvant toujours la mise. Jusqu’à ce qu’un jour, les vampires de Twilight (qui sont en fait des démons, mais ils sont maquillés comme dans Twilight) s’échappent de l’enfer pour venir s’éclater dans notre monde. Mais ils tuent des gens, ces vilains ! Le diable, il n’aime pas la concurrence, ça lui casse les noix. Ding dong Johnny, tu vas pouvoir commencer à t’énerver. S’ensuit une scène de transformation affreusement numérique où Nicolas Cage crie en riant, jouant la folie comme si il venait juste de voir Pink Flamingos. Une vraie contre performance qui annonce la couleur de la débâcle qui va suivre. En effet, le ghost rider se met alors à rouler à toute berzingue dans les rues, ruinant l’asphalte public et explosant les bâtiments, le tout en faisant des fuck à la police. C’est ça, le bonheur d’être au dessus de toute juridiction… Mais nous serions mal avisées de critiquer un héros notoire. En effet, notre Ghot rider se met sur la piste de ces vampires démoniaques, chacun ayant un pouvoir bien particulier. Qu’importe ! Le rider, avec sa chaîne démoniaque, s’amuse à tout carboniser, bousillant un par un les vampires qui n’attaquent jamais tous ensemble… Le bouquet final est pour la fin, se situant dans une ville en ruine peaumée en plein désert, où on se refait Constantine en mode western. Mais avec un vampire démoniaque beaucoup plus nanar, qui pompe son gain de niveau sur Blade, et qui se met à balancer des citations bibliques on ne peut plus ridicules : « Mon nom est légion, car nous sommes nombreux ! » Waow, mais tu es allé au catéchisme, dis moi ! Bref, un duel complètement nanar à l’issue très drôle, parce que le méchant était immunisé aux pouvoirs du ghost rider avant son évolution, et qu’il se fait rétamer en 5 seq après cette dernière (et entre parenthèse, les séquences de regard du ghost rider sont les plus ridicules du film, incompréhensibles dans leur hystérie…). Oh, j’ai oublié de parler de la performance comique d’Eva Mendes, très crédible en cruche coincée qui n’est là que pour servir de poupée gonflable à Johnny, dont le numéro de drague semble dire aux masses que si il a une chance, on en a tous une nous aussi… Bref, un spectacle assez affligeant, mais la suite sera encore pire…

 

0,8/6


2007
de Mark Steven Johnson
avec Nicolas Cage, Eva Mendes

 

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"Toi, James... Coupable ! Et toi aussi, lecteur... Coupable ! Vous êtes tous coupables en fait !"

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 20:04

http://1.bp.blogspot.com/-jIjodFb2T48/Tnj84vus3pI/AAAAAAAAQRc/bbawb-aFJUY/s1600/Une%2Bhistoire%2Bvraie-affiche.jpg

 

Il y a un certain temps que je recherchais Une histoire vraie de David Lynch. Ce film, issu d’une collaboration avec Disney (what ?), m’était promis comme un cru à part dans sa filmographie, quelque chose de bien plus calme et posé qu’à l’accoutumé. Si c’est en effet le cas, on voit clairement des petites touches de Lynch qui arrivent ça et là, au service d’une histoire sereine qui fait clairement plaisir à voir.

L’histoire : Alvin Straight, apprenant que son frère vient d’avoir une attaque cardiaque, décide de traverser deux états pour aller le retrouver. Victime de plusieurs problèmes de santé l’empêchant de conduire une voiture, il décide de partir sur sa tondeuse à gazon.

 

http://www.lequotidienducinema.com/critiques/unehistoirevraie_critique/3.jpg

 

Autant dire tout de suite qu’Une histoire vraie a été un coup de cœur quand je l’ai découvert. Pour le coup, il s’agit d’un intéressant investissement de Disney, puisque c’est effectivement un bon film pour la famille, et un bon film américain. C’est un film qui respire la bienveillance, qui traite de la vieillesse avec réalisme, mais sans amertume. Comme souvent dans le cinéma de David Lynch, Une histoire vraie, après son intro plantant les personnages avec un humour poli, vire vite au road movie traversé de rencontres (c’est la principale touche Lynchienne avec la récurrence des lignes dans les paysages (la route, les champs…)). Mais loin des folies d’un Sailor and Lula, il pose des personnages simples, prévenants, authentiques en somme. Le monde n’est pas hostile, il est même accueillant, hospitalier, prévenant… En fait, la seule touche de noirceur, en dehors de l’état de santé dû à la vieillesse et du destin tragique de la fille d’Alvin, consiste en l’évocation de la guerre (conversation chargée d’émotion, et qui évite d’ailleurs le manichéisme du patriotisme américain avec l’anecdote d’Alvin, bouleversante. Voyageant à la vitesse d’un escargot au milieu de magnifiques paysages américains (un vrai film qui respire), Alvin progresse vers son but, et se contente souvent de répondre à ceux qui engagent la conversation, intrigués par l’incongruité de son mode de déplacement. Débarrassé de toute expérimentation (inutile au vu du sujet), le film développe son message, faisant l’éloge d’une vie simple, apaisée, en bref, la parfaite petite vie à la campagne et le regard lucide mais bienveillant sur la vie. Aucun méchant à l’écran, des personnalités américaines clichées et crédibles, ce film fait le portrait d’une amérique rurale apaisée (limite canadienne ^^), ce qui constitue son principal argument de film pour la famille. Une paisible évasion d’une heure quarante-cinq.

 

5/6


1999
de David Lynch
avec Richard Farnsworth, Sissy Spacek

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 20:28

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Dans le domaine des films de dictatures fantasmées, on peut citer quelques adaptations prestigieuses (Brazil, Fareneight 451, et plus récemment le bon Equilibrium). Le meilleur d’entre tous reste probablement le génial 1984, tombé dans l’oubli tout simplement parce qu’il s’agit d’un des films les plus déprimants jamais fait, tant son climat psychologique fait pression sur le moral du spectateur. Mais celui qui semble remporter une large adhésion populaire reste V pour Vendetta. Ambitieuse adaptation des travaux d’Allan Moore, le film bénéficie pour l’occasion des compétences des frères Wachowski. Un choix qui augure du meilleur quand on pense à Matrix, mais qui effraye quand on constate l’incroyable pauvreté de leur dernier film en date (Matrix revolution, véritable navet torché aussi sec pour bâcler la saga). Il en résulte un travail très bancal, même pas sauvé par les prestations d’acteurs ô combien surestimées.

L’histoire : dans un futur proche, la Grande Bretagne est sous le joug d’une dictature alors que le reste du monde semble s’être effondré. Dans ce climat tendu, un terroriste se parant du masque de Guy Fawkes, revendique plusieurs attentats qu’il organise pour rétablir la vérité dans le pays.

 

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On voit assez vite en quoi V pour Vendetta se veut fédérateur et a rallié autant le public à sa cause. Arrondissant les angles avec un héros bien sous tout rapport et une dictature qui cumule les images fortes d’oppression connues du grand public (des camps de concentration à Guantanamo, tout ce qui est « mal » y passe), il semble impossible de se dresser face au brise glace V pour Vendetta qui manichéise complètement son matériau (un fait qui doit probablement le faire diverger un peu des écrits de Moore, qui aime davantage jouer avec la moralité (voir Watchmen pour s’en convaincre). N’ayant pas lu ses travaux, je ne peux donc juger de la pertinence de l’adaptation des frères Wachowski et de McTeigue. Mais qu’est-ce que cela change à la qualité du film, si il adapte bien ou pas ? Rien, si il y a du talent, le film est bon, sinon, c'est rideau. Et V pour Vendetta, blockbuster soi disant subversif, ne fait rien pour changer les règles (on comprend très bien d'ailleurs que Moore ait refusé de voir son nom inscrit au générique. Se contentant de montrer les têtes pensantes de la dictature comme des méchants bonhommes incapable de dire autre chose que des saloperies (mention spéciale à Protero, aux slogans dictatoriaux entrecoupés d’invocations à Dieu histoire d’agacer davantage, et à l’évêque pédophile qui fait venir les mineures directement au monastère pour leur balancer du « j’adore jouer à confesse ! »), V pour vendetta enfonce les portes ouvertes, sans laisser d’autre choix au spectateur que d’adhérer à la cause, de glorifier V, victime surhumaine miraculeusement rescapé d’un camp d’expérimentation qui entreprend sa quête de vengeance, mais c’est au nom de la liberté (quitte à faire les choses en grand).

 

Parlons de V maintenant. Ce surhomme animé par l’idée fixe d’une vengeance, à même de le faire survivre à une pluie de balle. On nous le présente d’abord comme un sauveur du peuple, avant de nous balancer le statut terroriste à la face avec la destruction du Old Baily. Scène iconique qui nous plante donc un personnage sympa, intelligent, cultivé (te citant des philosophes, il a la classe, du coup, on cautionne sa quête), un brin robin des bois (je vole pour moi, mais c'est au chancelier) et surtout divin. Je dis bien divin car ses attentats sont tous improbables. Rendez-vous compte, V est tellement un crack que pour chacun de ses coups, il utilise un dispositif d’urgence qu’il pirate on ne sait pas comment. Et pour l’explosion finale, on nous glisse carrément qu’il a remis en état le métro durant les 10 dernières années. Impressionnant ! Donnez lui un marteau et une pelle, et il va vous recreuser le tunnel sous la manche ! En vérité, le film veut voir V gagner, c’est une évidence. Aussi, le scénario lui donne des coups de pouce monstrueux. Mais comme le montage essaye d’insuffler du rythme, on ne se pose pas la question sur le coup, on va de l’avant, et miracle, la dictature tombe ! Résonnez, trompettes ! Et… c’est la fin, on ne sait pas sur quoi la démolition du Parlement débouche, si la dictature fait place à l’anarchie promise par V (car au final, il n’offre aucune alternative, il veut seulement faire tomber la dictature, se foutant de livrer le pays au chaos qui a contaminé les autres continents...). Dernière anecdote rigolote, cet anarchiste de Guy Fawkes, que le film glorifie en le montrant comme père spirituel de V… était un royaliste qui voulait surtout tuer le roi Jacques 1er en faisant sauter la chambre des Lords pour établir un nouvel ordre monarchique plus propice à ses opinions religieuses ^^.

 

Vient maintenant la question de la population. En effet, c’est par elle que le public est sensé s’identifier à la situation et réagir. Celle-ci devait donc bénéficier d’un bon traitement. Mais non, il s’agit de personnes qui regardent la télé. V organise un apéro facebook devant le parlement ? Je m’inscris et j’en profite pour porter un masque (d’ailleurs, on se demande comment V a pu passer une telle commande et surtout à la faire distribuer sans éveiller l’attention de la dictature). En gros, la participation équivaut ici à une signature de pétition (c’est anonyme, mais on a le sentiment d’avoir participé). Mais il faut comprendre que résister de la sorte donne un sens à sa vie (et au passage, la réveiller un peu, parce qu'elle regarde la télé, mais pour réagir à la dictature, tintin avant que V ne s'empare de la tour Jordan !). Bref, le film place les spectateurs exactement au bon endroit (c’est de votre faute, mais vous avez des excuses, et maintenant il faut réparer) et les fait évoluer dans une seule direction, au nom de la liberté.

 

Parlons maintenant de la dictature. Cette salope ! Ah, qu’elle est vilaine, la dictature de V pour Vendetta. C’est simple, vous prenez tous les clichés des mécanismes d’oppression, et c’est bon, vous avez la dictature ! Balançant à la télé en direct live du « Immigrants, musulmans, homosexuels, terroristes, dégénérés rongés par la maladie ! Ils devaient disparaître ! », puis mentant à la population sur des évidences (le message de haine, très drôle tellement c’est inapproprié), elle n’est là que pour donner quelque chose à combattre. Objectifs économiques : on va casser du pédé ! Objectifs sociaux : exterminons les musulmans ! Objectifs d’éducation : Dieu est avec nous ! Mais les gens se rendent-ils compte que cette dictature n’est qu’un fantôme ? Une aberration qui n’a aucune raison d’être, aucun objectif, aucune visée pour la population (il n’y a même pas ce désir de conserver un ordre alors que les puissances étrangères ont cédé au chaos). Cette dictature de pacotille n’a pour objectif que d’être une pâle imitation du 3ème reich, sans l’humanité. Quand une dictature aussi absurde parvient à réussir un coup d’état, elle ne tient pas la semaine. Mais bon, ici, le scénario la bâtit avec un tas d’exécutants anonymes qui semblent tous sortir de la prison du quartier (violeur, assassin, tous les représentants du Doigt sont des sociopathes notoires), histoire de bien montrer que la dictature est mauvaise. On ne saurait donc oser de mettre en travers de le route de la liberté dans ces conditions…

 

Mais, dans ce naufrage idéologique, la prestation des acteurs sauve le tout ! Mais non ! Nathalie Portman, dont on ne cesse de louer les talents d’actrice sur ce film, se contente de jouer la fille frêle pendant la première moitié du film. Vient ensuite la séquence de la détention, où elle se fait raser la tête. C’est en effet un signe d’implication dans son rôle. Et oui, sa prise de conscience de la supercherie peut un peu émouvoir. Et la voilà devenue rhétoricienne accomplie, dissertant un peu sur V (une très timide remise en question immédiatement balayée par le grand assaut final), et citoyenne confirmée appuyant sur le bouton de mise à feu (une figure qui reviendra dans Cloud Atlas, qui aura la décence d’être pessimiste). Quand à V, quel travail fait dans l’éclairage du masque ! Mmm… Oui, on repassera. Hugo Weaving ne pouvant utiliser son visage, l’alternance gestuelle théâtrale / pose statique (je suis raide comme mes poignards) est le choix logique, et l’éclairage ne s’en sort pas trop mal. Pas de quoi se relever la nuit. Pas assez en tout cas pour sauver V pour Vendetta du gouffre de facilité dans lequel il s’est jeté de plein pied, avec une opinion assez droite et réductrice pour foncer au plus simple. Un beau leurre pour les cinéphiles, qui pourront s’offusquer de la pauvreté idéologique d’un tel univers (alors que Brazil, 1984 et même Equilibrium (pompant vers 451) se révélent nettement plus consistants).

 

Ca me fait oublier de parler de la concécration de la cause homo ! C’est vrai, il y a tellement d’homo qui se font exterminer dans ce film qu’on a l’impression que la dictature a fondé son fond de campagne sur l’extermination des homos. Les lettres d’une victime ? Une lesbienne revendiquant son droit au bonheur à tous ces méchants homophobes ! Gordon, présentateur d’une émission humoristique et s’étant fait sa propre arche des arts illégale (avec un Coran) ? On en fait un homo avec quelques photos gays. Plutôt que de diversifier les origines des victimes (toutes les arrestations tournent autour des couples homosexuels), on se focalise sur les gays, on en fait le symbole de l’oppression dans la dictature. Pourquoi ? Le film se revendique défenseur de cette cause hors sujet ? Veut-il prouver quelque chose, nous donner une leçon d’humanité sur les homosexuels peut-être ? Il n’y a rien derrière cette insistance insolente, si ce n’est le mauvais goût de vouloir normaliser la cause (sinon la consacrer) en diabolisant les homophobes immédiatement assimilés aux membres de cette dictature inepte. Vous êtes gay ? Bravo, félicitations ! Je tiens à vous serrer la main parce que vous avez le cran d’être ce que vous êtes ! Je parlerai de vous à mes amis, vous êtes un exemple pour la société ! Oh ! Pourquoi autant d’insistance là-dessus ? Je ne sais pas, il faudrait demander aux Wachowski, mais c’est de mauvais goût d’en parler, alors on se tait et on verse sa petite larme devant le sacrifice de nos paisibles invertis. Bref V pour vendetta, c’est le petit chiffon rouge avec marqué Liberté dessus qu’on vous agite devant le museau. Dur d’y résister, et pourtant, derrière, il n’y a rien…

 

 

0,5/6


2006
de James McTeigue
avec Natalie Portman, Hugo Weaving

 

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"Je veux que Jamesluctor soit déporté sur le champ à Larkhill ! Comme ça, on pourra dire qu'on a déporté au moins un civil de mauvais goût !"

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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