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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 20:14

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Interdit aux moins de 18 ans !

ATTENTION, CETTE CHRONIQUE CONTIENT DES PHOTOS EXPLICITES.

 

Nouveau film extrême aujourd’hui avec Subconscious cruelty. Sorti en 1999 et malgré ses récompenses dans plusieurs festivals, le film reste en grande partie ignoré du public amateur de sensation forte, au grand dam de ceux qui l’ont vu et qui n’ont de cesse de louer ses qualités. Film coup de poing de Karim Hussain qui a sué sang et eau pour le réaliser (tournage étalé sur 5 ans, avec des anecdotes aussi truculentes que la confiscation d’une partie du film par les douanes canadiennes ou encore quand une partie de l’équipe de tournage, révoltée par la violence des scènes, prit le film en otage), le résultat n’est rien de moins qu’un des OFNI les plus ébouriffant que j’ai pu voir dans ma culture cinéphile, un phénomène monstrueux et pour le coup vraiment puissant dans sa poésie trash.

L’histoire : l’hémisphère gauche du cerveau humain, siège des pulsions et des passions, tente de supplanter l’hémisphère droit, siège de la raison et du jugement.

 

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Maelstrom d’idées, de pensées, de style, Subconscious cruelty est avant tout un véritable plaisir cinéphile. Outre le dépaysement total que le film impose (quatre segments aux esthétiques complètement différentes, mais entretenant de nombreux liens), il est un vrai plaisir sensoriel. Malgré la violence des images, ce film est beau, tout le temps. Il n’y a pas un plans qui soit laid (à moins d’un désir particulier du réal, essentiellement dans la 3ème partie qui aborde la pornographie frontalement), l’ensemble du film bénéficie d’un soin notable dans l’image comme dans la bande son, taillée pour susciter l’évasion, l’absorption au cœur de Subconscious Cruelty. Le premier segment, exploration monstrueusement aboutie des pulsions morbides d’un premier personnage (entrant en résonnance avec de nombreuses questions sur la nature humaine que se posent les fans de trash), utilise donc de façon inattendue une esthétique très giallo, citant volontiers Suspiria et Inferno, et parvenant très bien à exploiter ce style malgré un budget qu’on devine limité. Le second segment, qui lui se rapproche nettement de la nature, donne plutôt dans le paysage, usant d’un psychédélisme presque hippie (que les nombreux symboles sexuels viennent provoquer le contraste). Le troisième, axé sur la pornographie, donne clairement dans le punk un peu plus expérimental. Enfin, le dernier segment, de loin le plus sulfureux (viol du christ par 3 succubes), bénéficie d’un mélange de style très cru, usant volontiers du montage psychédélique pour attiser la folie qui est déjà dans la scène. Personnellement, cette dernière partie me semble un peu longue, et l’aura blasphématoire de l’ensemble, malgré d’excellentes idées (le seul blasphème vraiment « intelligent » est de faire manger au Christ son propre corps, mise en abîme intéressante avec le culte catho), me semble un peu gratuites (certes, on détruit la religion comme base morale, mais pourquoi les succubes violent-elles les intestins du Christ ?). Bref, comme c’est résumé brièvement, mes lecteurs sauront que ce film est un peu olé olé, et qu’il n’est donc pas recommandé à tout le monde. Mais la richesse thématique de l’ensemble est infinie. La sexualité est évidemment prédominante dans l’ensemble du film, puisqu’on revient toujours vers elle, que ce soit en termes d’objectifs (l’acte le plus barbare dans le premier segment, la pornographie dans le troisième) ou symboliquement (les deux autres). La redondance de la matrice sexuelle féminine, quasi omni présente dans le film (dans le second, un trou boueux dans le sol devient vite une métaphore vaginale de la Nature) aborde énormément d’angoisses que les hommes éprouvent en face des femmes (notamment avec la menstruation, toujours gorrissimes (amusant de voir qu’il est l’un des rares à aborder frontalement le sujet, comme l’excellent Anatomie de l’Enfer)), expérimente sur la signification du viol, cherche des significations au plus profond de l’inconscient du spectateur… Rarement un film aura autant suggéré des interrogations au spectateur, laissant ce dernier en face de son inconscient et de ce à quoi il a déjà pu réfléchir sur la noirceur humaine. Si le premier segment est particulièrement subversif, le troisième l’est aussi beaucoup, dans sa représentation crue de l’onanisme et de l’addiction à la pornographie. Conclu par une scène choc qui devrait faire grimacer tout le public masculin, c’est clairement l’un des temps forts du film. En termes de codes de couleurs, le rouge est utilisé au cours de quelques séquences anatomiques pour l’hémisphère gauche alors que le vert semble plutôt réservé à l’hémisphère droit. Mais ce ne sont là que des détails parmi tant d’autres qui forment Subconscious Cruelty, qui n’a pas volé sa réputation de chef d’œuvre underground. Un chef d’œuvre qui parvient à rendre poétique une main gluante de sperme qui joue avec une ampoule électrique. A ranger aux côtés de Der Todesking dans la catégorie des films précieux…

 

5/6

 

1999
de Karim Hussain

 

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1 mars 2013 5 01 /03 /mars /2013 20:03

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The ABC’s of death nous est annoncé comme le véritable retour du film à sketch sur les écrans. Sans révolutionner le concept, il faut dire que c’est probablement l’un des projets les plus ambitieux du genre, puisqu’il s’attelle à la tâche avec pas moins de 26 réalisateurs différents, qui ont quartier libre pour ainsi dire. Le résultat, hautement bancal, s’attirera donc toujours les faveurs du public, puisqu’il est impossible de ne pas détester complètement ce film, qui brasse tellement d’idées qu’il en devient fascinant.

L’histoire : ABCDEFG…HIJKL…

 

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Dogfight, coup de poing dans la face

 

Impossible de résumer le film en entier, on se contentera toujours de son concept. Impossible de résumer 26 histoires qui n’ont rien en commun l’une avec l’autre, si ce n’est l’ouverture et la fermeture (partant du rouge sang avec apparition du titre). Dès les premières critiques, on savait donc que le bon côtoyait le mauvais sans distinction, et qu’il ne restait donc pour repère au spectateur que ses goûts pour explorer le film. Car l’analyse est inutile sur ce film (elle est d’ailleurs très hasardeuse, puisqu’aucun lien n’apparaît entre les différentes histoires, et que leur brièveté ne permet pas vraiment de faire de longues dissertations sur les intentions du réalisateur). On se contente donc d’aimer les segments et d’en détester d’autres. Dans le lot, on peut donc distinguer les bijoux (Monstrueux XXL (de Xavier Gens, sorte de Family portrait grotesque qui vire clairement sur l’excès), hypnotique Orgasm ( des réalisateurs d’Amer, le style giallo est là, plus sensuel que jamais), éblouissant Dogfight (d’un réal que je ne connais pas, mais qui fait ici un excellent travail d’ambiance avec un film quasi intégralement au ralenti, fantastique)), les sympathiques (surprenant Libido (magnifiquement glauque), ambitieux Vagitus (de la SF fonctionnelle, hélas trop courte), intéressant Speed (Grindhouse sous acide), glauque Removed (de Spasojevic, réal du surestimé A serbian film, qui livre un film incompréhensible mais avec une sympathique ambiance médicale), et le reste. Dans le reste, il y a les trucs gentils mais peu marquant (Youngbuck, Hydro electricity diffusion…), les trucs chiants (Exterminate, Bigfoot, Circle…) et les merdes (Gravity, la vague japoniaise…). Je ne m’attendais d’ailleurs pas à cette recrudescence de la vague des V vidéos, mais leur présence ici n’est finalement pas surprenante vu le petit buzz dont ils ont bénéficié les précédentes années. Cela dit, une fois qu’on s’est lassé de ce « pétage de câble » qui n’invente plus rien depuis et se contente de se recycler, on peut se lasser très rapidement du spectacle. The ABC’s of death est donc un gigantesque pot pourri de réalisateurs notables dans le domaine de l’horreur, qui s’apprécie gentiment. Personnellement, une fois le dvd acheté, je pense faire une version abrégée de l’alphabet (probablement dans les 12 lettres) histoire de ne revoir que ceux qui en valent vraiment la peine. Mais en l’état, un film attachant…

 

4/6


2012
de Bruno Forzani, Hélène Cattet, Kaare Andrews, Angela Bettis, Adrián García Bogliano
avec Ingrid Bolso Berdal, Erik Aude

 

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Libido, trip glauque particulièrement malsain...

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 17:11

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La part des anges est une comédie indépendante anglaise sortie l'an dernier avec une certaine discrétion. Un film britich typique, comportant sa composition de caractères improbables, son petit message social et le ton léger généralement de rigueur. Un essai de Ken Loach plutôt intéressant, puisqu'il foire son principal objectif, mais qu'il parvient à être sympathique auprès du spectateur...

L'histoire : un groupe de personnes condamnées à des travaux d'intérêts généraux sont initiés par leur gardien à la dégustation du Whiskey. Cette discipline particulière les amène à explorer le milieu, jusqu'à ce qu'ils entendent parler d'un fût remarquable allant être bientôt vendu aux enchères.

 

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La part des anges est en soit une bonne surprise, parce que c'est une comédie ratée. Rien, absolument aucun gag n'est drôle dans ce film (si ce n'est une seule séquence peut être), c'est d'un sérieux abyssal. Mais si cette comédie rate le coche, elle réussit sur tous les autres tableaux (et c'est là que ça devient intéressant, puisque c'est ce qui manque cruellement à notre cinéma français boursouflé de comédies aussi prétentieuses que futiles). Le contexte social (les condamnés aux travaux d'intérêt public) aborde tout un pan de la justice quotidienne qui est rarement sous le feu des projecteurs (la petite délinquance, les petits accrochages de quartier...), et il y trouve une force et une fraîcheur qui donnent dans l'inédit, et qui donc intéresse. Pareil pour ce qui est de la découverte du monde du Whiskey, le film s'attaquant au sujet avec déférence à son sujet, utilisant du vocabulaire adéquat et se fendant d'une bonne introduction dans ce monde de l'alcool. Pareil dans l'enjeu principal (à savoir le braquage d'un fût dont la liqueur est estimée sans prix), qui s'attaque avec astuce à son sujet, plutôt doué pour transposer les enjeux habituels des films de gangster dans le monde des spiritueux. Le parcours de nos personnages, atypique, se révèle donc dépaysant comme il le faut, suffisamment en tout cas pour attendre le happy end de rigueur (enfin, à quelques imprévus près). Enfin, et c'est là le principal atout du film : son personnage principal. Il s'agit d'un ancien voyou, récemment maqué avec une fille de riche qui attend un enfant de lui. Menacé par la famille de cette dernière et par plusieurs autres jeunes adultes de son quartier, pouvant être incarcéré à la moindre incartade, le film trouve là son contexte social le plus vibrant. Celui d'un ancien junkie qui tente de quitter les squats pour offrir une vie décente à sa toute jeune famille, et qui lutte contre vents et marées, à savoir l'hostilité des proches de sa compagnes et ses erreurs du passé. Pas mal de découragements et de coups durs qui vont davantage pencher le film vers le drame que vers la comédie, et qui pour le coup développent assez finement les enjeux (alors que, dans le contexte des quartiers défavorisés, beaucoup de films prônent l'auto-défense, La part des anges, par la menace constante du retour de bâton de la Justice, rend la tâche plus hardue, plus dure en somme. D'ailleurs, le constat qu'il fait sur les victimes d'agression est brutal, la victime reste bloquée sur sa douleur, et rien ne peut réparer les séquelles. Il n'y a que la fuite en avant en somme. D'une sincérité qui fait mouche, jamais embarrassé de lourdeurs de dialogues ou de comique déplacé, la part des anges est une excellente comédie ratée, avec des personnages attachants et une certaine chaleur humaine. Le côté immoral du braquage est d'ailleurs finement contourné, dans la mesure où le produit est vendu visiblement à un amateur qui a quand même un whiskey qu'il apprécie au final (amusant comme, dès que c'est mis sous les projecteurs, le tout-venant devient exceptionnel...). Bref, un film très recommandable.

 

3,6/6


2012
de Ken Loach
avec Paul Brannigan, John Henshaw

 

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 17:05

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Insensibles est un petit film fantastique dont on n’a pas fait grand cas ces derniers temps, malgré une plutôt bonne réputation. Tenant plusieurs bonnes idées dans son intrigue, le résultat est un peu en demi teinte, choisissant régulièrement des chemins inattendus, sans réellement parvenir à transcender le potentiel de l’entreprise. En découle un résultat en demi teinte, attachant sans être particulièrement passionnant.

L’histoire : dans les années 30, plusieurs enfants d’un même village sont atteint d’une maladie génétique qui inhibe leur sensation de douleur ainsi que leurs sécrétions lacrymales. Ils sont placés en quarantaines dans un asile psychiatrique. De nos jours, un médecin condamné par un cancer de moelle osseuse tente de retrouver ses parents génétiques…

 

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Le film se divise donc en deux histoires : d’un côté, une quête des origines qui va immanquablement rejoindre le second côté : le parcours des enfants insensibles. Toutefois, si le découpage des deux histoires est intelligent (ces dernières s’entrecoupent assez bien), l’histoire de la quête identitaire est clairement barbante. Si le personnage du docteur est un peu épaissi par les séquences avec son fils, fœtus de 6 mois en couveuse électrique (accouché en urgence après la mort de sa mère dans un accident de voiture), ses airs blasés et sa quête identitaire passionnent moyennement, même quand on arrive au climax le plus important avant le dénouement (sans rien spoiler, disons que c’est un drame familial intense, mais complètement cliché ici). On est clairement plus intéressé par le sort des gamins, très bien introduits dans une ouverture réussie, qui pose le concept avec assurance et efficacité (une gamine insensible à la douleur des brûlures immole sa sœur non malade). On suit donc leur détention, bientôt suivie de l’arrivée d’un médecin allemand (et juif) ayant fui l’Allemagne avec la montée du nazisme. Il commence alors à tenter d’éduquer les enfants à prendre conscience de la douleur des autres et à agir en conséquence. Des idées intéressantes, et comme on s’en doute, l’arrivée de la guerre civile puis de la dictature va précipiter tout ça dans la cruauté et le désespoir. Clairement, voir le déchirement de certains protagonistes émeut, et c’est ce qui rend le film attirant tout du long. C’est évidemment le personnage de Berkano qui fascine, ce dernier étant un gosse cédant peu à peu à une folie meurtrière et possédant un destin particulièrement glauque. Le problème du film, c’est que sur une douzaine de gosses, on ne s’intéressera qu’à… deux d’entre eux. Tous les autres sont des figurants inutiles qui sont là juste pour montrer que ce ne sont pas des cas isolés. Un tel gâchis de matériau, ça énerve (rappelez vous de films comme Sa majesté des mouches ou L’échine du diable, qui eux osaient donner des personnalités différentes à tous les protagonistes), tant il y avait matière à partir sur des variations de caractères en face de l’absence de douleur… Mais non, le film ne s’intéresse vraiment qu’à deux enfants seulement. Après, heureusement, Berkano se révèle nettement plus intéressant que ses camarades (pas dur) et joue un rôle intéressant pendant la période franquiste. Insensibles réussit quand même à faire une jolie fin, retrouvant la puissance de l’introduction dans la chaleur des flammes. Si les derniers mots de notre médecin sont un peu trop pompeuses, le face à face final est là, concluant gentiment sur cette histoire. Bon film mais pas irréprochable, Insensibles est un cru intéressant comme prévu, mais qui ne marquera définitivement pas l’histoire.

 

4/6


2012
de Juan Carlos Medina
avec Alex Brendemühl, Tomas Lemarquis

 

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26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 16:57

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Cloud Atlas marque le retour en grandes pompes des frères Wachowski au genre qui a fait leur gloire : la Science fiction. Glorifiés par la trilogie Matrix qui perd en qualité à chaque épisode (Quasi chef d’œuvre / actionner barré / navet à effets spéciaux), ils se sont égarés dans quelques projets annexes (le médiocre Speedracer et l’ultra surestimé V pour Vendetta) avant de s’atteler à Cloud Atlas, belle montagne d’ambition. Casting complexe réutilisant de grands acteurs pour au moins 4 rôles chacun, des périodes de temps allant du XVIème siècle au XXIIème, une narration éclatée et moins d’effets spéciaux tape à l’œil (aucun bullet time), les qualificatifs ne manquent pas pour nous promettre le paradis… Hélas, comme V pour Vendetta le laissait apercevoir, les Watchowski ont une vision du monde peu satisfaisante sur bien des points, et cela se remarque à nouveau ici.

L’histoire : La réincarnation existe, l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement, qu’elle se déroule du temps des esclaves ou dans le futur proche. Sans le savoir, nous suivons des personnes qui, sans se connaître, se sont déjà connus ou rencontrés…

 

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Pour aborder la montagne Cloud Atlas (près de 3 heures, au moins 5 récits qui s’entrecoupent continuellement, des acteurs qu’il faut reconnaître ou retrouver (Tom Hank est le plus facile à repérer avec Hugo Weaving)…), il faut s’organiser un minimum, voire revoir le film plusieurs fois pour le maîtriser intégralement. Pour ce qui est de la fameuse transe métaphysico-théologique chère aux Wachowski, elle revient ici dans l’évocation de la réincarnation, directe vers la fin, sinon visible pendant tous le film (quand on finit par reconnaître les acteurs dans différents rôles, on commence à se douter de quelque chose, et quand ils commencent à insister pour dire qu’ils sont déjà venus dans certains lieux ou ont déjà entendu certaines musiques, le doute n’est plus permis). Une intention intéressante quand on commence à se pencher sur le cas de chaque acteur, qui interprète son personnage dans des bases comparables, mais dans des contextes et des époques différentes. Tom Hank est celui qui saute aux yeux, incarnant au moins deux méchants dans le passé et un méchant « dompté » par sa vie de famille, qui suit son instinct pour mieux le contrarier in fine. Une composition intéressante, mais qui s’arrête là, hélas. D’ailleurs, c’est bien en cela que Cloud Atlas déçoit. Au-delà de l’illustration de la réincarnation, que reste-t-il ? Des destins individuels, lourdement sacralisés selon les circonstances (petit esclavagiste devenant étendard  de la liberté, petit vieux prenant sa revanche sur un monde effrayant, petite clone qui devient représentative de l’humanité artificielle, petit chasseur qui devient sauveur d’une humanité en voie d’extinction), qui revendiquent d’être des pionniers parce qu’il en faut pour faire bouger le monde, bousculer l’ordre établi, avancer en somme. La leçon de vie est polie, convenue, d’un démagogisme tout à fait impersonnel, et faite pour qu’on apprécie. Quel dommage que plusieurs personnages se sentent obligé de revendiquer quelque chose, histoire de se rassurer de n’avoir pas rien fait dans sa vie.

    Cloud Atlas, c’est en quelque sorte Magnolia, sans les performances d’acteurs ni les personnalités attachantes. Les personnages sont ici lisses, sans particularités, facilement transposables, et surtout, chacun couvre avec son histoire quelque chose de cher aux scénaristes. Les deux meilleures histoires sont probablement celles avec Tom Hanks et Halle Berry dans le futur, et celle avec le petit esclavagiste qui s’attache au sort d’un esclave pendant une traversée en bateau (mis à part la fin, d’une prétention libertaire aussi anachronique qu’irritante).

    Celle de l’éditeur tentant de s’échapper de la maison de retraite est d’un ennui poli, avec son humour pompeux mais de bon aloi (nos retraités se la jouent grande évasion) et sa conclusion mielleuse, faisant patienter plus qu’elle n’apporte à l’édifice.

    Vient ensuite la journaliste (Halle Berry) qui s’attache à révéler un complot d’industriel pétrolier visant à faire exploser une centrale nucléaire. On voit très bien où veulent en venir les Wachowski, la téméraire journaliste qui, de par sa ténacité et sa soif de vérité, fait éclater le scandale en sauvant sa vie et en gravant son nom dans l’histoire du journalisme. C’est tout, il n’y a rien à ajouter, et ici, ce n’est même pas drôle en comparaison de l’évasion de notre vieil éditeur. Toutefois, pas de revendications. Même si c’est bassement de l’exploitation de la théorie de complot, ça garde une certaine sobriété.

    Sobriété qui est complètement éclatée avec la partie dans le futur, probablement la plus mauvaise. En effet, les Wachowski ont vu Soleil vert, et ils décident de nous le ressortir pour l’occasion, mais à moindre échelle. Si cette partie s’ouvrait d’une façon intéressante en traitant du statut de clone capable de penser et subissant des humiliations de clients peu respectueux, la quête libertaire ne cesse de gagner en lourdeur avec les minutes qui passent. Ainsi, le segment commence exactement comme un The island (dont il repompe pratiquement toutes les idées mythologiques (la loterie, l’isolement du monde extérieur…) avant de partir vers le combat contre la société à la V pour Vendetta. Parce que l’objetisation des clones n’est pas tolérable, m’voyez ? Enfonçant les portes ouvertes (« Ils nous traitent comme des choses, ce n’est pas bien. » dit la clone en pleurant, aussi devons nous pleurer nous aussi et adhérer à sa lutte pour la liberté), le film nous implique dans un combat déjà connu, dont l’issue est idéologiquement tracée (il faut considérer les clones comme des humains). Seulement, le film combat une société qu’il a lui-même créé, et qu’il se complaît à déshumaniser. C’est bien beau de combattre, mais si on combat une société aussi peu réaliste, où est l’intérêt ? J’ai peine à croire que fabriquer un clone coûte peu cher au point de le transformer en bidoche à peine quelques temps après sa fabrication. Ce recyclage humain est une farce, pour donner une lutte à nos personnage, quelque chose à faire pour s’occuper. Le héros masculin de cette partie est l’archétype du héros tel qu’il doit être pour être idôlatré, à savoir qu’il lutte, mais qu’il ne veut pas donner le coup de grâce. Il faut que ce soit « l’innocence » qui le fasse, l’être pur (donc notre clone ingénue). Et depuis, il attend. Ah, il est au courant que ses semblables se font décarcasser tous les jours, mais il attend d’avoir l’innocent pour faire les choses bien. Ah un moment, il meurt, mais non en fait, il revient sans la moindre explication. Quant à l’innocente en question… Elle est bien gentille, mignonne, et sexy quand elle s’envoie en l’air, mais il y a des moments où se taire est la meilleure option. Pendant la lutte finale, il faut qu’elle déblatère une philosophie de comptoir sur une musique new age (du genre « Les actes, qu’ils soient bons ou mauvais, influencent l’histoire. » Oui, en effet.) pour montrer qu’elle est devenue porte étendard de la cause, et qu’elle ira jusqu’au sacrifice car quand on défend un truc, faut pas être timide (n’est-ce pas, Matrix Revolution). Le sacrifice est ce qui permet au message de subsister (point commun de l’œuvre Wachowski, dans matrix revolution et V pour vendetta). C’est en effet le cas, mais quand ce sacrifice est spectaculaire, tourné vers le monde, mis en scène en quelque sorte. Au cinéma, ça marche, mais les victimes d’une dictature sont rarement dans la lumière des projecteurs (tout au plus laisseront ils des regrets aux gardiens, trop tard de toute façon...).

    Je termine enfin par l’histoire de Frobisher, qui m’a le plus laissé indécis. Voyez-vous, depuis V pour Vendetta et sa consécration outrancière des homosexuels (sérieusement, le film les consacre en en faisant des martyrs modernes alors que la dictature qui les extermine n’a aucun intérêt à le faire, si ce n’est de devenir des néo nazis sans optique raciale), on sait que les Wachowski veulent faire des invertis des martyrs modernes. La peinture ici est subtile, mais ce qu'il en reste est pour le moins confus. Déjà, le principal personnage homo du film (Robert Frobisher) n’est pas vraiment homo, il est bi, et ses dissertations complètes sur ses sentiments se superposent à son appétit sexuel. Il s’envoit donc en l’air avec une juive de passage, et c’est beau, parce que c’est une rencontre (il écrit ça à son amant, qui doit lire ça chez lui et qui doit surement prendre la nouvelle avec jubilation). Et puis, en pleine soirée, voilà que notre homo se met à caresser son compositeur fétiche, un vieux de 80 balais… Mais c’est beau on vous dit, c’est ses sentiments homosexuels qui s’expriment… Quand on est incapable de dominer son désir sexuel, on a au moins la décence de ne pas faire passer ça pour du sentiment. Mais le personnage superpose les deux, provoquant le malaise pendant une courte scène, heureusement désamorcée par le vieux qui se met à rire, et qui du coup devient un gros méchant (parce qu’il a rit des avances que l’homo lui faisait, il devient un salopard d’enfoiré). Et histoire d’enfoncer le clou, le personnage se suicide, parce qu’il faut donner des airs de tragédie à cette histoire et consacrer le gay (ici, c'est plutôt justifié par le fait que pour que le morceau vive, il doit abandonner sa réputation éclaboussée par son homosexualité, et ainsi avoir accompli l'oeuvre de sa vie). Ce qui en fait le personnage le plus détestable de tout le film (qui porte d’ailleurs le nom du morceau de musique qu’il a écrit). Non content de faire souffrir son amant de la pire des façons (il lui écrit sans arrêt en repoussant toujours les retrouvailles), il se flingue en lui donnant une petite leçon sur le suicide, comme quoi ça demande du courage, que ce n’est pas un acte de lâcheté. Si, c’est un acte de faiblesse, mais ça réclame une petite dose de volonté (que certains humains n’ont pas). Et se suicider ainsi, en laissant son amant plein d’espoir complètement désemparé, c’est… comment dire… en dessous de tout. Espérons qu’il ne se réincarnera plus, celui là…

    Cloud Atlas, malgré le dézinguage que je viens de lui faire subir, reste un blockbuster intriguant à découvrir, et intéressant dans son foisonnement d’idées. Toutefois, il se révèle être une déception, ne parvenant jamais à susciter plus qu’un modeste intérêt, et au pire un agacement redondant.

 

2/6


2012
de Lana Wachowski, Tom Tykwer, Andy Wachowski
avec Tom Hanks, Halle Berry

 

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 14:26

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Bon, en exclusivité aujourd’hui, révélation sur les goûts de l’administrateur de ce blog. « Hum Hum… Il est possible que j’ai des goûts… qui tendent un peu vers le nanar. » Voilà, c’est dit, et ça me permet d’avouer maintenant sans honte avoir pris un pied monstrueux devant Broken Lizard’s Club Dread. Un nanar volontaire de la trempe d’un Burger Kill, mais avec cette générosité et ce goût pour la débilité assumée qui font le sel des productions nanardes ayant compris ce qui est bon. Abruti jusqu’à l’os, BLCD est  un plaisir coupable de tous les instants.

L’histoire : sur une île paradisiaque destinée à accueillir des touristes pour s’amuser, picoler et s’envoyer en l’air, les moniteurs découvrent qu’un tueur psychopathe commence à les assassiner un par un.

 

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Seigneur, protégez nous de la médiocrité ! Car se vautrer dedans est si tentant… En 5 minutes, le film a réussi à me convaincre (mais j’étais déjà convaincu par son affiche, tellement débile que j’ai cassé ma tirelire sans réfléchir (pour 3 euros, négligeant d’acheter une baguette de pain pour mon sandwich)). C’est donc le ventre vide que j’ai regardé ce film, mais je peux vous assurer qu’il remplit bien les yeux. Déjà, il s’ouvre sur une scène dans la forêt, avec un couple en maillot de bain qui discute sur quel serait le meilleur endroit pour baiser. En plein milieu d’un cimetière. Si on n’est pas dans l’ambiance avec ça ! Arrive alors une autre fille bikini qui commence à leur proposer une partouse. Yeah ! Nos tourtereaux profane alors un mausolée pour s’y mettre à l’aise, lorsqu’un tueur à la machette les occis brutalement. Bienvenue au club Dread, vous ne serez pas déçu du voyage. Si BLCD n’a rien à envier au pire opus des American Pie, c’est essentiellement son second degré totalement assumé et sa culture de la débilité lourdeaude qui le rendent immédiatement sympathique. Clairement, on tient là une alternative à Piranha 3D dans le domaine du nanar d’horreur estival, mais avec beaucoup de budget en moins… Toutefois, vu que le QI de l’humanité présente sur l’île n’excède pas les 60, on se tape un trip régressif qui détend immédiatement le cerveau, le tout sans le côté prétentieux des divertissements bassement populaires (comprendre : personne ne regarde ce film, alors, on peut se croire plus intelligent que tout le monde en étant le seul à regarder (parce que les gens sont cons, vous voyez, mais pas vous, car vous êtes en train de me lire, du coup ça va, vous êtes intelligent)). Des personnages crétins, il y en a à la pelle dans BLCD, à commencer par tous les animateurs, qui affichent des déviances plus ou moins revendiquées. Entre un maître nageur zoophile (« On vivait dans une ferme… Y avait pas d’gonzesse, vous voyez ? »), un DJ camé jusqu’aux yeux (« Quand tu auras fini avec elle, tu m’appelles ? ») et Bill Paxton en hippie millionnaire (il semble vraiment s’éclater sur ce tournage, qu’on imagine très agréable vu le cadre idyllique dans lequel nos acteurs évoluent), le film en a à revendre et ne se prive pas pour faire exploser les quotas de nanardise. Le nanar volontaire se sent tout de suite dans les mises à morts, fréquemment absurdes, mais dont les maquillages gores sont toujours soignés. Un exemple d’entre mille : une monitrice commence à fuir l’assassin dans une voiturette de golf… avant de se faire dépasser par l’assassin qui marche à côté du véhicule. C’est con, hein ? Et bien, BLCD l’ose, et il ose aussi beaucoup d’autres trucs. Autant vous dire que la fin est d’une absurdité totale, avec un boogeyman qui refuse de mourir et qui nous fait au moins 5 retours foireux. Mais vraiment, on le tue, mais il revient ! Si le milieu est un peu monotone dans son respect des règles du sacro-saint slasher, on s’amuse bien devant ce nanar assumé, à réserver bien évidemment à un public réceptif à ce genre de spectacle généreux et mieux réalisé que la moyenne. Une très attachante merde, en somme…

 

0/6, mais un 15/20 nanar


2003
de Jay Chandrasekhar
avec Jay Chandrasekhar, Bill Paxton

 

http://cps-static.rovicorp.com/2/Open/20th%20Century%20Fox/Club%20Dread/_derived_jpg_q90_600x800_m0/(1)54822_16_11.jpg?partner=allmovie_soap

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 14:22

http://crychill.com/wp-content/uploads/2012/05/Men-In-Black-3-poster.jpg

 

Après un Men in black 1 très marquant (culte) et un second opus médiocrement troussé, voir un Men in Black 3 pointer le bout du nez déclenchait une relative surprise. Un film qu’on n’attendait pas, tout comme Johnny English 2 en quelque sorte. Mais là où notre agent anglais se prenait les pieds dans le tapis avec l’une des comédies les moins drôles de 2011, Men in Black 3 parvient à emporter le morceau, renouant intelligemment avec l’atmosphère du matériau d’origine et un humour de bonne tenue.

L’histoire : Boris l’animal, dernier représentant d’une race extra terrestre belliqueuse, parvient à s’échapper d’un pénitencier lunaire. Il décide prendre sa revanche sur l’agent K en faisant un saut en arrière dans le temps…

 

http://jirikuu.com/wp-content/uploads/2012/05/20120531_meninblack3_01.jpg

 

On est immédiatement rassuré par l’introduction, qui retrouve avec un certain panache le climat de comédie folle du premier film, trouvant un bon équilibre entre effets spéciaux et clichés comiques (les gardiens du pénitencier, parfaits exemples de clichés immédiatement attachants). Men in Black se rend ainsi plutôt attachant dès le départ en retrouvant nos personnages tels qu’on les avait laissé, dans cet esprit de chamaillerie bon enfant. S’ensuit la scène des funérailles de Zed qui marque un peu les limites en termes d’humour (le speech de K est drôle, mais pas celui de la nouvelle présidente, prévisible et trop brutal). Heureusement, le passage dans le restaurant chinois rassure à nouveau, la folie est toujours capable de ressurgir pendant le récit. C’est à partir de là qu’on entre vraiment dans l’esprit de ce nouvel opus, qui plutôt que de chercher à élargir son univers, va plutôt nous faire voyager dans le temps et nous faire revenir dans les sixties d’Austin Powers. Yeah baby ! Le script joue la carte du décalage d’époque pour se payer un petit coup de lifting avec Josh Brolin, qui se révèle plutôt à la hauteur de l’emploi. Il reprend bien le flambeau de Tommy Lee Jones, et se révèle finalement aussi efficace dans les gentilles scènes d’action que dans le comique sobre. En tant que divertissement, le film s’assume plutôt bien, trouvant dans la légèreté de ton de son récit (la terre est quand même envahie si ça foire, mais on prend le temps de rigoler) une certaine fougue qui tracte le spectateur jusqu’à la fin. Malheureusement, l’humour est un peu la faiblesse de ce nouvel opus, qui s’embarrasse par moments de gags un peu lourds, ou de personnages agaçants (l’arcanien notamment, qui passe son temps à faire des scénarios sur l’avenir possible du monde, montré comme imprévisible. Bon concept, mais exécution pataude, ce dernier devenant un running gag prise de tête redondant). Au final, Men in Black III n’est pas une très bonne surprise, mais il sauve les meubles en divertissant ce qu’il faut pour être enthousiaste. Le personnage du méchant est probablement la plus grande réussite du film, son design étonnamment ressemblant à la nouvelle version de The Thing et ses quelques gags réussis le rendant assez charismatique pour qu’on s’attache à ses projets. Blockbuster correct et nettement préférable au second Men in black.

 

3,2/6


2012
de Barry Sonnenfeld
avec Will Smith, Tommy Lee Jones

 

http://1.bp.blogspot.com/-tpU9tvgFTsQ/T8yZ-kcLzvI/AAAAAAAAB8U/aOGamiG9MBk/s1600/tommy-lee-jones-in-men-in-black-3_500x332.jpg

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23 février 2013 6 23 /02 /février /2013 14:14

http://images.fan-de-cinema.com/affiches/comedie/arrete_ou_ma_mere_va_tirer,1.jpg

 

On le sait, les années nanardes 90 n’ont pas été de tout repos pour les stars d’action comme Schwarzenegger et plus particulièrement Stallone. Les gros projets d’action se faisant rares, la diversification vers la comédie a été une option qu’ils ont chacun tenté d’emprunter. Résultat : on peut aujourd’hui se délecter de nanars de compet, comme le monstrueusement mou Assassins, ou encore l’incroyablement lourd Arrête, ou ma mère va tirer.

L’histoire : Maman, te mêle pas d’ça !

 

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Véritable merveille de nanar d’humour où l’humour en question descend à un tel degré qu’on en reste ébahi, Arrête ou ma mère va tirer a toujours été un fantasme cinématographique inavoué pour moi, qui désirait le voir depuis le primaire. Mais comme personne n’a de mauvais goût dans mon entourage, j’ai dû patienter jusqu’à cette année. Au passage, je remercie le blogueur Xellross, grâce à qui je dois la découverte de ce bel objet. Ce qu’il y a de génial avec Arrête, ou ma mère va tirer, c’est qu’il annihile en quelques minutes l’image de dur que Stallone a réussi à se façonner en plusieurs films. Rocky, Rambo, leurs suites, Haute Sécurité… Autant de films qui glorifie l’acteur en question en montrant qu’il peut faire preuve de force et d’endurance, immédiatement décapé par cette comédie nanarde au tandem absolument pas crédible une seule seconde : la vieille mère armée d’un Magnum et le fiston penaud avec un Taurus. Autant dire que Stallone saute à pieds joints dans le plat en se fendant du rôle du fiston devant se coltiner sa mère, comme vous et moi en somme. Sauf que la mère de Stallone, c’est la vôtre puissance 1000. Envahissante au possible, se mêlant du quotidien de fifils comme de sa vie privée, la mère ne semble vivre que pour étouffer le gamin. En tout cas dans la première moitié. Cette première moitié est d’ailleurs la plus drôle, notamment avec la scène de suicide nanarde où la réputation de Stallone vole en éclat, et la seconde lors d’une intrusion onirique tellement humiliante que le cinéma semble l’avoir volontairement oublié pour s’attacher à la renaissance de Stallone avec Rocky Balboa. Mais nous, on n’oublie pas. Quand on a vu Stallone en couche, impossible de ne pas rire quand on le voit faire le dur aujourd’hui. La seconde moitié est d’une stupidité profonde (puisque la mamie aide son fiston à démanteler un réseau de trafic d’armes), mais elle est aussi d’un ennui abyssal. On ne se souviendra que de la mamie tirant enfin avec le revolver de la bande annonce, et de la morale sur la famille, avisée. En gros, maman, t’es chiante, mais je t’aime avec mon gros cœur tout mou ! Si ce n’est pas un bon fils, ça ! Véritable désastre culturel qui ruine une réputation à lui tout seul, mais qui sauve les meubles au box office (environ 800 000 entrées en France), Arrête ou ma mère va tirer fait partie de ces films qui vous apportent de l’exotisme dans une dvdthèque, rompant l’ennui par une dose de nanar des plus copieuses. Un must-seen, cela va sans dire.

 

0/6, mais un 13/20 naveteux des plus savoureux !


1992
de Roger Spottiswoode
avec Sylvester Stallone, Estelle Getty

 

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 08:03

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Citadel est un film qui s’est fait remarqué dans plusieurs festivals, bénéficiant d’un petit buzz qui augure une sortie DTV dans les formes. Rien de bien surprenant pour cette petite production, de qualitée, qui choisit de composer un étrange canevas entre fantastique et lutte pour survivre dans une cité mal famée. Un petit prétexte pour laisser éclater sa rage et suivre le combat d’une victime, qui laisse enfin peu à peu éclater la colère qui l’habite.

L’histoire : Tommy voit sa petite amie enceinte se faire agresser dans sa tour HLM. Les médecins réussissent à sauver l’enfant, mais sa mère reste dans le coma. Alors qu’il tente de quitter sa cité, les agresseurs commencent à s’intéresser à sa fille.

 

http://moviebuzzers.com/wp-content/uploads/2012/10/citadel-movie-still.jpg

 

Tel que le film se ressent, il s’agit d’un revenge movie un peu vénère (pour son final essentiellement) qui se donne le petit alibi du fantastique pour laisser éclater sa rage. En effet, un peu à la manière de Heartless qui filmait des gangs comme des goules assoiffées de sang, les méchants sont ici des humanoïdes à taille d’enfants. Une façon comme une autre de parler de la délinquance juvénile dans les quartiers mal famés, et de planter le contexte de violence aveugle, ces derniers s’en prenant aux victimes potentielles qui passent à leur portée. C’est d’ailleurs le discours « psychologique » promu par le film : les personnes qui ressemblent à des victimes ont mathématiquement plus de chances de se faire attaquer à nouveau, et le statut de victime n’est qu’un poids, un handicap. C’est d’ailleurs l’intérêt du personnage principal. Présenté comme une victime d’office, ce dernier se retrouve à charge d’un bébé à peine né, et doit jongler entre son travail en ville et sa vie dans la cité, qui le terrifie de plus en plus. Vivre dans la peur au quotidien, c’est le climat que plante le film pendant sa première heure, et c’est essentiellement ce qui fait le contexte social de Citadel. Constat minimaliste mais réaliste, qui parvient assez bien à rendre la menace omniprésente dans ces lieux impersonnels d’habitation. Les rares explosions de violence sont suffisamment traumatisantes pour faire pression sur notre victime de service, mais quand le bébé rentre enfin dans l’équation, la réponse nerveuse arrive enfin, nous ouvrant un dernier acte plutôt costaud en termes de réponse au problème. Niveau ambiance, le film se concentre sur l’insalubrité des lieux et le grand nombre d’angles morts propices à une embuscade, entretenant ainsi la paranoïa latente de notre personnage. Vu la modestie du budget, on peut comprendre ce choix. Relativement peu d’effets spéciaux, quelques maquillages, les ambitions sont modestes et largement atteintes, ce qui est plutôt un bon point pour cette petite production. Mine de rien, le statut de victime en puissance de notre héros est bien contrebalancé par son statut de nouveau père complètement tiraillé par ses obligations et la dégradation de son lieu de vie, qui trouve de véritables échos de nos jours. Bon, après, on ne tient pas là le film de l’année. C’est une petite production fonctionnelle, aux ambitions valides et portée par des acteurs qui s’impliquent bien.

 

4.2/6

 

2012
de Ciaran Foy
avec Aneurin Barnard, James Cosmo

 

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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 07:54

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David Koepp est un scénariste réalisateur pour qui j’ai de la sympathie. Auteur du génial Hypnose et ayant fait un travail gentillet sur Indiana Jones 4, le bonhomme a quelques bons points, mais s’est hélas compromis dans quelques navets. Avec Premium rush, il tenait un petit sujet, mais vu le casting (l’étoile montante Gordon Lewitt…), l’exercice aurait pu être sympathique. Raté, on est dans la veine des navets j’me la pète type 11 : 14.

L’histoire : le délit de fuite, j’en fais un art de vivre !

 

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"Dégage, pédé d'automobiliste !"

 

Vraiment, le film commence d’une façon insupportable en érigeant son héros comme un irresponsable notoire qui roule à fond dans les rues sans freins ( ??) et sans jamais ralentir, parce qu’il n’en a pas envie. Et je dis bien parce qu’il n’en a pas envie, vu qu’il cause des accidents par dizaines et qu’il ne prend jamais la peine de s’arrêter. Mais c’est un héros. Le film, qui voit les évènements depuis le point de vue des cyclistes, jette la pierre aux automobilistes. Mais en fait, avec du recul, il en fait des abrutis mongoloïdes phénoménaux, ce qu’il y a de pire dans le cliché américain. Je suis cycliste donc j’ai raison (parce que tout le monde me déteste), alors si tu me fais une queue de poisson, je t’éclate le rétro viseur avec mon antivol parce que tu es un salopard d’automobiliste. Et on doit se taper des personnages comme ça pendant tout le film, vu que ce sont des héros. C’est insupportable. Et ça s’aggrave nettement quand le film commence à vouloir justifier la conduite complètement irresponsable de nos cyclistes par un message social. En effet, nos cyclistes portent des plis de façon discrète dans la ville (c’est d’ailleurs curieux qu’ils ne transportent pas plutôt des colis, si vous voyez ce que je veux dire, mais non, ils sont moraux ces cyclistes !). Et là, notre tête de bite de héros a en main un papier donnant accès à toutes les économies d’une chinoise qui a économisé pour faire venir son gamin de chine. C’est-il pas mignon ? Pour faire venir le gamin (légalement ? Vu que la chinoise s’adresse à la mafia chinoise locale, on en doute), il faut remettre la somme d’argent à bon port. Mais voilà, un flic est sur le coup et veut le pognon pour régler ses dettes de jeux. Et les héros sont tellement casse couilles et donneurs de leçons qu’on finit par aimer ce flic pourri, surtout quand il torture cette tapette de cycliste, agaçant jusqu’au bout des ongles dans son mépris crâneur de l’autorité. Et parce qu’il est investi d’une mission sociale, il grille les feux, provoque des accidents, mais c’est pour permettre au petit chinois de venir ! Vraiment, quand on a rien à dire, on évite d’en faire un film. Mais David Koepp tente de camoufler le vide de son scénario derrière un écrin branché qui rend le produit prétentieux, à un point assez irritant… S’encombrant d’une structure en flash back totalement accessoire et inutile (c’est le côté 11 : 14, mais c’était justifiable dans ce dernier), et surtout d’un visuel pompé sur google map pour les déplacements d’un anachronisme qui vieillit immédiatement le film (il a pris des rides en à peine quelques mois…), c’est un summum de prétention qui lorgne vers les films gadgets comme il en sort tant de nos jours (avec des procédés visuels à la Limitless) alors qu’il n’a strictement rien à avancer. Vous rendez-vous compte que pendant 1h30, le flic poursuit un vélo sans jamais réussir à le coincer (ou pas plus de 10 minutes alors) ? Néant à tous les niveaux, Premium rush est un navet chiant qui ne vaut même pas le prix du plastique…

 

-1/6

 

2012
de David Koepp
avec Joseph Gordon-Levitt, Michael Shannon

 

http://www.linternaute.com/cinema/image_cache/objdbfilm/image/540/62744.jpg

"Pour la Chine, je suis prêt à prendre tous les risques !"

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  • Je suis étudiant en Oenologie, j'ai 25 ans et je m'intéresse depuis quelques années au cinéma (sous toutes ses formes, y compris les plus tordues). Bienvenue sur le blog d'un cinéphage exotique.
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