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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 14:45

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American McGee Alice reste un très agréable souvenir pour les gamers amateurs de jeux en marge. Pour rappel, ce jeu de plate forme parvenait à tirer son épingle du jeu en offrant une relecture psychotique (et minimaliste) d’Alice au pays des merveilles, mais avec une Alice souffrant de troubles psychologiques. Les voyages oniriques peuplés de monstres trouvaient parfois un second niveau de lecture, et le postulat permettait tout simplement aux créateurs de se permettre absolument tout ce dont ils avaient envie (seuls les personnages ont été repris pour animer le voyage). Des années après ce premier essai fructueux, une suite voit le jour, bénéficiant de graphismes léchés. Le retour au pays de la folie tient-il ses promesses ?

L’histoire : Après l’incendie de la demeure familiale et sa sortie de l’asile psychiatrique, Alice Liddle est placée dans un orphelinat, sous la direction d’un psychiatre insistant pour qu’Alice oublie les souvenirs de l’accident. Alors qu’elle déambule en ville, elle est sujette à des évanouissements qui la ramènent au pays des merveilles.

 

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Home Sweet Home, comme dirait Michael Meyers. On se sent immédiatement de retour chez soi dès le début du jeu, qui démarre très vite en mettant en scène des visions très torturées illustrant le traumatisme de notre héroïne. Il est intéressant de noter que si l’ambiance du premier jeu tirait parfois sur le glauque, il restait relativement innocent (gothique burtonnien surtout), alors qu’ici, le jeu utilise clairement des procédés horrifiques assez déstabilisants (l’apparition des hommes criquets terrifiante, la transformation de certains personnages en monstres) qui provoquent l’inquiétude. En fait, nous ne sommes pas à l’abri d’un sale truc pendant les cinématiques, surtout qu’à son intrigue, des allusions sexuelles se mêlent au récit, et que le portrait de la vie réelle dans laquelle évolue Alice (de très courts niveaux faisant transition entre les chapitres) est tout simplement étouffant. Avec un sommet de glauque pendant le séjour à l’asile, où les méthodes de cures se transforment en hallucinations gorrissimes très agressives. Une densité très sombre inattendue, mais qui contribue grandement à l’ambiance de l’ensemble. D’ailleurs, comme pour son prédécesseur, l’ambiance est véritablement le ciment du jeu. Si le premier conservait une certaine cohérence (limitée, certes), celui-ci régresse au stade de la schizophrénie scénaristique. L’histoire est en lambeaux, la cohérence n’est que ponctuelle, même les dialogues, incompréhensibles, dissuadent rapidement le joueur d’y trouver une quelconque signification. Si le contenu psychologique est bel et bien présent, il ne passe que par des symboles gros, évidents ou facilement notables. Mais heureusement, question cohérence, les ambiances de chaque chapitre (à l’exception des deux derniers) sont incroyables. La forêt enchantée, l’usine du chapelier, les fonds marins, les montagnes japonaises… Chaque nouveau chapitre est une féérie, qui laisse apparaître un nouveau bestiaire, de nouvelles ambiances et quelques surprises (les niveaux bonus, les énigmes…). L’incohérence de la narration est largement rattrapée par le foisonnement d’idées visuelles qui jalonnent le parcours de notre héroïne, aussi, il est conseillé de prendre son temps pour admirer tout simplement la beauté des décors. Il n’y a pas d’autres points positifs à chercher, c’est tout simplement une œuvre d’ambiance.

 

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En guise de petits bonus, l’arsenal bénéficie de quelques innovations jubilatoires (le moulin à poivre est la meilleure), qui compense le nombre par la possibilité de faire évoluer les outils à disposition. Malheureusement, le dénouement d’Alice Madness returns déçoit, la faute aux deux derniers niveaux (la maison des poupées se révèle d’une pauvreté visuelle incompréhensible (malgré l’idée amusante d’un flipper en niveau bonus), et le train infernal, annoncé depuis le niveau 2 comme une conclusion badass, est bouclé en… 20 minutes. Dont 10 occupées par les cinématiques. L’ambiance n’est pas exploitée, le boss final rapidement expédié, c’est à croire que les développeurs ont manqué de temps pour rajouter des wagons et quelques défis. Une note finale amère, vraiment agaçante au vu des excellentes qualités affichées sur 75 % du jeu. Avec un gameplay agréable au cours des combats et de très belles idées pour les plates formes explorées (allant du gothique light au gore organique en passant par le steam punk) et pour le scénario (l’identité de la reine rouge, le visage du Mal…), Alice dépose le bilan en s’affirmant comme un bon jeu à prendre pour ce qu’il est, sans chercher la subtilité (malgré le raffinement), hélas gâté sur la fin.

 

4,5/6

 

2012

de American McGee & Spicy Horse

 

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15 décembre 2013 7 15 /12 /décembre /2013 14:40

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Avec Hunger Games l’embrasement, nous sommes sensés passer aux choses sérieuses. Après un premier opus assez mitigé, la suite développe donc les bases politiques qu’elle avait initié, et poursuit la volonté de son prédécesseur de faire un film prenant, en affinant davantage les détails. Plus axé sur la politique et la gestion des foules, cette suite surprend agréablement, tout en ayant le bon goût de lisser les défauts de son prédécesseur…

L’histoire : Catnisse et Peeta, revenu vainqueurs des Hunger Games, exécutent leur tournée annuelle dans différents districts. La situation de tension entre certains et le Capitole risquant de provoquer des émeutes, le président décide d’organiser une nouvelle cession du jeu de massacre.

 

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Développement de son prédécesseur en maîtrisant davantage son sujet, L’embrasement correspond à tout ce qu’on pouvait attendre d’une suite décente. Conservant sa cohérence esthétique tout en s’intéressant à des sujets un peu sombres (le maintien de la stabilité du régime politique par les armes, l’importance capitale des symboles en politique, les leurres que jouent les émissions télévisées…), le film affine aussi ses personnages, à la fois au niveau des sentiments mais aussi question intelligence (merci de donner au Capitole des conseillers adroits et fins, qui ont conscience des enjeux qu’ils manipulent et qui peuvent avancer des idées intelligentes pour parvenir à leurs fins). Le film trouve un petit sujet avec le jeu amoureux à interpréter devant les caméras, et si il évacue plutôt intelligemment le sang (relativement peu apparaît ici), la violence rejaillit ponctuellement avec force (la séquence de fouet, bien sûr, la sortie du styliste…), clôturée par un final assez intense promettant une certaine détermination pour les prochaines suites. Merci donc au réalisateur d’avoir pris en main le matériau original et d’en avoir conservé la détermination. Ici, la partie survival est réduite au minimum, grand bien pour nous, le film trouvant son efficacité largement ailleurs. Toutefois, cette partie est largement moins ratée que celle de son prédécesseur. Sans montrer de sang, les images sont enfin stables et lisibles, les actions claires, et le doute sur le travail d’équipe rajoute quelques incertitudes tout à fait valables dans le cadre du suspense. Hélas, le dénouement de cette partie se révèle complètement frustrant, car abandonnant nos personnages dans une situation de crise intense, avant de passer tout simplement à autre chose… Comme manière de conclure, on n’est pas loin d’un Bilbo II… Mais malgré cette déconvenue (frustrante, j’aurais aimé connaître le sort de la combattante du district 7), le film va à l’essentiel sur le développement de son intrigue, sans temps morts. On trouve même nos personnage affiné, à l’image de Effie, considérée comme une connasse crispante dans le premier (sort complètement injuste et simulé), reste toujours assez frivole, mais éprouve quand même des sentiments humains, merci, ça fait plaisir. Notre héroïne conserve sa carrure d’outsider et la joue avec cohérence. C’est finalement l’absence de gros défauts qui tirent vers le haut cette suite digne, qui continue à adapter en essayant de tirer la sève de son matériau d’origine. Bonne tentative, à suivre…

 

4,3/6


2013
de Francis Lawrence
avec Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson

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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 22:12

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Bon, il y a un petit film avec un pigmée et quelques nains qui arrive sans crier gare en fin de cette année 2013, espérant sans doute rafler à la dernière minute la place du meilleur film de l’année (en faisant un gros pied de nez à ces boursouflures Gravity et Elysium). Manque de pot pour lui, il est tombé sur un chroniqueur à la dent dure (certes cariée), qui avait trouvé l’introduction assez piteuse. Et petit miracle, comme pour Thor 2, cette suite se révèle meilleure que son prédécesseur, en nous prenant un peu moins pour des gamins régressifs. Est-ce pour autant qu’il ne commet pas quelques bourdes ?

L’histoire : une montagne, un royaume, un trésor, un dragon, des nains, des elfes, des magiciens…

 

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Le film s’ouvre sur un travelling assez ambitieux dans le village de Bree. Et alors que la caméra s’abaisse au niveau de la grand rue, un type barbu grincheux passe devant la caméra en mangeant une carotte. Murmure et rires dans la salle. Ayant conscience d’être très intelligent, je m’écrie « Hey, mais c’est Peter Jackson ! ». « Ta gueule ! » me réplique le pote venu profiter de mon abonnement Gaumont Pathé, approuvé par tous les spectateurs alentours. Qu’on se le dise, ce Hobbit 2 commence très bien. Je trouverai toujours abominablement rasoir la piteuse initiation de la trilogie, mais sur cette suite, Peter insiste moins sur l’humour et se la joue nettement plus sérieux. Si Radagast est obligé de revenir polluer l’intrigue, il ferme désormais sa gueule et oublie de passer pour un revival de Narnia, ce qui fait carrément plaisir. D’ailleurs, ce Hobbit assume davantage sa carrure de divertissement familial en évitant de prendre son public par le bas. A l’exception d’un point noir sentimental que j’aborderai plus loin, les sentiments ne sont pas exagérés, et les morceaux de bravoure s’enchaînent en oubliant les Deus ex Machina du premier (exit Gandalf et ses multiples sorts trop cheatés). Même les scènes cultes évitent de s’alourdir (je pense notamment à celle des Trolls dans le prédécesseur, abominable de lourdeur). Le baptême de Dard, la fuite dans les tonneaux, le face à face avec Smaug (un peu longuet, mais pas ridicule), les forges des nains… Tous ces gros arguments sont traités sobrement, et quand l’excès arrive, c’est avec un ton bon enfant complètement réjouissant qui va de pair avec l’étoffe de cette nouvelle saga d’aventure (les ravages d’un nain dans un tonneau, Legolas qui virevolte en défiant les lois de la vraisemblance…). Questions paysages, on en a à nouveau pour notre argent, et malgré le recyclage de quelques lieux de tournages, le résultat a quand même une sacré gueule. Question musique, le compositeur semble enfin s’être réveillé, en composant davantage de nouveaux morceaux. Hélas, aucun n’a la trempe de l’hymne de son prédécesseur, que ce soit pour le chant des nains ou le thème principal. Enfin, concernant le dragon Smaug… On se contentera de dire qu’ils ne l’ont pas foiré, c’est d’ailleurs un des plus beaux dragons de l’histoire du cinéma. Trop bavard, sans doute, mais efficace. Et, une fois que vous l’aurez vu, vous pourrez enfin oser la comparaison avec Alien 3, que je n’ose développer. On en vient maintenant aux points négatifs.

Déjà, question sentiments, cette suite s’encombre d’une pseudo-amourette entre un nain et une elfe (taurielle). Depuis Blanche Fesse et les sept mains, j’ai tendance à approuver l’idée que c’est pas la taille qui compte, mais quand même, faudrait pas non plus abuser sous prétexte de donner un message d’intégration des minorités. Oui, c’est mignon, mais lourd, inutile, et surtout, l’espèce de trio amoureux avec Legolas, c’est digne d’un Harry Potter 7 ! L’apothéose du ridicule sera atteinte sur la fin, au cours d’une séquence en surbrillance très gênante qui semble tout droit sortir d’un Amour Gloire & Beauté, le passage où Brett voit Jenny pour la première fois… Avec les anachronismes, on poursuit avec l’épouvantable scène de combat entre Gandalf et le Necromancien. Je n’en dévoilerai pas l’issue, mais le déroulement de ce combat est… terriblement répétitif. Et sa conclusion fait exploser de rire. Le monteur, pris d’une frénésie et sous l’influence de psychotropes, a trouvé un concept sympa pour enfin montrer l’identité véritable du Nécromancien. Mais il la fait évoluer en une sorte de vision psychédélique pas très éloignée du trip sensitif de 2001 L’ODYSSEE DE L’ESPACE ! Allo, quoi ! Un suicide artistique intégral. D’ailleurs, cet épisode est complètement laissé en suspens, signe des problèmes évidents de gestion scénaristique de ce film. On passe maintenant aux défauts techniques. La séquence avec les tonneaux, elle est très bien. Y a de l’action, du mouvement, de l’aventure, quoi ! Et des plans en GO-PRO. Oui, vraiment ! Des plans GO-PRO en HD, rajouté comme ça, l’air de rien, au milieu de l’action… Mais c’est quoi cette idée de chiotte ? C’est suicidaire, artistiquement parlant, d’utiliser une GO PRO de façon si voyante, à moins que ça soit une pub déguisée. Comme pour le coup du Cognac ! Enfin, question photographie, le film est beaucoup trop sombre. Certes, dans les mines, il fait rarement clair, mais il est bon de voir quelque chose parfois. Au moins pour le plaisir des yeux. Une petite imperfection technique qui se ressent surtout dans les passages sombres du film, ou le gris s’impose comme la couleur dominante. Enfin, le dénouement. Moins 2 points d’office ! Je n’ai pas entendu une seule personne ne pas insulter Peter Jackson dans la salle devant la façon dont il conclut son film. Peter Jackson, sale enfoiré ! On le savait que tu voulais du fric, mais là, si je te croise dans la rue, tu te prends une baffe ! On ne la fait pas comme ça à son public… C’est… C’est encore pire que Prometheus ! Moins 2, d’office ! Et vu que tu te retrouves obligé de commencer la suite par un flash back (obligé, à moins de faire le pari suicidaire de faire commencer immédiatement l’action), moins 1 déjà pour Le Hobbit 3 ! Bravo Peter, on récolte ce que l’on sème ! Fumier !

Sinon, The Hobbit, la désolation de Smaug est sympa, on s’y amuse davantage qu’avant, l’humour est moins envahissant, et malgré un rythme globalement poussif (pas grand-chose entre les scènes d’action), il passe davantage, à l’image d’un Thor 2. Allez, la saga n’est peut être pas encore foutue…

 

4/6


2013
de Peter Jackson
avec Benedict Cumberbatch, Martin Freeman

 

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 10:14

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Robert Zemeckis est un cinéaste quelque peu délaissé depuis son passage à l’ère numérique avec le moyen Scrooge et le mésestimé La légende de Béowulf. Il revient donc à la bonne vieille image et au jeu d’acteur avec Flight, drame inattendu qui joue sur un fond de catastrophe aérienne pour aborder diverses questions morales, toujours avec en arrière plan la religion, car Robert est titillé par ces choses là. Un retour aux sources, pour ainsi dire…

L’histoire : Complètement saoul et sous influence de stupéfiants, un pilote de grande ligne parvient à sauver in extremis la quasi-totalité de son équipage au cours d’un crash. Néanmoins, si la panne mécanique est à l’origine de l’accident, le pilote tente de camoufler son état durant le vol.

 

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Flight est un drame à l’ancienne, avec ces dialogues profonds qui font le charme d’une production Zemeckis. A la fois réunion d’acteurs de poids (Denzel Washington en tête, et beaucoup de seconds couteaux réjouissants), d’effets spéciaux convaincants (la scène de crash est impressionnante) et de prises de positions inattendues (l’acte de Dieu reconnu juridiquement), le film part avec de solides intentions. Pour un film qui s’appuie finalement sur son personnage principal, pilote de grande ligne alcoolique qui se retrouve du jour au lendemain sous le feu des projecteurs. Alors que l’enquête sur le crash commence à soulever quelques questions sur son état, nous suivons notre pilote, qui à la fois va tenter d’orienter les témoignages en sa faveur, et de l’autre se rapprocher d’une djunkie qui tente de décrocher. Un contexte finalement plutôt riche, qui fait régulièrement référence à la religion catholique quand il parle de rédemption… Peut être y fait-il allusion un peu trop souvent, car ce point ressort régulièrement dans les critiques qui sont faites au film. M’est avis que Zemeckis est plutôt partisan (son film valide l’acte de Dieu), mais qu’il a conscience que le public ne l’est peut être pas, du coup, il ne sait pas trop quoi développer. Disons que le contexte de rédemption aurait sans doute suffit, mais bon, une petite couche en plus par ci par là, ça plaira aux catholiques sans vraiment avoir l’air de trop insister… Toujours est-il que le film contient de vrais moments de cinéma, à l’image de la tentation finale de notre pilote et la préparation en catastrophe pour l’audience du procès, aussi comique que cynique. Mais le sérieux du film et sa nature honnête l’emportent finalement, et à l’image de son héros, on finit par l’aimer, malgré peut être quelques longueurs. Sans doutes aurait-il gagné à prendre un peu de distance avec ce côté religieux (en insistant sur des émotions plus universelles, le contexte de l’alcoolisme s’y prêtait plutôt bien), mais le résultat mérite d’apparaître dans les films notables cette année.

 

4/6


2012
de Robert Zemeckis
avec Denzel Washington, Don Cheadle

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 10:05

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Photo obsession est un thriller relativement peu marquant du début des années 2000, dont la principale particularité est de mettre Robin Williams dans un rôle un peu désaxé qui contraste avec l’essentiel de sa filmographie, qui l’érige en optimiste infatigable et en motivateur de premier plan parfois rattrapé par la réalité. Avec Photo Obsession, il se lance dans le thriller psychologique, qui recycle intelligemment sa gentillesse naturelle en la prêtant à un personnage ambigu, qui hélas trébuche peu à peu sur son parcours…

L’histoire : Sy Parish est un développeur de photos sans histoire et sans vie affective. Dans l’ombre de sa chambre noire, il collectionne les photos d’une famille en particulier, pour laquelle il voue un véritable culte. Jusqu’à ce qu’il découvre que l’aventure qu’entretient le mari avec une femme des environs…

 

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Les bases du film sont tout simplement excellentes. A l’époque de la pellicule, quoi de plus commun que les officines proposant de développer les photos pour confectionner les fameux albums souvenirs. Pratique sur le déclin avec l’avènement du numérique, mais qui se révèle encore pleinement d’actualité pour les aficionados de la pellicule. En l’état, Photo Obsession est un film qui feint la psychopathie, cette dernière étant tout sauf spontanée. C’est même son problème d’ailleurs, car elle instaure une distance entre nous et le personnage principal, pourtant au cœur de l’intrigue, et dont les sentiments nous touchent. Mais difficile de dire pourquoi, le réalisateur voulait donner un penchant méchant à l’histoire, quitte à sauter beaucoup d’échelons dans la gradation de la violence, pour culminer face à un Robin Williams armé d’un couteau de chasse qui détruit finalement tout ce en quoi il croyait, dans une folie certes bien jouée (la performance de Williams est impeccable), mais clairement disproportionnée vue la carrure du personnage (déjà, vu son absence totale de recours à la violence, le couteau est une erreur impardonnable). Photo obsession, c’est donc une fin ratée, et quelques fautes de goûts formelles (nombreux décadrages, filtres de couleur pas très appropriés). Mais le contexte psychologique est finalement à l’égal d’un Willard, ou d’un Voyeur de Michael Powell. Beaucoup pourraient citer Hitchcock dans cette approche très psychologique du quotidien, et l’approche très tranche de vie du métier de développeur photo. Les profils des différents clients (dont les pornographes amateurs, traités avec la même bienveillance et soucis de qualité que les jeunes mariés et leurs photos de bébés braillards), la technique de développement, le souci de qualité… Sy Parish nous fait l’éloge de son travail, pour ainsi dire sa raison de vivre. Car la vie de Sy est bien vide en dehors du boulot. Employé dans un supermarché où le chiffre passe avant le soin, résident d’un appartement vide où la télé diffuse les Simpsons (connotés ici comme une parodie de la dégradation des liens familiaux), Sy n’a aucune récréation. Et comme support affectif, il a placé tous ses espoirs dans une famille banale, dont chaque rouleau de pellicule lui apporte une joie quotidienne. Les détails des fêtes d’anniversaire, les joies des voyages familiaux, le bonheur animant la maison… Chaque tirage illumine ses journées, et faisant régulièrement des copies, il collectionne dans son appartement les photos de cette famille modèle, qu’il n’a jamais pu avoir dans la vraie vie. Photo Obsession, c’est un film sur l’attachement naturel d’une personne seule à l’idéal qu’il n’aura jamais, et dont il se déclare l’observateur bienveillant, souhaitant apporter sa contribution à leur bonheur. Toutefois, le film n’approuve jamais son personnage principal (toujours cette distanciation avec l’ambiguité, alors que les sentiments sont limpides et les attentes purement affectives) dans son attachement, alors que celui-ci se révèle être purement désintéressé, et que les sentiments de Sy sont toujours mis en avant. Aussi, quand Sy découvre l’infidélité naissante (la maîtresse du père de famille apporte ses photos à développer), son univers vole en éclats, et sa détresse s’aggrave quand il est licencié pour avoir imprimé des doubles de photos par centaines. Commence alors le harcèlement moral de la mère, à laquelle il envoie les photos de l’infidélité, et qu’il commence à suivre lui-même pour guetter ses réactions. Utilisant pour seule arme un appareil photo, le film tenait jusqu’ici la route. Puis Sy s’empare d’un couteau, traque le mari juste sur le lit de l’adultère pour lui faire la morale… La distance a l’air d’atténuer la légitimité de l’attachement de Sy à la famille, mais en cherchant toujours à expliquer ses réactions, à croire qu’il ne se fait pas confiance dans l’exposition des sentiments (si on est seul, n’est-il pas normal de tout transposer sur un idéal, même banal ? Et sa disparition est-elle moins douloureuse ?). Des hésitations rageantes pour un film possédant un potentiel certain, que les erreurs limitent hélas à un simple thriller psy de modeste envergure.

 

3,6/6


2002
de Mark Romanek
avec Robin Williams, Connie Nielsen

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 09:58

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Avec Mirrormask, nous avons un magnifique exemple de ce qu’est l’inverse de Au-delà de nos rêves. C’est même en dessous d’un Imaginaerum (fresque complètement figée et anti-divertissante, mais à l’esthétique soignée malgré l’usage du numérique), car il n’y a même plus cette esthétique léchée qui faisait le charme visuel du film de Nightwish. Tout est laid, difforme, inhumain… Le parfait exemple du rêve d’enfant imaginé par un adulte incapable de trouver une atmosphère…

L’histoire : Helena, jeune jongleuse de 15 ans, travaille dans un cirque avec ses parents. Alors que sa mère est hospitalisée, la jeune fille réagit mal à la situation avec son père. Un soir, alors qu’elle se promène dans son immeuble, elle se retrouve propulser dans un monde fantasmagorique où une reine noire corrompt tout à l’aide d’une substance noire tentaculaire.

 

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Bon, le pitch est gentiment intriguant. Mais le film est inhumain, intégralement. Si quelques secondes du film font vaguement illusion (un regard de la mère sur son lit d’hôpital, un regard de tristesse d’Helena pendant que son père gâche un moment important au téléphone…), l’intégralité des sentiments des acteurs échoue à émouvoir, et donc à faire pénétrer le spectateur dans l’univers dévoilé. Les enjeux sont d’une telle insipidité, les personnages sont tellement clichés et les situations tellement convenues que Mirrormask en devient un supplice de patience. Et ce mal n’est pas nouveau, c’est le parfait exemple du trip foiré, tellement léger et mal pensé qu’il en rate absolument tout, de son esthétique à ses thématiques. Rien n’est authentique, tout sent le toc, comme si la légèreté de l’ensemble était sensée être divertissante. On passe au visuel, qui se révèle être un choc… dans le mauvais sens du terme. L’univers de mirrormask est incroyablement laid, dans son intégralité. Même Kaena, essai assez moyen de notre hexagone, le surpasse. Il y a toutefois une explication à cela : l’ensemble du budget est de 4 millions de dollars. Réussir à créer un monde fantastique pour 4 millions, faut pas s’étonner de voir des animations aussi laides et des séquences aussi gênantes devant les fonds verts. Malgré quelques décors léchés, les personnages numériques sont très laids (les singes-oiseaux…) et on n’est finalement pas très étonné du manque d’inspiration (une bibliothèque où les livres volent, waow ! Une méchante reine noire et une gentille reine blanche, merde !) de l’ensemble. Malgré l’alibi de son maigre budget, rien n’excuse la platitude de Mirrormask, jusque dans sa structure, qui s’apparente au Silent Hill tout public du pauvre. Même si Silent Hill était peu efficace en termes d’implications émotionnelle, la beauté de ses décors et de ses ambiances torturées le rendait fascinant. Avec Mirrormask, en plus d’une quête dont on se fout, on cherche donc les indices qui mènent au masque, en traversant un tas de lieux un peu sombres mais pas trop, des trucs urbains un peu rouillés, mais pas trop glauques pour ne pas effrayer les plus jeunes. Il ne ressort rien de ces ambiances, qui ne prennent tout simplement pas. On ajoute à cela un jeu d’acteur relativement peu impliqué, des visions à la limite du non sens (l’héroïne, corrompue par la reine noire, se transforme en gothique lolita avec des lentilles) et un rythme si mou (les fans du deus ex machina de Hunger games aimeront, il y en a tout le temps ici) qu’entre le sommeil et la lassitude, le sort de Mirrormask est définitivement scellé. Dave McKean a bradé son rêve pour 4 millions, ne parvenant à en tirer qu’une fresque moche et sans âme, qui ne s’attire notre indulgence que pour ses ambitions gargantuesques et le résultat obtenu par rapport au budget (l’équipe technique a indéniablement tenté de sauver le projet). Un gros gâchis…

 

1/6


2005
de Dave McKean
avec Stephanie Leonidas, Gina McKee

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 10:22

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Effets secondaires est un petit thriller réalisé par Steven Soderberg, sorti dans la discrétion cette année. Pourtant, les ingrédients qu’il se propose de mettre en scène justifiaient largement un détour dans les salles obscurs, après les cafouillages très médiatisés du médiator (et le très politiquement incorrect épisode des vaccins français pour le H1N1 mais shhh, on a déjà oublié, nous les consommateurs patriotes), et comme dans Contagion, c’était l’occasion de soulever tout un tas de lièvres concernant les firmes pharmaceutiques et la mise sur le marchés des médocs (qui sont toujours en phase de test, même quand ils sont vendus en pharmacie). Hélas, avec Soderberg, il est souvent question de rester en surface.

L’histoire : une patiente sous un traitement antidépressif moderne, fait une tentative de suicide ratée dans sa voiture. Examinée par un psychiatre, ce dernier lui prescrit un nouveau traitement expérimental. La jeune femme, dans un état second, poignarde son compagnon. Commence alors le procès chargé de déterminer la responsabilité du drame…

 

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Oui, un tel sujet est passionnant. Tellement de facteurs entrent en jeu, tellement de nuances deviennent lourdes de sens et capitales (surtout dans un procès public), que la matière abordée par Effets secondaires a tout du thriller moderne, politiquement incorrect et capable de nous immerger dans un univers passionnant. Le médicament expérimental est-il dangereux directement ? Est-ce qu’il se combine avec les médicaments déjà pris par la patiente pour avoir des effets secondaires ? Le médecin est-il responsable ? Les tests sanitaires ont-ils été concluants ? Comment les compagnies pharmaceutiques font face à ce genre de situation ? Tous ces sujets sont passionnants, et auraient permis d’ouvrir une fenêtre sur la synthèse médica(menteuse) de notre époque, fonctionnant de paire avec la chimie du pétrole, et au processus de test très strict pas toujours scrupuleusement respecté. Mais si cela est cité, hélas, Effets secondaires n’en traite pas. Il reste en surface, se contentant de montrer le quotidien de la victime (jeune femme d’une vingtaine d’année en légère dépression depuis l’emprisonnement de son compagnon) et sur celui du psychiatre la prenant en charge après sa première tentative ratée. C’est principalement à la cause de ce dernier que le film se rattache, car une fois le meurtre commis, la responsabilité du médecin traitant est toujours remise en cause. Jusqu’au début de procès, le film est plutôt bien construit (longuet, mais ce n’est pas nouveau de la part de Soderberg), et on attend le décollage avec l’acharnement médiatique et l’absence douteuse de la compagnie produisant le médicament dans les conférences de presses. Mais rapidement, le procès prend la sortie de secours avec la fameuse disculpation pour aliénation mentale, et là, tout fout le camp. Le film devient alors un petit thriller psychologique aux enjeux bien plus minimes (la carrière du psychiatre), et vire à la guéguerre d’ordonnance avec l’ancien médecin de la patiente. Bien fade de revenir à ce niveau après autant d’attentes. En l’état, Effets secondaires est un gentil thriller, bien mené et réalisé, qui passe à côté de beaucoup d’enjeux dans mettre les pieds dans le plat, ce qui se révèle sacrément moins attirant.

 

3,5/6


2013
de Steven Soderbergh
avec Rooney Mara, Channing Tatum

 

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 10:13

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Une adaptation de Kafka est quasi impossible. Son style absurde, très littéraire et fondé sur des descriptions précises dont l’absurde contraste avec la précision du style, son œuvre, très réputée, a pourtant bénéficier de plusieurs tentatives d’adaptations à l’écran (Le procès notamment, avec notamment le sympathique Anthony Perkins, Kafka de Soderbergh, lui, conserve l’ambiance en faisant un mélange à sa sauce). Le plus inadaptable de tous, La métamorphose, a été adapté en 1986, en France, et avec un budget minuscule. Pour quel résultat ?

L’histoire : un homme, comptable sans histoire, se retrouve transformé du jour au lendemain en cafard. Lui et sa famille doivent faire face à cette soudaine métamorphose.

 

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Ma chronique va déborder sur l’œuvre littéraire, car il est impossible de ne pas y faire référence. Le sujet de l’œuvre consiste en une transformation absurde, sans explication. L’ambition est de placer, comme souvent, un homme sans histoire dans un quotidien insipide, qui bascule sans prévenir dans l’absurde total. Un absurde dont le comique est vite évacué pour laisser parler la cruauté de la situation. Il est facile d’y voir des métaphores (celle du handicap est évidente, à tel point que je ne la développerai pas), mais je ne pense pas que Kafka l’ait rédigé dans cette optique. Comme le Procès n’est pas une dénonciation de la justice de son pays. Ce sont des récits purement absurdes, où Kafka, pour bouleverser le quotidien monotone qu’il s’éclate à décrire, s’impose des règles sans sens, mais qu’il respecte. Il fait ensuite simplement évoluer ces personnages en conséquence, ces derniers se pliant aux règles établies sans pouvoir les contourner. Le véritable risque de La métamorphose, c’est la créature. A quoi a-t-on droit ? Une créature caoutchouteuse à la Cronenberg ? Une grossière incrustation ? Un véritable cafard ? Non en l’occurrence, le film tente l’immersion totale en nous montrant l’essentiel de l’histoire en vue subjective, grâce à une caméra réduite que les techniciens baladent le long des murs pendant que se déroule l’action. Un parti pris plutôt audacieux, qui fait surtout très peur pendant l’introduction. En effet, on commence par filmer un dessus de lit avec des effets de caméra très laborieux, l’objectif champ large déformant l’image et laissant une partie de l’image floue. La reconstitution d’époque se révèle cheap, et la qualité de l’image, tournée sur VHS à l’époque, provoque une certaine déception. Mais une fois ces partis pris ingérés (quand même, un peu douloureux à avaler), La Métamorphose se révèle être une adaptation tout à fait correcte du texte d’origine. Se focalisant sur la dégradation progressive des relations entre Grégoire et sa famille (il n’a plus l’usage de la parole, sa condition d’insecte bouleverse en profondeur ses goûts), le film s’apparence à un suivi psychologique rigoureux, à la fois pour la victime de l’absurde, et pour ses proches qui le renient peu à peu. Récit dur, à l’issue fataliste, la conclusion est finalement à la mesure de l’absurde que cherche à illustrer Kafka, car c’est bien de folie dont il veut traiter, l’humour étant souvent accidentel. A cette image, le film se contente de retranscrire fidèlement à l’écran, façon pièce de théâtre adaptée, avec un jeu d’acteur correcte sans être transcendant. On passe à côté de performances à la zulawski, mais le résultat s’acquitte de sa mission avec les honneurs.

 

4,5/6


1983
de Jean-Daniel Verhaeghe
avec Madeleine Robinson, Julien Guiomar

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1 décembre 2013 7 01 /12 /décembre /2013 10:06

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Vu l’aura de chef d’œuvre d’un monument comme Solarys de Tarkovsky (chef d’œuvre intouchable qui s’annonce aussi… profond que 2001 sans le budget), en proposer un remake relevait du quasi suicide. Relevant sa casquette, le cinéaste Soderbergh relève pourtant le défit en 2002, en se lançant dans un remake produit par Cameron avec un casting sobre mais fonctionnel (Clooney, McElhone pour le couple de tête). Un projet mal-aimé dans la carrière du réalisateur, sans doute exagéré malgré sa mise en scène lénifiante.

L’histoire : le psychothérapeute Chris Kelvin est contacté par la station spatiale basée en orbite autour de Solaris, afin de convaincre les astronautes qui y sont stationnés de revenir à la base, sur Terre. En se rendant sur place, Chris découvre qu’un étrange phénomène a complètement perturbé les astronautes, en provoquant la mort de certains.

 

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Solaris est un film de science fiction chiant. Clair et net. Pour la courte durée de 1h30, le film paraît en durer 3, comme si le réalisateur dilatait le temps et voulait s’attarder au maximum auprès de la planète Solaris. Il jette très vite les bases de son héros, le mandate via un énigmatique message et des gardes armés chargés de l’escorter, et moins de 10 minutes après le début du film, nous sommes déjà devant l’impressionnante séquence d’accostage de la navette sur la station spatiale, parés pour commencer l’aventure. Une aventure somme toute humaine, qui s’éloigne radicalement des spectacles pop corn à la Event Horizon et autres Supernova mal famé pour donner dans l’effusion sentimentale pure. La planète Solaris provoque une incroyable mélancolie, car il semble qu’elle ramène à la vie les êtres que l’on a aimé et qui ont péris. Ainsi, chaque astronaute a développé une façon de réagir en face des retrouvailles avec ces morts ressuscités à l’identique, mais qui semble façonnés uniquement à partir des souvenirs des astronautes (pour être plus clairs, ce n’est pas leur personnalité reproduite à l’identique, mais la personnalité tel que l’astronaute la comprenait). Solaris, c’est en quelque sorte Sphere à échelle réduite, débarrassé de l’horreur pour n’en garder que le potentiel émotif. Les maux dont traite Solaris sont complètement affectifs, et passent surtout par l’intermédiaire de flash back (apparaissant au fur et à mesure que les proches recréés vivent, des souvenirs affluent). Un bon bain de psychologie dont, puisqu’il s’agit de SF minimaliste où les astronautes voient un proche qu’ils ont aimé revenir, mais dont le comportement et les actions changent peu à peu au fur et à mesure que la situation évolue (ils n’ont pas conscience qu’ils ont été morts, ne savent pas comment ils ont été recréés, ils apparaissent simplement avec le lien affectif qui les retenait avec l’être cher). Dans un tel climat, on comprend pourquoi le film est chiant, vu qu’il s’agit de personnages qui n’arrêtent pas de parler, et dont les enjeux sont purement relationnels et affectifs. Pas de monde à sauver, pas de menace sourde (du moins, pas tant que les émotions sont contrôlées), simplement un phénomène fantastique qui ébranle à la fois les recréés et les astronautes. Un autre bon point : le visuel. Solaris est peut être un des plus beaux films de Soderbergh, doté d’une photographie magnifique et d’une esthétique futuriste minimaliste vraiment séduisante (sur grand écran, même si on s’ennuie, c’est un bonheur de tous les instants). Le budget a été très correctement utilisé (les séquences spatiales sont léchées, les décors de station tout à fait opérationnels), et en tant que film de SF, Solaris se place à l’égale des grands dans le visuel. Hélas, le rythme complètement plat et la présence de certaines séquences purement esthétiques ralentissant encore davantage le débit rendent Solaris pesant à regarder, avec une grande envie de conclusion au cours de la dernière demi heure. Triste de voir un potentiel pareil réduit par un rythme aussi mou, mais c’est un parti pris, visant à communiquer au spectateur la langueur éprouvée par ces explorateurs de l’espace oscillant entre nostalgie et dépression. Un petit essai intéressant donc, volontiers emmerdant, mais d’une sacré beauté, sur tous ses aspects…

 

4/6


2002
de Steven Soderbergh
avec George Clooney, Natascha McElhone

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26 novembre 2013 2 26 /11 /novembre /2013 07:19

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Avec Le roi des ronces, le spectateur ne sait clairement pas à quoi s’attendre. Film d’animation sorti en 2011 dans l’anonymat, l’affiche ne paye pas de mine (se fendant en plus d’une tag line assez peu inspirée : « Dans ce futur dévasté, personne ne vous entend crier ! » merci Alien !), et le pitch se révèle juste ultra excitant. Mais est-ce là la perle rare ? Nous nous contenterons de dire que le film commence très bien est finit assez mal.

L’histoire : dans un futur proche, un virus apparu subitement pétrifie ses victimes, sans chance de survie ni de remède. Une compagnie médicale ayant récemment mise au point un processus de cryogénisation sélectionne une centaine d’individus contaminés, pour être endormis le temps de trouver un remède. Après un laps de temps indéterminé, ils se réveillent dans un complexe dévasté, où de nombreux monstres s’attaquent à eux.

 

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Avouez que c’est stimulant. En fait, dire que Le roi des ronces commence comme un vrai bijou n’est pas exagéré. Le traitement de l’épidémie de Médusa (épidémie provoquant la pétrification des cellules humaines) est réaliste, et la description de sa propagation n’a rien à envier aux films de zombie. La peur est réelle, les réactions gouvernementales logiques et le portait de chaos général complètement convaincant. Les explications fournies autour de cette campagne de cryogénisation se tiennent, et on accepte facilement la comparaison très « japonaise » avec La belle aux bois dormants, histoire de bien jouer la carte de la métaphore inutile, mais appropriée. Le contexte est vraiment bien planté, les objectifs sont clairs, l’animation est plutôt soignée… Un sans faute pour l’instant. Puis commence le film à proprement parler, avec le réveil brutal des différents patients. Sans assistance, presque réveillé par accident, sans réponse de l’intelligence artificielle sensée assurer leur survie, les voilà qui errent dans le hall de stockage, livrés à eux même, avant la première attaque de monstres. Autant dire que cette dernière est d’une violence inattendue, n’hésitant pas à faire gicler l’hémoglobine, et à zigouiller la quasi intégralité des survivants d’une seule traite. Si le spectateur n’a pas la pression avec ça… Le roi des ronces vire brutalement sur le survival horror, où les survivants sont à la fois menacés par des monstres badass, la progression de leur maladie et les tensions internes du petit groupe qui en a réchappé. Parti comme ça, on est bien immergé dans l’histoire et prêt à en découdre. Mais hélas, c’est à partir de ce moment que le film se casse la gueule. Si les monstres font des blessures gores, leur design n’est pas toujours réussi, et surtout, quand le film explique leur origine, le spectateur n’y croit plus du tout. Plutôt que de se limiter à un contexte de survie, Le roi des ronces s’aventure dans un domaine complètement à part, à savoir la matérialisation des rêves. Avec le bon vieux coup de l’intelligence artificielle qui cache quelqu’un derrière elle. Malgré quelques séquences d’action appréciables et quelques ambiances sympathiques (les couloirs remplis de ronces), le Roi des Ronces se révèle être un film assez mineur, doté d’une bonne animation et d’excellentes idées de départ, hélas, gâchées par un retournement de milieu de film très maladroit.

 

2,8/6


2009
de Kazuyoshi Katayama

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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